mardi 13 avril 2010

Pâques 2 Mardi - Retour vers Dieu et vie apostolique ! - Ac 4,32-37 - Ps 92 - Jn 3, 7-15

La première semaine de Pâques nous rappelait surtout la puissance de la prédication de l’Evangile. Rien ne peut empêcher la propagation de la “Bonne Nouvelle“ de la Résurrection. Et à la lumière fulgurante de cet événement, le plus important de l’histoire du monde, nous sommes appelés à relire toutes les Ecritures comme le Christ nous apprend à le faire sur la route d’Emmaüs ; et ce dans toute communauté chrétienne où Lui-même rend sa Présence réelle par la fraction du Pain.

La seconde semaine s’ouvre (lecture) sur les effets qu’opèrent sur les croyants l’accueil de cette prédication, effets qui pourraient avoir sur le monde une puissance de transformation extraordinaire… Le monde est toujours, comme au temps de la vocation d’Abraham, notre père dans la foi, une tour de Babel qui se désintéresse du Créateur et prétend s’élever jusqu’au ciel par la seule force orgueilleuse de ses pauvres moyens humains. Or, en fait, le monde retourne ainsi  à la multiplicité désordonnée du chaos primitif. Les hommes ne s’entendent plus…

Aussi, la résurrection du Christ se présente comme la réalisation des promesses faites à Abraham. Les croyants reprennent la route vers le Créateur. Par le fait même, se recrée la convergence des énergies dans l’harmonie. Et voilà qu’apparaît dans le monde, toujours en proie à la désagrégation, une communauté où règne l’amour dans un élan d’action de grâces, l’élan eucharistique.

Ainsi, St Luc nous donne aujourd’hui un tableau idyllique de cette première communauté de croyants qui adhèrent par la foi à la prédication des apôtres et font naître dans le monde une attirance, une séduction plus forte encore que celle opérée par l’intrépide prédication des Apôtres.

Ce tableau idyllique n’est pas à considérer comme une réalisation appartenant au passé et vers laquelle on se retourne avec nostalgie, mais comme un idéal à poursuivre inlassablement selon la grande loi biblique de la mémoire, qui est une faculté de l’avenir et non du passé. On ne se retourne, autrement dit vers le passé que pour mieux reprendre son élan vers l’avenir. C’est cela “faire mémoire“ !

« Les commencements, » a écrit Jean Guitton, « sont toujours riches de signification, contenant en germes ce qui va se développer par la suite…. C’est en effet un des caractères de la conduite de Dieu sur l’histoire de ramasser en de certains moments critiques ou en de certains êtres privilégiés, ce qui doit par la suite, se développer longuement, se déployer et s’expliciter. Ainsi l’homme inquiet, asservi à l’écoulement du temps, peut jouir de ce qui n’est pas encore » (La Vierge Marie p. 220).

Faut-il rappeler que, dans le langage traditionnel, l’expression « vie apostolique » désigne moins la prédication de la Bonne Nouvelle que le mode de vie qu’adoptent normalement les croyants qui accueillent  cet Evangile et la mettent en pratique, provoquant ainsi dans le monde comme une Epiphanie (une manifestation) du mystère trinitaire où chaque Personne divine n’existe que comme relation subsistante envers l’autre. Et dire que nos pauvres relations humaines, ici-bas, doivent, au jour éternel, s’intégrer, par don de l’Amour divin, dans ces Relations d’amour que sont les Personnes divines entre elles ! ! !

L’Eglise tout entière est appelée à cette vie apostolique.  Aussi, les fautes contre l’Unité doivent être les premières à effacer quand nous venons présenter notre offrande devant Dieu. Et cette vie apostolique est celle qu’ont choisi d’essayer de vivre, dans l’absolu, ceux qui ont fait les vœux religieux. (C’est dans cette pensée qu’il faut comprendre la “consécration religieuse“).

Aussi, la liturgie d’aujourd’hui est un rappel de l’harmonie qui doit régner entre nous dans la bienveillance, l’accueil, la charité inventive et la joie, le souci de l’autre.

Dans l’Evangile, le reproche que Jésus fait à Nicodème est terrible, ce reproche qui pourrait parfois s’adresser à nous principalement, les prêtres du Seigneur : « tu es maître en Israël et tu ignores ces choses » ! Je ne reviens pas sur ce que nous avons déjà médité hier sur la progression, dans l’Histoire Sainte, d’une prise de conscience de la nécessité d’une nouvelle alliance dont parlaient les plus grands prophètes (Jérémie, Ezéchiel, Isaïe), de cette nouvelle alliance qui est rien moins qu’une nouvelle création.« Dieu, crée en moi un cœur pur, restaure en ma poitrine un esprit ferme !». (Ps 51,12).

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