jeudi 22 avril 2010

Pâques 3 Jeudi – Philippe, diacre - Ac 8, 26-40 - Ps 65 - Jn 6, 44-51

Comme l’indique la dernière phrase de la lecture d’aujourd’hui, Philippe, le diacre que nous avons rencontré hier en Samarie, habite Césarée Maritime. St Paul, lors de sa dernière montée à Jérusalem, profitera de son hospitalité : « Nous nous rendîmes de Tyr… à Césarée. Descendus chez Philippe l'évangéliste, qui était un des Sept, nous demeurâmes chez lui. Il avait quatre filles vierges qui prophétisaient. »   (Ac 21,7-9).

Quatre filles prophétesses !!! Bigre ! Je me dis (malicieusement) que ça ne devait pas être drôle tous les jours ! Aussi, on trouve Philippe beaucoup plus sur les chemins que dans son foyer familial. Peut-être se distrayait-il de l’ambiance familiale en prenant souvent la route ! En tous les cas, il inaugure ainsi  l’apostolat en auto-stop ! Il devrait être le patron des auto-stoppeurs !

Le voilà donc d’après notre lecture descendant de Jérusalem en direction de Gaza : un nouvel élargissement se produit donc dans la prédication de la “Bonne Nouvelle“. Et il rencontre le fonctionnaire de la reine Candace d’Ethiopie qui n’est pas seulement un étranger, mais aussi un eunuque.

Il faut se rappeler ici un texte d’Isaïe qui dit que, normalement, l’étranger et l’eunuque sont étrangers au peuple de Dieu. L’étranger, parce qu’il n’a pas de racines dans le peuple élu, l’eunuque parce qu’il n’a pas d’avenir dans le peuple élu. Isaïe les rassemble dans un passage que St Luc a certainement en tête lorsqu’il écrit : « Que le fils de l'étranger, qui s'est attaché au Seigneur, ne dise pas : " Sûrement Dieu va m'exclure de son peuple !".  Que l'eunuque ne dise pas : "Voici, je suis un arbre sec". Car ainsi parle le Seigneur aux eunuques, fermement attachés à mon alliance : Je leur donnerai dans ma maison … un monument et un nom meilleurs que des fils et des filles …. Quant aux fils d'étrangers, attachés à Dieu pour le servir, …,, je les mènerai à ma sainte montagne, je les comblerai de joie dans ma maison de prière. Car ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuples. » (Is 56,3-7).

Et ainsi le fonctionnaire, attaché au Seigneur, ne perdait pas son temps sur la route. Assis dans son char, il lisait le prophète Isaïe. Et Philippe entend !  Car lire la Bible tout bas pour la comprendre, ce n’est pas normal ! Il faut que le corps - les lèvres du moins - se mettent de la partie. Le P. Marcel Jousse (sarthois) parlait de la “manducation de la Parole de Dieu !“.  Il faut, au minimum, que la Parole de Dieu se murmure : “Heureux ceux qui murmurent la Parole de Dieu !“, dit le psaume 1er.

Philippe, poussé par l’Esprit se rapproche en courant et il entend l’eunuque qui lit tout haut. - “Comprends-tu ce que tu lis ?“.  - “Comment le pourrais-je si personne ne me guide ?“. L’eunuque n’est pas ce qu’on appellerait aujourd’hui un « fondamentaliste » !

Le texte qu’il lisait fait partie des chapitres consacrés par Isaïe au “Serviteur“, ce texte que nous lisons le vendredi saint :  « Maltraité, il s'humiliait, il n'ouvrait pas la bouche, comme l'agneau qui se laisse mener à l'abattoir … ... ». (Is 53,7-8).

Philippe nous donne alors un modèle de catéchèse baptismale : “à partir de ce passage de l’Ecriture, il lui annonça la Bonne Nouvelle de Jésus“. Un modèle de lecture chrétienne de la Bible. Etant chrétien, il faut faire une lecture chrétienne de la Bible à la lumière de Celui qui accomplit les Ecritures. C’est ainsi que les Apôtres ont relu toute la Bible. A la lumière de la Résurrection de Jésus, ils se sont rappelé tout ce qu’ils avaient vécu avec lui et en ont pénétré toute la signification. Ensuite, relisant toutes les Ecritures, ils ont découvert que tout convergeait vers cet Evénement qui accomplit les Ecritures, comme l’accord final dans une symphonie, annonçant, préparant, préfigurant même mystérieusement ce qui se passerait à l’époque des accomplissements… Puisse le Seigneur nous donner cette même faculté !

Les formalités préparatoires au baptême étaient, au temps de Philippe, moins compliquées que de nos jours. Il s’arrête avec l’Eunuque  au premier point d’eau. C’était un lieu saint à l’époque byzantine. On le situait sur la route d’Hébron ; c’était à une époque où les pèlerins attachaient de l’importance aux lieux saints de l’Ancien Testament qu’ils connaissaient aussi bien que ceux du Nouveau, alors qu’ils n’avaient pas encore la “Bible de poche“ !

Philippe disparaît comme il est apparu… On le signale à Azoth, retournant à Césarée où il retrouve sa famille et ses quatre filles… !

L’évangile d’aujourd’hui est tiré du discours sur le Pain de vie, que Jésus prononça dans la synagogue de Capharnaüm après la multiplication des pains. Il faut se nourrir de la “Volonté de Dieu“, de ce qui “sort de la bouche de Dieu“, comme on se nourrit de pain. Mais cette nourriture donne une vie qui n’est plus soumise à la mort : “« Je suis le pain vivant, descendu du ciel.  Qui mangera de ce pain vivra à jamais.  Et même, le pain que je donnerai, c'est ma chair pour la vie du monde !» "  (Jn 6,51).

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