mardi 28 avril 2009

Dédicace de la Cathédrale - Pâques 3 – Mardi

S’il y a une habitude dans toutes les civilisations, c’est bien celle de consacrer certains lieux pour en faire des “lieux sacrés”, des lieux de prières, de communion avec Dieu !

A Jérusalem, le roi Salomon avait ainsi élevé un temple, unique lieu où l’on venait adorer Dieu. – A l’époque de Jésus, le temple était un édifice tout neuf, rutilant de pierres taillées, de marbres polychromes, de merveilleuses décorations.

Notre Seigneur lui-même avait en vénération ce temple de Jérusalem ! Il y était venu souvent.

Et surtout, c’est là près du temple qui symbolisait l’Alliance entre Dieu et l’homme, qu’il devait accomplir son sacrifice suprême, son mystère pascal par lequel l’homme allait être parfaitement réconcilié avec son Créateur… Aussi avait-il déclaré : “Il n’est pas possible qu’un prophète périsse hors de Jérusalem”, loin du temple, symbole de l’Alliance !

Pour Jésus, le temple est un lieu sacré, lieu de communion avec Dieu, d’où doit être banni toute entreprise trop humaine. Ainsi s’explique son intervention sévère rapportée par l’évangile, intervention inspirée par un zèle réformateur qu’avait annoncé le prophète Malachie : “Et soudain, il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez… Il le purifiera. Alors, l’offrande de Jérusalem sera agréée de Dieu”.

Cette intervention du Christ était d’ailleurs dans la ligne des prophètes. Ainsi, après l’exil, avec la reconstruction du temple, symbole de l’alliance avec Dieu, on s’était vite aperçu que la véritable reconstruction du temple ne pouvait aller sans une reconstruction du peuple des croyants. C’est le peuple qui devait être lui-même Présence de Dieu auprès de toutes les autres nations. C’était déjà la notion d’Eglise Universelle qui s’élaborait. Tant la foi est, certes individuelle, mais aussi communautaire !

Aussi, quand St Jean ajoute après l’intervention du Christ au temple: “Mais lui parlait du temple de son Corps”, nous pouvons comprendre :
  • Le vrai sanctuaire, c’est désormais le Corps du Christ. C’est l’humanité du Christ qui est le lieu de la présence et de la manifestation de Dieu au milieu des hommes. Jésus est le véritable Temple qui vient remplacer l’ancien. Le temple de pierres n’est utile et nécessaire qu’en fonction de ce temple du cœur de l’homme habité par l’Esprit de Dieu. Et ce temple fut inauguré dans l’humanité du Christ.
  • Mais le Corps du Christ ne sera le vrai sanctuaire qu’en passant par la mort et la résurrection : “Détruisez - je relèverai”. L’unique vrai sanctuaire est le Corps du Christ en son mystère pascal,
  • Ce mystère que rappelle toute Eucharistie célébrée en nos églises et qui manifeste l’union possible et si profonde entre Dieu et l’homme,
  • Ce mystère qui réalise à la fois
    • le désir de Dieu : “Il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez…”,
    • et l’amoureuse adhésion de l’homme envers Dieu manifesté par le Christ : “Voici que je viens pour faire ta volonté”.
  • Enfin, le Temple, c’est le Christ, mais le Christ “total”. Le temple, c’est tout le peuple issu du Christ. Autant une maison sans occupants est un non-sens, autant l’église est impensable sans le Christ. Et le Christ est tout aussi impensable sans l’Eglise Universelle qui est son Corps !

St Paul insistera : “N’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous !” - “Vous avez été intégrés dans la construction qui a pour fondation les apôtres et les prophètes, et Jésus Christ lui-même comme pierre maîtresse… Vous avez été intégrés dans la construction pour devenir une demeure de Dieu par l’Esprit” (Eph. 2/20).

Alors comment être dans ce temple de Dieu, comment être ce temple de Dieu ?
  • D’abord en chassant le plus possible - comme le Christ l’a fait à Jérusalem - de nos églises, certes, mais surtout du temple de notre cœur tout ce qui n’est pas conforme à sa fonction, tout ce qui peut offenser Dieu tout ce qui n’est pas image de Dieu en nous !
  • En nous offrant en sacrifice : notre vie doit être marquée du mystère pascal depuis notre baptême ; elle doit être, à l’exemple du Christ, un passage de la mort à la vie. Etre pour Dieu et être pour ses frères et non pour nous-mêmes suppose un renoncement qui ne peut être vécu que dans le mystère pascal !
  • en bâtissant le Corps du Christ qu’est l’Eglise
  • personnellement par notre union au Christ, pierre maîtresse du Temple.
  • communautairement, en étant uni, non seulement par la pensée, mais par toute notre vie de charité et de dévouement à tous nos frères.

C’est le caractère essentiel de l’Eucharistie qui nous unit au Christ, qui nous unit en lui à tous nos frères, qui fait de nous tous un Corps vivant.

Pour cela aimons notre église de pierre, notre cathédrale, notre église paroissiale où demeure constamment le Seigneur grâce à sa présence réelle dans l’Eucharistie. Y pensons-nous ? – Et prenant conscience de plus en plus de tout cela, Et nous pourrons, à la fin de notre construction ici-bas, nous écrier comme St Jean : “J’ai vu la Cité sainte, la Jérusalem nouvelle…”. Nous entendrons une voix puissante : “Voici la demeure de Dieu avec les hommes”.

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