vendredi 10 avril 2009

Le silence de Jésus - Vendredi Saint

Dans le récit de la passion du Christ, il y a des paroles :
  • de Pierre, (de reniement)…
  • de Pilate, (bienveillantes, mais de lâche)…
  • de Jésus :
    • paroles d'homme (“Si j’ai bien parler, pourquoi me frapper ?” … ).
    • paroles d'un Dieu (“Ma royauté ne vient pas de ce monde” ….).

Mais parmi le bruit de la foule, ces cris de mort, ces interrogatoires, il faut entendre deux silences de Jésus :

Le silence de la flagellation. … Pendant ce supplice, Jésus ne dit rien. Pourtant les autres circonstances sont marquées par ses paroles.
  • Arrestation : “Remets ton épée au fourreau”, dit-il à Pierre.
  • Il répond au grand prêtre, puis à Pilate.
  • Crucifié, il trouve la force de dire quelques mots à Marie, à Jean.

Durant la flagellation, rien. Il est vrai que les soldats ne lui demandent rien. On leur a dit de fouetter, ils fouettent ; et ils en rajoutent (couronne d'épines, moqueries, gifles). Jésus entre leurs mains est un homme-objet, silencieux !

C'est cette souffrance, sans un mot de compassion de quiconque, qu’il nous faut contempler : elle est la souffrance à l'état pur ; et elle est encore celle d'hommes et de femmes d'aujourd'hui.
  • pour des raisons politiques, raciales ou même pour rien du tout, ou encore
  • ces femmes, ces hommes qui tombent entre les mains de brutes qui tapent physiquement ou psychologiquement d’autres hommes et femmes, réduits au silence.

S'ils pouvaient se relever, se réunir, ils formeraient une foule qui nous ferait fondre d'horreur, de pitié : Et Jésus serait parmi, au milieu d’eux. Jésus flagellé et silencieux. “L’Eglise du silence !“

2ème silence - Un peu plus tard, Jésus comparaît à nouveau devant Pilate. La première fois, c'était un homme en bonne santé. A présent, il est un corps sanglant dont la vie commence à s'enfuir. Pilate, talonné par la foule, la peur, pose sa question : “D'où es-tu ?”. Et l'évangéliste rapporte : “Jésus ne lui fit aucune réponse”.

C'est ce silence qu’il nous faut écouter.
  • Silence d'un homme auquel son bourreau a retiré la force de s'expliquer. Bien sûr.
  • Silence d'un homme auquel il ne reste que le silence pour exprimer qu'il est un homme. Bien sûr.
  • Silence d'un Dieu qui voit devant lui le ciel ouvert, comme dira St Etienne durant son martyr. Si bien que la question de Pilate aurait pu être non pas : d'où es-tu ? mais : où vas-tu ? Cela revient d'ailleurs au même.
  • Mais aussi : silence de Jésus qui comprend que la question de Pilate en cache une autre. A sa manière, Pilate demande : “Qui es-tu ?” A cette question que nous posons tous à Dieu, dans l'émerveillement ou l'abandon, dans la douleur ou la révolte, nulle réponse ne peut être donnée dans l'instant. Rien d'autre d’abord que le silence.

Écoutons ce silence en nous-mêmes. Dans ce Jésus silencieux, meurtri devant Pilate, ne voyons pas que Jésus, mais tout le peuple des souffrants. D’où viennent-ils? – Où vont-ils ? - Qui sont-ils, tous ceux-là, silencieux ? Pilate répond à ce silence par des mots menaçants. Quelle est notre réponse devant notre Dieu qui nous regarde et se tait, et devant ceux qui, comme Jésus, nous regardent, attendent que nous les regardions vraiment dans un silence de communion ?

“L'un des anciens prit alors la parole et me dit : Ces gens vêtus de robes blanches, qui sont-ils et d'où sont-ils venus ? Je lui répondis : Mon Seigneur, tu le sais ! Il me dit : Ils viennent de la grande épreuve. Ils ont lavé leurs robes et les ont blanchies dans le sang de l'agneau. C'est pourquoi ils se tiennent devant le trône de Dieu et lui rendent un culte jour et nuit dans son temple. Et celui qui siège sur le trône les abritera sous sa tente. Ils n'auront plus faim, ils n'auront plus soif, le soleil et ses feux ne les frapperont plus, car l'agneau qui se tient au milieu du trône sera leur berger, il les conduira vers des sources d'eaux vives. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux“ (Apoc 7.13sv).

Silence, prélude nécessaire à un dialogue du cœur !

Prenons le temps du silence, de notre silence devant celui de Jésus. Prenons le temps du silence car c'est justement dans le silence du tombeau que Dieu va préparer la résurrection et la glorification de son Fils…, espérance de la nôtre !

Aucun commentaire: