jeudi 2 avril 2009

“Espérant contre toute espérance…“ ! - Carême 5. Mercredi

La lecture - un passage du livre de Daniel - exalte la fidélité au Dieu Unique à l’époque de l’exil durant laquelle il était souvent dangereux de témoigner de sa foi ! Or, cette situation se renouvelle et même s’amplifie au temps où la rédaction du livre s’achève (milieu du 2ème siècle). Le récit vise donc autant la période babylonienne que celle durant laquelle ce païen d’Antiochus Epiphane voulut helléniser la Judée en imposant par la force des pratiques païennes. N’avait-il pas mis dans le temple lui-même une statue d’une idole, “abomination de la désolation !“.

Alors, se souvenant de l’exemple des trois jeunes gens du temps de Nabuchodonosor, roi de Babylone, le livre de Daniel rappelle : mieux vaut aller jusqu’au martyre s’il le faut (comme les Maccabées devant ce fameux Antiochus Epiphane) plutôt que de céder à l’idolâtrie, que de renier sa foi ! Cette fidélité à Dieu se révèle d’ailleurs toujours bienfaisante même au-delà de la mort ! C’est à cette époque que se développe le sentiment d’un au-delà de la mort elle-même ! Et les Pères de l’Eglise ont vu comme naturellement dans la scène des trois jeunes gens échappant de la fournaise de feu le symbole prophétique de la résurrection du Christ ! Et l’art chrétien primitif lui-même aimait représenter cette scène en ce sens !

Par delà ces éclaircissements historiques, retenons en lisant ce texte un vif encouragement à approfondir notre propre foi, à affermir notre fidélité à notre Dieu, Créateur et Rédempteur. Et cela :
  • malgré les nombreux signes de paganisme galopant en notre Occident !
  • malgré le contexte pour le moins a-religieux de notre société,
  • malgré certains moyens de communication qui ont l’habilité de déclencher des avalanches médiatiques anti-religieuses…,
  • malgré les relations que nous pouvons entretenir légitiment et qui, cependant, agressent parfois, même amicalement, notre foi elle-même,
  • malgré - et c’est encore plus dur souvent - certains événements familiaux, amicaux qui reflètent le dur combat entre le bien et le mal ! Je pense à des situations sociales, familiales difficiles à résoudre…, je pense à l’agression faite soudainement par une maladie grave à l’un de nos proches…,
  • malgré – et j’en terminerai là – le combat, à vie et à mort, qui se déroule, parfois, à l’intérieur de nous-mêmes. Car la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille…

Malgré tout cela, cause souvent de notre affliction légitime, retenons cependant la leçon du livre de Daniel et affirmons d’une manière ou d’une autre : Le Christ est ressuscité. Par lui, la vie, en nous, l’emportera ! Et même si la souffrance nous fait nous poser mille questions, dites-nous que “mille questions ne font pas obligatoirement un doute“ (Newman).

D’ailleurs, il est une autre leçon que nous donne aujourd’hui notre lecture avec le cantique qui le suit et dont nous avons un très faible passage à la place du psaume, c’est l’action de grâce ! (Vous pourrez vous reporter au ch. 3ème du livre de Daniel) !

Nous sommes créés pour l’action de grâces, pour nous joindre à la multitude des anges qui ne cessent de chanter la gloire du Dieu très Saint ; nous sommes créés pour toujours rebondir dans l’action de grâce. Le monde “crève“ parce qu’il oublie Dieu, il le marginalise. L’action de grâce est la clef de l’harmonie universelle. On est créés pour la bénir et non pour maudire !

Certes, dans les situations de vie auxquelles je faisais allusion, cette action de grâce pour la beauté des œuvres de Dieu doit s’accompagner d’une haine pour tout ce qui vient la caricaturer, l’abîmer, la salir…Certes ! Peut-être faudrait-il avoir, comme dit Claudel, “une intelligence dure et un cœur tendre“.

+Une “intelligence dure“ qui n’appelle pas beau ce qui est laid, et laid ce qui est beau. Autrement dit, pas d’amalgames si courants aujourd’hui (par politesse ou convenance sociale…) !

+ Mais surtout avoir, en même temps, un “cœur tendre“ comme celui de Jésus… qui allait si souvent vers les marginaux, les publicains et non vers les “professionnels“ de la vertu (qu’il appelait parfois : “sépulcres blanchis“)…

Bref - et j’en terminerai là -, bien des psaumes qui expriment une grande souffrance se terminent, d’une manière ou d’une autre, par : “O mon âme, bénis le Seigneur !“.

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