vendredi 24 avril 2009

La multiplication, aujourd’hui… ! - Pâques 2 - Vendredi - (Jn 6.1sv)

Cela s'est passé sur la montagne, de l'autre côté de la mer de Galilée, entre deux traversées. Montagne et mer, un décor bien connu dans la Bible !

Et sur la montagne il y avait de l'herbe car la Pâque était proche. La Pâque ! C'est l'évocation de la première Pâque avec Moïse. Traversée de la Mer Rouge. Alliance avec Dieu sur la montagne ! C’est la Pâque ! Toujours une traversée de la mort à la vie ! Toujours une traversée, un exode d’un peuple libéré que Dieu va nourrir de la Loi et de la manne, va nourrir de paroles et de pain. Et, dans l’évangile, Jésus est là comme un nouveau Moïse qui libère, lui aussi, par la parole et par le pain.

Et d'un seul coup, ils sont cinq mille. Ils sont la foule, la foule de l’humanité. Cinq mille qui sont là avec leur faim de tout : leur faim de manger et de vivre, leur faim de vérité, leur faim d'espoir, de justice et de paix. Ils sont la foule ! C’était hier et c’est aujourd'hui, encore !

Jésus fait asseoir la foule, car il va donner la nourriture de la Parole de Dieu. Il est venu pour cela, lui, le Verbe de Dieu.

Mais il commence par parler comme tout le monde. Il demande à Philippe : "Où allons-nous acheter du pain pour tout ce monde-là ?". Acheter, toujours acheter et vendre, c'est le monde d'aujourd'hui. Philippe répond ce que tout le monde répond : le salaire de deux cents journées de travail n'y suffirait pas ! ... Et c’est encore la réflexion de beaucoup. Malheureusement ! Comment acheter du pain pour tout le monde ?

Cependant, dans l'Évangile, un enfant est là avec cinq pains et deux poissons. Les jeunes, ce n'est pas seulement l’avenir, c'est aussi le présent. Heureusement, les jeunes sont là ! Souvent rapides, ils devinent quand est-ce qu’il faut être là ! Jésus ne fait pas appel à l'argent, il fait appel aux jeunes, à leur cœur ! Un appel pour tout de suite.
Mais il ne faut pas tout attendre des jeunes ! Ils ne peuvent résoudre tous les problèmes que l'égoïsme des adultes leur laisse parfois en héritage. Aussi, dans l'Évangile, André, le disciple de Jésus, un adulte, est ironique. Il ne fait pas confiance, il est désabusé face à l’enfant : "Qu'est-ce que cinq pains et deux poissons pour nourrir tout ce monde ?". Philippe ne sait pas que les jeunes sont généreux quand ils ne sont pas devenus vieux avant l’âge. L'enfant donne tout ce qu'il a : ses pains et ses poissons. Il donne tout ! Avec grand cœur ! C'est avec le cœur de ce jeune que Jésus va nourrir les foules. Il faut s’en rappeler !

Jésus dit : “Faites-les asseoir”. Arrêtez-vous ! Prenez le temps du temps. Prenez le temps de respirer Dieu. Prenez le temps du cœur. Prenez le temps d'aimer. Prenez le temps de la paix.

Alors, c'est l'abondance, et quelle abondance ! C'est l'abondance de Dieu. C'est l'abondance de la justice de Dieu : tout le monde enfin mange à sa faim. Les riches comme les pauvres, chacun selon sa faim. Et il y aura encore douze corbeilles qui vont êtres remplies avec les pains qui restent. Douze corbeilles, pour que rien ne soit perdu. Ce ne sont pas seulement les restes qu'il ne faut pas laisser perdre. C'est surtout l'humanité de l'homme qu'il ne faut pas perdre. Aucun homme, aucune femme, aucun enfant ne doivent être perdus. Rien de ce qui est humain ne doit être perdu. Ne pas perdre la tendresse de Dieu toujours à l’œuvre en l’homme.

Douze paniers de pain, douze comme les tribus d'Israël. Douze comme les douze apôtres, douze comme le nouveau Peuple de Dieu.

Mais l'Évangile ne dit pas ce que les Apôtres ont fait de ces douze corbeilles de pain. L'Évangile ne le dit pas, parce que c'est à chacun, à nous de répondre. Qu'allons-nous faire de ces douze corbeilles de pain ? Qu'allons-nous faire de la tendresse de Dieu ? De l'abondance de Dieu ? Et encore qu’allons-nous faire de l’abondance de Dieu quand il nous rassemble pour partager son pain ?

Saint Paul, par exemple, a accueilli cette abondance de Dieu. Il est l’un des premiers grands témoins de la “fraction du pain”, première expression pour désigner l’Eucharistie dont il rapporte l’institution. Fraction, disait-il, et non pas multiplication, terme que St Jean n’emploie pas non plus!

Oui. Il faut rompre le pain pour que chacun en ait. Comme le gâteau de fête que l'on admire entier, mais qui doit être coupé pour que tous goûtent à la même joie qu'il signifie. Dans sa rupture en morceaux, le pain peut se donner à tous en signe efficace d'unité. Car les morceaux de pain nourrissent un même corps, celui du Christ.

La vieille prière de La Didachè, au 1er siècle, le disait déjà : “Comme ce morceau de pain que nous rompons était dispersé sur les montagnes et a été rassemblé en un seul, ainsi que ton Église, Seigneur, soit rassemblée des quatre coins de la terre dans ton Royaume” (9,4).

La conséquence est claire. St Paul ne cesse de dire : "Supportez-vous les uns les autres avec amour". C’est l’abondance, l’amour de Dieu qui unifie. Portez et aimez vos différences. Ne plus faire qu'un, c'est rester plusieurs. Unité d'un seul Corps composé de plusieurs membres, mais tous vivifiés par un seul Seigneur, le Christ, Dieu parmi les hommes.

L'Eucharistie est pain de vie et d'unité.

Que faisons-nous de l’abondance de Dieu qui nous rassemble, qui doit unir tous les hommes en un seul Corps ?

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