mardi 14 avril 2009

Le silence de Marie - Mère de Jésus - Pâques - Mardi

Lors de la résurrection de Jésus, l’évangile ne dit rien de Marie, Mère de Jésus ! Elle est en silence ! Non pas étrangère à ce mystère, mais en silence ! C’est à l’intelligence que la parole s’adresse ; c’est à l’âme que Dieu veut communiquer son Amour. Or l'amour, lui, peut se nourrir de silences qui en disent plus que la parole. Oui, l’amour réclame souvent le silence.

Or, c’est le mystère de Pâques qui révèle le plus l’Amour de Dieu. Marie le reçoit donc en silence. Plus Marie reçoit l'amour de Dieu, plus elle entre dans le silence d’une vie intérieure qui la distrait des circonstances extérieures. La vie intérieure échappe à l'histoire ; elle ne se réalise qu’en Dieu ! Et ce n'est que par une vie intérieure, même imparfaite ici-bas, que nous pouvons approcher des mystères de Dieu. Avec Marie, dans le silence d’une vie intérieure, sachons percevoir les mystères de Dieu.

Constatons cette vérité par opposition. St Jean écrit : Marie de Magdala, elle, se rend de bonne heure au tombeau. Elle s’active pour honorer Celui qu'elle aime, préparant des aromates pour son corps. Son ardeur d’amour la presse de revenir au sépulcre. En route, une seule préoccupation : qui enlèvera la grosse pierre qui mure le sépulcre. Arrivée, elle voit cette pierre roulée et le sépulcre vide. Effrayée, elle pense tout de suite à un vol. Elle court alors trouver Simon-Pierre et Jean : “On a enlevé le Seigneur !”.

Avec eux, elle retourne au tombeau. Les disciples font le même constat et repartent. Marie de Magdala, elle, demeure tout en pleurs, cherchant son disparu. Désespérée, sanglotant, elle se penche à nouveau vers le tombeau et voit deux anges : “Femme, pourquoi pleures-tu ?“ – “On a enlevé mon Seigneur !”. Sa douleur est si forte que l’apparition lui semble insignifiante, si extraordinaire soit-elle. Ce ne sont pas des anges qu'elle cherche, c'est son Seigneur. “Disant cela, elle se retourne”. Et Jésus est là.

Il est là sous les apparences d'un jardinier : “Femme, qui cherches-tu ?” - “Seigneur, si tu l'as pris, dis-moi où tu l'as mis”. - “Marie !”, dit Jésus. Alors elle le reconnaît : “Rabbouni“, “Mon Maître !”. - “Ne me tiens pas ainsi, dit Jésus, car je ne suis pas encore monté vers le Père…, mon Père et votre Père”. C'est en prononçant son nom que Jésus se révèle à elle. Mais, aussitôt, il s'écarte, ne veut pas être touché.

“Ne me touche pas !“. Jésus veut purifier, vivifier sa vie de foi, d'espérance, d'amour. En effet, à cause de sa douleur très humaine, elle n'a quitté le sépulcre qu'à contrecœur à cause du sabbat, impatiente d’y revenir. N’ayant pas trouvé le repos d’une union intérieure avec Jésus, elle s’adonne à des activités belles, bonnes, pour embaumer le corps de son Seigneur ! Mais activités qui étouffent en elle les exigences d’une union profonde avec le Ressuscité. En réalité, elle cherche Jésus là où déjà Il n'est plus !

Cependant Jésus aime Marie de Magdala ; à cause de la générosité de son amour, il lui fait le don de sa première apparition. Mais c’est pour lui inspirer une véritable union avec lui en lui dévoilant le mystère de sa nouvelle présence, celle d’un Ressuscité ; il la “corrige” par certaines épreuves !

D’abord, elle trouve le sépulcre vide. Quelle terrible épreuve !

Même l’apparition des anges est pour elle une autre épreuve ; leur aimable question semble même l'énerver. Quand on recherche une personne aimée, rencontrer d’autres personnes irrite parfois et blesse.

