vendredi 17 avril 2009

C’est le Seigneur - Pâques - Vendredi - (Jn 21.1sv)

“Vous dites que Jésus est toujours vivant ! Eh bien, qu'il se montre ! Depuis le temps que je souffre, j'ai l'impression que Dieu est très loin, s'il existe !“. Ces cris de révolte, jaillis du cœur des blessures humaines, nous les entendons chaque jour. - Alors que beaucoup, aujourd'hui, pensent que Dieu a “déserté“ notre monde, peut-on croire encore que Jésus est là, sur le rivage des eaux de nos vies parfois si tumultueuses, vides, angoissantes ?

Oui, nous sommes souvent comme les apôtres en jetant, jour après jour, le filet de nos travaux, en reprenant chaque matin une journée de peine, de soucis ou de maladie... Comme eux, nous nous activons souvent sans rien prendre, sans recueillir joie, paix, confiance, enthousiasme.

Alors, la nuit risque de tout envahir : nuit de peine, de tristesse, de désespoir ! Cette nuit, certains la connaissent bien : les malades, ceux qui connaissent échecs de toutes sortes… Et quelques-uns vont jusqu'à dire : "je n'en peux plus ; je ne sais que faire…“.

Et pourtant, l’évangile nous le redit aujourd'hui : Jésus se manifeste toujours dans la vie des hommes...

Cependant, il n'y a rien ici d'extraordinaire dans les gestes de Jésus : il est là... et il demande : “Les enfants, auriez-vous du poisson ?“. Et encore : “Apportez donc de ces poissons que vous venez de prendre“.

Demandes simples, mille et mille fois répétées depuis par les hommes et les femmes qui réclament à manger et tous ceux qui en appellent au partage…
  • par tous ceux qui crient leur désir de vivre,
  • par tous ceux qui réclament un signe d'amitié, un sourire réconfortant,
  • par tous ceux qui ne veulent pas être oubliés sur la marge de l'humanité,
  • par tous ceux qui répètent la phrase du Crucifié toujours vivant : "Auriez-vous quelque chose à manger, auriez-vous, même un simple sourire, à me donner ?“. - C'est toujours la voix du Seigneur !

Saurons-nous la reconnaître, cette voix-là ? Aurons-nous autant de cœur que ces disciples qui repartent jeter leurs filets, malgré la fatigue d'une nuit de travail stérile ? Dans la demande du Christ et dans la réponse des disciples, oui, déjà là, le Christ se manifeste. Dans l'appel des uns et dans l'écoute accueillante et active des autres, oui, déjà là, le Christ se manifeste.

Mais poursuivons : le Christ parle et les disciples surmontent l'échec désespérant d'une nuit sans résultat. Ils se remettent à l'œuvre, et alors le filet se remplit comme jamais… La stérilité fait place à la fécondité..., la confiance au désespoir…, et la résignation au courage !

Alors, le premier disciple proclame : “C'est le Seigneur !“.

Alors, Pierre se jette à l'eau

...comme tous ceux qui accordent de l'importance aux moindres signes d'espoir, préférant “allumer une petite chandelle que de maudire l'obscurité“.

...comme ceux-là de tous les jours et de tous les pays qui repartent chaque matin glaner les quelques fruits de labeur qui les feront vivre,

...comme ces malades très atteints qui s'accrochent à la vie et qui osent sourire et accueillir malgré le poids de leur douleur,

Et comme Pierre, nous pouvons dire : “C'est le Seigneur !“, c'est bien Lui qui est présent dans le cœur des hommes chaque fois que le désespoir est surmonté, chaque fois que la vie continue quand même. Et comme un filet bien rempli, ils recueillent les fruits de leur foi et de leur courage en autant de moments de paix profonde et de joie intense. Ils les recueillent... et ils les partagent…

… Ils les partagent… Car il faut remarquer le dernier signe de la présence du Christ ressuscité : il rassemble ses apôtres et leur partage le pain qu’ils leur donne et les poissons qu’ils ont péchés… Dès lors, tous savent que c'est bien Lui, le Seigneur, présent au milieu d'eux.

Le repas partagé, le rassemblement de tous, la communion dont nul n'est exclu, comme cette Eucharistie célébrée aujourd'hui par des millions d'hommes et de femmes dans le monde entier, les voilà bien les signes décisifs de la présence du Christ, vivant au milieu de nous.

Présence du Christ ressuscité dans nos cris d'affamés de bonheur et aussi dans nos gestes quotidiens de partage… Alors, n'allons pas chercher le Christ ressuscité loin de nos lieux de vie, loin de notre ordinaire. Sachons l'entendre dans les appels de nos frères, dans les échecs surmontés. Sachons le célébrer dans tous les gestes de partage.

Et écoutons sa Parole qui nous redit : “Confiance... Allez plus loin... N'ayez pas peur !“.

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