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T.O. Lundi 12/B - Proverbes ! (Prov. 3.27-34 - Mth 8.16-18)
J’avoue
que le livre des Proverbes… [ainsi que les
livres dit “sapientiaux“,
Qohéleth
(Ecclésiaste), Siracide (Ecclésiastique) etc…]
…ne
m’est pas très familier. Il s’agit de “sentences“ que la mémoire d’un peuple
sémitique, d’un “peuple de l’oreille“ a glané ici ou là, au cours de son
existence mouvementée, au contact de peuples divers (Egypte, Assyrie,
Babylone…).
Il
faut parcourir ce livre, car, me semble-t-il, nombre de sentences concernent le
savoir “bien-vivre“, et le savoir “bien-vivre ensemble“ ! Et certaines de
ces sentences seraient certainement très profitables encore aujourd’hui pour de
bons rapports entre les hommes, entre les nations… ! C’est toute une
sagesse expérimentale des anciens qui est transmise !
Il
faut retenir le titre de ce livre : “Proverbes
de Salomon, fils de David, roi d’Israël !“
- “Proverbes de
Salomon“ !
On ne prête qu’aux riches ! Et ce roi, Salomon, par ailleurs très
discutable, passait pour avoir eu des dons littéraires, des dons de
discernement, de gouvernement, et avoir été l’auteur de nombreuses sentences !
Soit !
-
Mais l’écrivain ajoute - et c’est significatif - : “fils de David, roi s’Israël !“. C’est d’abord souligner une
conception fort admise en Orient ancien : la Sagesse (l’art de
“bien-vivre“)
ne pouvait venir que du roi ! Et le “roi d’Israël“ n’était-il pas le
“Seigneur“, en ce sens qu’il était, devait être l’oracle de Dieu lui-même : il parlait, devait parler au
nom de Dieu !
Naturellement,
il pouvait y avoir de mauvais rois (Cela arrive n’est-ce pas ? Disons de
mauvais responsables, politiques ou autres… !). Cependant, en
spécifiant “fils de David“ qui fut l’“Oint
du Seigneur“ par excellence, l’auteur sacralisait un livre que son contenu
risquait de confiner dans la sphère du profane. C’était une manière d’inviter l’auditeur
ou le lecteur à reprendre ces sentences venues de divers âges et endroits comme
venant surtout de la part de Dieu qui s’adresse à l’homme comme un père à son
fils, comme un père aimant : “Mon
fils, est-il dit, n’oublie pas mon
enseignement“ (3.1), l’enseignement de
Dieu, la Loi ! On retrouve là, déjà, les accents de l’enseignement de
Jésus lui-même, nous présentant Dieu comme un Père aimant, comme “Notre Père“ !
N’est-ce
pas ce qu’a voulu souligner St Benoît également en commençant la rédaction de
sa Règle : “Ecoute, ô mon fils !“.
Ecouter ! Ecouter filialement Dieu notre Père. “Ecoute mon fils… ; tend l’oreille de ton cœur“ !
Il
est bon de relire ces sentences si actuelles : “Ne refuse pas un bienfait !“ – “Ne dis pas à ton prochain : « vas-t-en,
tu reviendras demain… ! »“ – “Ne projette pas le mal contre ton
prochain… !“ – “Ne te dispute pas sans motif… !“
Et
puis : “Le Seigneur a horreur les
hommes pervertis ; mais il ouvre son cœur aux hommes droits… !“.
C’est
probablement dans ce contexte qu’il faudrait accueillir la sentence du Seigneur
dans l’évangile, une sentence - car c’est bien une sentence ! - qui, par sa concision, paraît abrupte : “Si quelqu’un possède, on lui donnera ;
et si quelqu’un ne possède rien, on lui enlèvera même ce qu’il croit posséder !“.
Cette
sentence est formulée dans les évangiles, avec quelques nuances, soit à propos
de la parabole de la semence (c’est-à-dire à propos de l’enseignement de Jésus), soit à propos de
la parabole des talents. Et, en cette occasion, Luc lui-même sera encore plus
abrupte : “à celui qui n’a pas, même
ce qu’il a lui sera enlevé !“. (19.26).
Cette
formule exprime - comme un proverbe - le caractère provisoire de tout avoir
temporel : il faut faire valoir son bien, sous peine de le perdre. “C’est en forgeant qu’on devient forgeron“,
disons-nous. Faute de travailler, nous perdons tout. Et cela se vérifie autant
dans le domaine des biens matériels, artistiques, intellectuels… ou autres… !
En
notre texte, il s’agit du bien spirituel qui nous est donné pour éclairer notre
vie. Or une lampe doit être mise en évidence pour qu’elle éclaire tous ceux qui
sont ou qui entrent dans la maison. Sinon elle est inutile !
C’est
le même enseignement en Mathieu, à propos de la semence qui doit fructifier :
celui qui a possède, dans la foi en Jésus, la connaissance du Royaume ; et
il lui sera accordée une plus complète
encore : sinon - et Matthieu de citer Isaïe - :
certains
“regardent sans regarder“ : ce
sont des aveugles !
“ils
entendent sans entendre et comprendre“ : ce sont des sourds !
“… alors, le cœur de
ce peuple s’est endurci…“ : peut-être est-ce chez Mathieu une allusion à l’infidélité
d’Israël ; n’ayant pas écouté le Messie, il lui a été enlevé même ce que
ce peuple avait ! Ce fut la ruine
de Jérusalem !
St
Marc (4.23) conclura : “Faites donc attention à ce que vous
entendez“ : l’objet de l’écoute, chez Marc, c’est l’enseignement du
Seigneur, sa parole qui exige obligatoirement attention !
St
Luc portera la sentence davantage sur l’attitude de celui qui écoute : “faites donc attention à la manière
dont vous écoutez“, sinon tout vous sera enlevé !
On
pourrait conclure par d’autres sentences significatives et qui devaient se
transmettre en l’Eglise primitive :
“Vous avez reçu
gratuitement, donnez donc gratuitement“ (Mth 10.8), sinon tout sera repris !
“Dieu aime celui
qui donne avec joie !“ (2 Co. 9.7) “comme le Christ s’est
donné lui-même pour nous !“ (Tite 2.14).
“Jésus a donné sa
vie pour nous, nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères“ (I Jn 3.16).
Autrement
dit, avec Jésus, avec Dieu,
on
ne s’enrichit qu’en donnant, qu’en se donnant !
Sinon,
c’est la ruine !
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