mercredi 29 avril 2009

Ste Catherine de Sienne - Pâques 3 - Mercredi

Dois-je l’avouer ? Jeune moine, je suis tombé “amoureux“… Eh ! Oui ! … De Ste Catherine de Sienne !!! Aussi, je ne résiste pas à l’envie de vous en parler. Parce que je trouvais, je trouve que cette sainte
  • avait bigrement les pieds sur terre en un temps où notre terre d’Occident tremblait fortement !
  • et avait en même temps - par grâces exceptionnelles, - la tête et le cœur au ciel !

Née en 1347, elle était la fille d’un riche teinturier de Sienne, 21ème et dernière enfant de la même mère, “mama Lapa“ qui, pour autant, mourut très âgée (Elle disait : “Ce n’est pas possible ! Je dois avoir l’âme chevillée au corps !“).

Elle vécut à une époque très troublée. C’est la fin du Moyen Age qui, après les 9e et 10e siècles très sombres, avait trouvé politiquement et socialement un équilibre chrétien assez remarquable entre les trois pouvoirs :
  • Les “Priants“ que l’on appellera le “Clergé“ !
  • Les “Combattants“ protégeant la population et appelés “La Noblesse“ !
  • Les “Travailleurs“ qu’on appellera “Tiers Etat“ !

Certes, cet équilibre avait ses multiples faiblesses… Le Clergé s’enrichira… La Noblesse s’adonnait à des guerres fratricides… (“Tant qu’il y aura des hommes…“). Et les “Travailleurs“ en recevaient les contrecoups tout en subissant caprices des saisons et épidémies (faute d’hygiène suffisante !)… Mais ce fut, mutatis mutandis, une grandiose époque, celle de la “Paix de Dieu“. Ce fut le temps des cathédrales et d’un essor intellectuel remarquable !

Mais, à la fin du 13e siècle, - la population augmentant - apparut, dans les villes surtout, une nouvelle puissance économique, culturelle, sociale : “la Bourgeoisie“ qui, accaparant de plus en plus l’influence (et la richesse !) du Clergé et de la Noblesse, finit par altérer fortement l’équilibre social antérieur (non seule raison). On assista à de fortes tensions dans les villes, entre les villes, entre les Etats qui émergeaient. Tensions qui culminèrent - c’est célèbre - entre le roi de France (Philippe Le Bel) et le pape (Boniface VIII), tensions qui, chez nous, furent plus ou moins à l’origine de la guerre de cent ans (1337-1453). Ces tensions sociales, économiques, politiques… se cristallisèrent en Italie autour de la personne du pape entre les Guelfes (Guelf, nom de famille des ducs de Bavière, favorable au pape) et Gibelins (Gibelin : cri de guerre des partisans de l’empereur, les Hohenstaufen, hostiles à la suprématie pontificale). Ce fut l’origine de l’“exil“ des papes à Avignon. Je dis tout cela parce que, si l’on trouve que notre époque est troublée, celle de Catherine de Sienne le fut bien davantage ! Et comment cette sainte réagit-elle ?

On pourrait résumer sa vie et son influence par cette réflexion qu’elle adresse à un prélat : “L’Eglise est fondée dans l’Amour et elle est même l’Amour“ ! Amour de Dieu et Amour du prochain !

+Amour du prochain :
  • Encore très jeune, elle se dépensa sans relâche auprès des grands malades, risquant sa santé par risque de contagion et par ses austérités…
  • Elle ne supportait pas l’injustice. Ainsi sauva-t-elle plusieurs de ses frères et d’autres personnes lors d’un coup d’Etat en sa ville de Sienne. Infatigable pour apporter la paix dans les familles, dans les villes déchirées par des haines atroces, elle disait : “Aucun Etat, ne peut se conserver dans la Loi civile et dans la Loi divine sans la sainte justice…“. – “Je ne peux pas faire autre chose que d’arracher la haine du cœur humain et de le mettre en paix avec le Christ crucifié et avec son prochain“ (Lettre 122). Elle s’activait sans se décourager, car, disait-elle, “la patience est la moelle de la charité“.
  • Son action la plus éclatante fut de persuader le pape Grégoire XI de revenir à Rome. Et elle devint son ambassadrice auprès des villes italiennes toujours en ébullition afin de rétablir la paix mais aussi pour que tous reconnaissent en lui “le doux Christ sur la terre“, chargé d’unir l’homme à Dieu ! “Qui sera désobéissant au Christ sur la terre qui tient la place du Christ qui est au ciel ne participe pas au fruit du Sang du Fils de Dieu“ (lettre 207). Prophétisant déjà Vatican II (Lumen Gentium n°23), elle affirme que l’obéissance et le respect envers le Pape est la clef et le principe de notre foi“ (Lettre 17).

Malheureusement, elle ne sera pas suffisamment entendue ; elle verra le commencement du “Grand schisme d’Occident“ (1378-1418 : 40 ans). Elle meurt à l’âge de 33 ans, exténuée par ses austérités et après avoir reçu, dans une vision à Saint Pierre de Rome, la nef de l’Eglise sur ses épaules.

+Amour de Dieu
  • Mais elle puise toute son énergie dans son amour envers Dieu et surtout envers le Christ avec qui elle avait contracté, à l’âge de 15 ans, un “mariage mystique“, recevant les stigmates de sa passion.
  • Elle a exalté, comme l’a souligné Paul VI, la déclarant “Docteur de l’Eglise“ (1970) la vertu rédemptrice du Sang du Fils de Dieu répandu sur la croix par amour de tous les hommes. Ce Sang du Sauveur, Catherine le voit couler d’une manière continuelle au sacrifice de la messe et dans les sacrements. A ce titre, elle est la “Sainte du Corps mystique du Christ“ qu’est l’Eglise. Car “l’Eglise, écrit-elle, n’est rien d’autre que le Christ lui-même !“ (lettre 171). Ce que soulignera, un peu plus tard, le grand Bossuet : “L’Eglise est Jésus Christ continué, communiqué et répandu à travers le temps et l’espace“.
  • Souvent, elle affirme que la beauté sera rendue à l’Epouse du Christ (l’Eglise) et qu’on devra faire la réforme “non par la guerre, mais dans la paix et le calme, par les prières humbles et continuelles, dans la sueur et les larmes des serviteurs de Dieu“ (Dialogue 15.86)… et toujours dans l’obéissance filiale envers le représentant du Christ. Exhortation d’une étonnante actualité !

Il y aurait encore beaucoup de remarques à faire sur cette Sainte très peu cultivée mais qui fut gratifiée par l’Esprit Saint d’une science infuse qui reflétait, de façon surprenante, la théologie d’un Saint Thomas d’Aquin, dépouillée alors de tout revêtement scientifique. Ses écrits sont surtout à la gloire du Verbe Incarné et du Christ crucifié. Aussi, terminera-t-elle sa vie par cette prière : “O Dieu éternel, reçois le sacrifice de ma vie en faveur de ce Corps mystique de la Sainte Eglise. Je n’ai rien d’autre à donner que ce que tu m’as donné… !“.

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