Enfin, la présence même du Christ est une troisième épreuve. Il est présent et elle ne Le reconnaît pas ! Quelle humiliation ! … Marie de Magdala est proche de Jésus, mais son amour ne dépasse pas les apparences. Jésus l’appelle alors par son nom : “Marie !”. Il réveille en elle l’idéal d’une union profonde pour qu'elle comprenne alors qui il est vraiment.

Ainsi, Jésus lui fait comprendre qu'Il attend d'elle un nouvel amour, plus pur, plus divin. Elle ne peut plus Le toucher comme autrefois. Elle doit Le chercher dorénavant auprès de Dieu “son Père et notre Père”. C’est auprès de Lui qu'Il demeure. C'est donc dans une foi toute divine qu'il faut Le rejoindre, rejoindre sa divinité, et aussi son humanité, son corps qui doit devenir pour tous objet d’une vie intérieure, d’union avec Dieu.

Marie, la Mère de Jésus, elle, vit immédiatement de ce mystère pascal. Par sa foi, son espérance, sa charité, elle n’a jamais quitté la présence divine de Jésus, jusque dans le silence de la mort. Dès la Résurrection, Marie vit en silence de ce mystère d'amour triomphant. Elle vit, dès cette terre, de l'éternité, du grand mystère de l'amour de Dieu. Elle comprend : le cœur de son Fils a bien été mortellement blessé par la lance du centurion, mais Dieu se sert de cette blessure pour que son amour divin resplendisse à nouveau avec une splendeur nouvelle, en son cœur et en tout son corps. Si le premier battement du cœur de l’Enfant de Bethléem fut certainement pour Dieu, son Père et pour Marie, sa Mère, il était normal que le premier mouvement du cœur de Jésus glorifié leur fût encore réservé. Jésus rendait à sa Mère au centuple ce qu'Il avait reçu d'elle. Une intimité divine !

Ce mystère, Marie le vit dans sa foi qui n’a nul besoin de signe extérieur. Elle est en silence. Ce silence enseigne que Marie est toute centrée en sa vie d’union au Christ glorieux, comme si elle-même ressuscitait déjà avec Lui et n'était plus de ce monde. St Paul nous dit : “vous êtes ressuscités avec le Christ ; recherchez les choses d'en-haut, là où se trouve le Christ ! ”. Ne recherchant plus que “les choses d'en-haut”, là où est le Ressuscité, Marie vit dans un silence total, absolu, comme n'étant plus de ce monde. Jean dut respecter ce silence sans le comprendre toujours.

Ce mystère de la Résurrection épanouit encore l’espérance de Marie dans un élan d'être auprès du Père grâce à son Fils, avec Lui. Marie n’a plus qu’un désir : vivre auprès du Père. Elle est toute tendue vers ce jour où elle pourra dire, elle aussi : “Père me voici !” Et c’est dans le silence des choses de la terre qu’elle attend ce jour béni.

Enfin, le mystère de la Résurrection illumine la charité de Marie. Plus que jamais la vie de Marie est une vie d’union à Dieu. Jésus lui est beaucoup plus donné encore qu'à Noël, car la Résurrection est un don nouveau de l’amour de Dieu par le cœur glorifié de son Fils. Il y a là, pour le cœur de Marie, une présence plus divine, plus intime de Jésus. Et cette intensité d’amour ne se vit que dans le silence.

Voilà la paix divine que goûtait Marie dans le silence, en cette nuit pascale, alors que Marie de Magdala guettait le petit jour pour se précipiter vers le sépulcre vide et que Jean et les autres disciples demeuraient désemparés. Seule, Marie veillait dans le silence, un silence rempli d’une union avec son Fils, Dieu fait homme par elle, et désormais dans la gloire du Père. Qu’elle soit pour nous tous une aide et un exemple à suivre, nous qui cheminons vers Dieu-Père, le Père de toute miséricorde.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Commentaire qui pourrait completer le votre en tapant:
marie madeleine et jesus de jean yves leloup.
cet auteur est un ancien moine dominicain de la ste Baume et aujourd hui theologien conferencier orthodoxe