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T.O. Jeudi 12/B - (I Co. 3.18sv)
Aux
Corinthiens qui, trop facilement, veulent jouir des plaisirs de ce monde, se
tourner vers des “sagesses humaines“, se réclamer de maîtres divers - tels
apollos, Céphas, Paul… -, ce qui risque de créer de fortes divisions, l’apôtre
Paul vient de leur dire : De
fondement, de principe de vie, il n’y en a pas d’autre que le Christ !
Il
n’y en a pas d’autres ! Voyez donc sur quoi, sur qui vous construisez
votre vie… N’oubliez pas que tous, vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit
de Dieu habite en vous ! Aux Ephésiens, il écrira : “Vous êtes, ensemble, intégrés à la
construction qui a pour fondement les apôtres et les prophètes pour devenir une
Demeure de Dieu par l’Esprit“ (Eph. 2.20sv). Et, un peu plus loin,
il demandera aux mêmes Corinthiens : “Qu’y-a-t-il
de commun entre le Temple de Dieu et les idoles (les prétendues
sagesses de ce monde). Car nous sommes,
nous, le Temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit : « Au milieu
d’eux j’habiterai… »“ (2
Co. 6.16).
De
cette réalité, dit-il, il faut en prendre conscience - et une conscience qui
doit en témoigner - : La Communauté chrétienne est, doit être le véritable
Temple de la Nouvelle Alliance dans le Christ. Elle prend la suite du temple de
Jérusalem. Car l’Esprit Saint habite en elle, accomplissant de façon infiniment
plus parfaite ce que réalisait la présence de la Gloire de Dieu habitant le
temple de Jérusalem. Et Paul de demander un peu plus loin : “Ne savez-vous pas que votre corps (lui-même) est temple du Saint-Esprit qui est en vous
et qui vous vient de Dieu, et que vous ne vous appartenez pas ?“ (I Co. 6.19). Oui, il n’y a
bien comme fondement de vie que le Christ !
Donc
- et c’est notre lecture -, “que personne
ne s’y trompe !“. Paul emploie, là, une formule de diatribe.
Jusqu’ici, il a retenu l’explosion d’une colère qui s’accumulait en lui à
mesure que, dictant, il se représentait de plus en plus la légèreté des
Corinthiens, les dangers auxquels ils exposaient leur foi et leur salut. S’en
apercevant peut-être, il remonte alors brusquement aux principes généraux et
énonce, dans notre lecture, des prescriptions qui pourraient servir à clore
toute discussion… Il le fait avec une vigueur qui souligne son émotion !
Si quelqu’un, dit-il, est sage à la manière du monde, qu’il devienne donc fou -
de cette folie de Dieu qui a envoyé son Fils dans le monde mourir pour notre
salut -, qu’il devienne donc ainsi fou de cette folie de Dieu qui, finalement,
est sagesse de Dieu pour notre salut !
Que
nul ne mette donc son orgueil en des hommes en disant : “Moi, j’appartiens à Paul, moi à Apollos,
moi à Céphas“. – Non, vous n’appartenez pas à ces hommes-là ; ce sont
eux qui sont vos serviteurs. Eux… - comme tout le reste de la création qui peut
induire à des sagesses humaines -, … ceux-là mêmes sont à votre service pour
que vous soyez vous-mêmes au service du Christ, et, par le Christ, au service
de Dieu ! Exhortation qui n’a pas toujours été suivie, appliquée et qui,
pourtant, devrait régir toutes relations qu’imposent toute charge d’autorité et
tout devoir d’obéissance l Personne n’appartient à quelqu’un d’autre ; tous,
nous sommes au Christ.
A
ce sujet, le Concile Vatican II - dont nous allons fêter le 50ème
anniversaire -, demande à l’évêque (c’est un exemple) “de garder devant ses yeux l’exemple du Bon
Pasteur venu, non pas pour se faire servir, mais servir (Cf. Mth
20.28 ; Mc 10.45),
et donner sa vie pour ses brebis (Jn 10.11)…“ (L.G. 27).
Et il
précisera (L.G.
32), se
référant à St Paul : “L'Eglise est organisée suivant une variété
merveilleuse. "De même qu'en un seul corps nous avons plusieurs
membres qui n'ont pas tous même fonction, ainsi, à plusieurs, nous sommes un
seul corps dans le Christ, … (Rm 12,4-5). "Il n'y a qu'un
Seigneur, une foi, un baptême" (Ep 4,5). Commune est la dignité des membres du fait de leur régénération
dans le Christ ; commune la grâce d'adoption filiale ; commune la vocation à la
perfection ; il n'y a qu'un salut, une espérance, une charité sans division. Il
n'y a donc, dans le Christ et dans l'Eglise, aucune inégalité … car "vous n'êtes tous qu'un dans le Christ
Jésus" (Ga 3,28
grec ; cf. Col 3,11).
Si donc,
dans l'Eglise, tous ne marchent pas par le même chemin, tous, cependant, sont
appelés à la sainteté et ont reçu à titre égal la foi qui introduit dans la
justice de Dieu (cf. 2 P 1,1). Même si certains sont institués
docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des autres,
cependant, quant à la dignité et à l'activité commune à tous les fidèles dans
l'édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité… La
diversité même des grâces, des ministères contribue à lier les fils de Dieu en
un tout. Car "tout cela c'est l’œuvre
d'un seul et même Esprit" (1Co 12,11).
Et le Concile de rappeler la phrase célèbre de St Augustin : "Si ce que je suis pour vous (évêque) m'épouvante, ce que je suis avec
vous (chrétien) me rassure. Pour vous en effet, je suis l'évêque ; avec vous je suis
chrétien. Evêque, c'est le titre d'une charge qu'on assume ; chrétien, c'est le
nom de la grâce (qu'on
reçoit) ! (Evêque), Titre périlleux ; (chrétien), nom salutaire".
Aussi,
notre lecture d’aujourd’hui de conclure par cette formule lapidaire dont St
Paul a le secret : Certes, “tout est
à vous - Paul et Apollos et Pierre ; le monde, la vie et la mort ; le
présent et l’avenir ; tout à vous ! - ; Mais vous, vous êtes au
Christ (c’est lui le “fondement“, ne l’oublions
jamais !), et le Christ est à
Dieu !“.
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