lundi 27 avril 2009

Le Pain de VIE … ! (1) - Pâques 3 - Lundi - (Jn 6.22sv)

Après la multiplication des pains, il y a, dans l’évangile de St Jean, le célèbre discours sur le “Pain de VIE“ qui contient cette phrase : “Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la VIE éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour !“ (Jn 6.54).- “Cette parole est rude, contestent certains auditeurs. Qui peut continuer à écouter ?“. Alors Jean d’expliquer !

Lui qui ne rapporte pas l’institution de l’Eucharistie lors de la Cène met fortement l’accent sur “ce Pain qui est descendu du ciel“, nourriture indispensable pour notre existence, pour entrer véritablement, déjà, dans la VIE, la VIE éternelle. (“Je ne meurs pas, disait Thérèse de Lisieux au moment de sa mort, j’entre dans la VIE ! “).

Or, le premier, le seulSigne“ qui contient cette VIE plénière, éternelle, n’est-ce pas Lui, Jésus, qui “est descendu du ciel“, Lui, le Fils de Dieu qui a “pris chair“, qui, en lui, relie ciel et terre, l’homme et Dieu ? Aussi nous faut-il d’abord croire à cette réalité “charnelle“ du Fils de Dieu pour participer à sa réalité “divine“ : “L’œuvre de Dieu, répond Jésus à ses apôtres, c’est de croire en Celui qu’il a envoyé“ (6.29).

Et cette foi au Fils de Dieu qui a “pris chair“ nous conduit à nous “incorporer“ au Christ comme le dira souvent St Paul [“Ne savez-vous pas que vos corps sont les membres du Christ ? (I Co. 6.15). – “Vous êtes le Corps du Christ !“ (I Co. 12.27)], … nous conduit à nous unir fortement et étroitement à Lui, à Lui qui seul, parce qu’il est homme, peut nous conduire à Dieu, au Père, parce qu’il est Dieu !

Aussi le “signe“ (le “second“, si je puis dire) de cette “incorporation“, c’est “la chair du Fils de l’homme“, le mot “chair“ en hébreu désignant toute la réalité de son humanité : Il faut nous unir à Jésus, vrai homme, qui s’est anéanti par amour pour nous jusqu’à donner sa “chair“, toute la réalité de son humanité, en mourant sur la croix, pour que nous puissions “toucher“ à la réalité de sa divinité et participer ainsi à sa VIE divine. Voilà l’objet du “Discours après la multiplication des pains“ dans l’évangile de Jean.

Aussi, le Christ continue de nous donner, par l’Eucharistie, toute son humanité pour que nous puissions toucher sa divinité et en vivre ! Certes, il a réalisé cette union “une fois pour toutes en s’offrant lui-même“ (Heb. 7.27), par son mystère pascal, son passage de mort à VIE, il y a plus de deux mille ans. Mais, comme dit encore l’épître aux Hébreux (7.25), il reste “en mesure de sauver d’une manière définitive ceux qui, par lui, s’approchent de Dieu, puisqu’il est toujours vivant pour intercéder (actuellement) en leur faveur“, Lui, dira également St Paul (Rm 8.34) “qui est à la droite de Dieu et qui intercède pour nous !“.

Et le “signe“ actuel, temporel que le Christ nous a laissé de son intercession éternelle pour nous auprès du Père, c’est l’Eucharistie qui “ré-actualise“ son mystère pascal, sa mort et sa résurrection, ce mystère qui nous permet d’accéder à Dieu, Père. Oui, ce mystère de l’Alliance entre Dieu et l’homme, ce mystère d’union de Dieu avec l’homme, réalisé par le Christ, est comme “actualisé“ pour nous, à travers les siècles, par l’Eucharistie. – “Que ce mystère est grand, s’écrie St Paul (Eph. 5.32). Je le dis en pensant au Christ et à l’Eglise !“. Dans l’“Action de grâce“ (c’est le sens du mot “Eucharistie“) que le Fils de Dieu rend éternellement à son Père, il n’est plus seul désormais. Il veut nous entraîner avec Lui ! Conscient de ce grand bienfait, le curé d’Ars s’écriait : “Si nous savions ce qu’est la messe, on en mourrait !“.

Pour résumer St Jean, on peut dire : par notre incorporation au Corps du Christ, à son humanité, notre existence a un double aspect comme pour le Christ lui-même ! Il y a le pain des hommes (multiplication des pains) et le Pain de Dieu (descendu du ciel comme la manne autrefois) pour totalement nous alimenter et VIVRE véritablement, pleinement !

“L’œuvre de Dieu, dit Jésus, c’est de croire en Celui qu’il a envoyé !“. “Croyez en mes paroles, croyez en mes œuvres, croyez en toute mon humanité qui permet d’accéder à ma divinité et vous aurez la VIE !“.

La première “œuvre“ à accomplir, c’est de “communier“ à toute son humanité, à sa pensée, se “nourrir“ de sa parole ! – Aussi faut-il bien mesurer l’importance de la première partie de l’Eucharistie qui est une sorte de manducation de la Parole de Dieu : manger la parole de Dieu, s’en nourrir, la “ruminer“ comme disaient les Pères de l’Eglise, c’est déjà “communier“ au Christ, véritablement.

“Manger“ la Parole de Dieu, c’est déjà une Eucharistie, une “Action de grâce“ en écho à cette Parole de Dieu qui, si on l’accueille, doit descendre jusque dans nos “entrailles“ (Ps 40.9). Quand on accueille véritablement la Parole de Dieu au fond de nous-mêmes, tout notre être - intelligence, volonté, sensibilité - doit “rebondir“ vers Dieu ! Ce n’est nullement mauvais que pour célébrer l’Eucharistie - ce mystère si grand -, nous mettions en œuvre une magnifique orchestration de tous nos moyens d’expression dans une belle et parfaite harmonie de toutes nos facultés. Le Concile Vatican II l’a souligné ! C’est tout l’être qui doit s’exprimer. En Occident, nous sommes facilement victimes de l’“algébrose“ comme disait le P. Jousse (ce Sarthois de la première moitié du dernier siècle qui a beaucoup travaillé sur le style oral sous-jacent aux écrits bibliques et évangéliques), … c’est-à-dire victimes d’un langage exsangue, anémié. Il faudrait retrouver le langage qui mobilise, de façon très harmonieuse, toutes les possibilités d’expressions qui sont en nous pour magnifier ce grand Sacrement qu’est l’Eucharistie !

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