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Septembre 2012 - Nativité de Notre Dame. - 60 ans de jubilé de Sr Marie Placide
“Voici quelle fut l'origine de Jésus-Christ…
: Marie, époux de Joseph, fils de David, fils d'Abraham… fut enceinte par
l'action de l'Esprit-Saint“. Et à Joseph il est dit : “L'enfant qui est engendré en elle vient de l'Esprit Saint“. Ces
phrases et bien d'autres de l'Evangile témoignent suffisamment de l'Alliance contractée entre l'Esprit-Saint
et Marie dès sa conception, dès sa naissance. “Par l'Esprit-Saint, Jésus, le Christ, prit chair de la Vierge Marie“.
Et nous répétons chaque dimanche : “De spiritu
Sancto ex Maria Virgine“.
Arrêtons-nous
sur cette Alliance de deux Amours en Jésus Christ :
- l'Amour de Dieu qui s'abaisse vers nous par l'Esprit Saint, "de Spiritu Sancto"
- l'Amour de l'homme qui monte vers Dieu,
par Marie, "ex Maria Virgine".
Et c'est ainsi que
continue à naître, aujourd'hui encore, le Christ, le Fils de Dieu, en chacune
de nos âmes, en votre âme, ma Sœur, depuis plus de 60 ans, “de Spiritu Sancto ex Maria Virgine“…, en ce lieu “La Paix
Notre-Dame !
Car
il ne s'agit pas de redire ce que l'Evangile nous raconte sur un événement du
passé, fusse la plus belle des naissances, celle de Marie, ou même celle du
Christ ; mais plutôt d’en bien pénétrer les répercussions vitales, actuelles de
cette union merveilleuse pour chacun d'entre nous. Car avec toute l'Eglise,
nous croyons que l'union du Saint-Esprit et de Marie est conclue pour tous les
siècles et qu'aujourd'hui encore Jésus continue de naître invisiblement dans
les âmes "de Spiritu Sancto ex Maria
Virgine", "par
l'Esprit-Saint, de la Vierge Marie". Voilà pourquoi Notre Dame
elle-même proclamait : “Toutes les
générations m'appelleront « Bienheureuse»“.
Et
du même coup, nous comprenons que nous ne pouvons être unis au Christ, à Dieu,
par le baptême, par la Profession religieuse, "second baptême",
sans l'Esprit-Saint et, à son rang, sans Marie.
L'Esprit-Saint
vient en nous comme l'Envoyé de Jésus “d’auprès
du Père“ (Jn
15.26)
pour prolonger, achever sa tâche en chacun d'entre nous. Certes, le Christ nous
a tout mérité par sa passion et sa résurrection : il a sauvé le monde. Mais il veut
appliquer en chacun les fruits de son Œuvre rédemptrice par son Esprit. Le
Trésor est acquis par le "Sang versé
pour la multitude", "une
fois pour toutes" ; mais ce sang doit devenir rosée pour les âmes et
être répandu sur elles "goutte à
goutte", si je puis dire, pour opérer ce que l'on pourrait appeler la
Rédemption consentie.
Oui,
le Christ veut sans cesse, de plus en plus, se communiquer à nous "par l'opération du Saint-Esprit".
Celui-là même qui présida à la naissance de Jésus - “l'Esprit-Saint viendra sur toi“ -, qui le poussa
au désert – “Il fut conduit dans
le désert par l'Esprit-Saint“ -, qui le mena à la mort - “Il s'offrit par l'Esprit-Saint“ -, celui-là même
continue en nous son œuvre. Après avoir produit le "chef d’œuvre", si
je puis dire, il en suscite les imitations. Il fait que le Christ est en nous
et que nous sommes dans le Christ. Aussi St Paul s'écrira-t-il : “Seuls sont enfants de Dieu ceux qui se
laissent mouvoir par l'Esprit-Saint“. Qui veut vivre du Christ doit
s'ouvrir à l'Esprit-Saint. Qui reçoit l'Esprit s'unit au Christ. -
Puissions-nous, avec vous aujourd'hui, sans cesse mieux le recevoir pour
devenir de plus en plus "vrais fils
de Dieu".
Mais
on ne peut l'être également sans Marie : “Par l'Esprit-Saint, il a pris chair de la Vierge Marie“. On ne peut séparer Marie de son Fils. On ne
peut devenir d'autres christs sans Marie. Mieux que St Paul, elle témoigne : “Ce n'est pas moi qui vis, c'est le Christ
qui vit en moi !“. Entre Elle et Lui s'est établi un échange admirable
: Marie donnait à Jésus son humanité ; Jésus donnait à Marie une participation
toujours croissante à sa divinité. La Mère faisait vivre le Fils de sa vie à
Elle ; le Fils faisait vivre la Mère de sa vie à Lui !
Or,
de même que l'Esprit-Saint est "don de soi" par le fond même de son
être divin, Marie, la créature la plus proche de Dieu, participe à ce
"don" incessant de soi-même. Plus une âme est unie à Dieu, plus elle
unit à Dieu. Plus une âme vit en Dieu, plus elle fait vivre de Lui. Marie ne
peut donc que nous unir à Dieu, nous engendrer en son Fils. Donner Jésus reste
l'unique ambition de cette Mère. Plus que St Paul, elle nous dit : “Petits enfants que j'enfante de nouveau
jusqu'à ce que le Christ soit formé en vous“ (Gal 4/19).
Unissons-nous
à l'Esprit-Saint et à Notre-Dame, de sorte que, par leur union en votre âme, ma
Sœur, en nos âmes, il puisse nous être annoncé à chacun d'entre nous également :
“Celui qui vient en toi est Saint ; il
est le Fils du Dieu très-Haut“… … car “rien n'est impossible à Dieu“.
Aussi,
depuis ce jour, depuis 60 ans et plus, où l'Esprit-Saint est venu et ne cesse de
venir en vous, Ma Sœur, pour "accomplir
de grandes choses", rendons grâce à Dieu, aujourd’hui et demain, invoquons
tous Marie, ne cessons jamais de l'invoquer, de la prier. C'est Elle qui
nous conduit avec certitude à Dieu ; car elle est - après l'amour du Fils de
Dieu fait homme - l'amour humain le plus pur, le seul immaculé qui s'élève
parfaitement de la terre vers le ciel.
Depuis son "Fiat", son "oui" que vous allez reprendre,
ma Sœur, comme en écho, elle est toute disponibilité à Dieu, acquiescement à sa
volonté, collaboration totale à son œuvre de sanctification en nos âmes !
On
imagine volontiers Marie allant de Dieu aux hommes dans un mouvement de
va-et-vient incessant, comme une distributrice des grâces divines. Sa médiation
est encore plus belle ! Car Marie est entièrement tournée et reste entièrement
tournée vers Dieu, en élan vers Dieu, comme son Fils (“pros ton Théon“, dira St
Jean). Et c'est en Lui - uniquement - qu'elle nous voit, en Lui qu'elle nous
aime. Marie va aux hommes en Dieu sans un seul instant détourner de Lui son
regard. Elle est, selon une image, le firmament qui se laisse envahir par le
soleil pour la plus grande joie de la terre. - En Dieu, elle nous voit avec
toutes nos misères et nous aime d'un amour qu'elle reçoit de Lui, d'un amour
divin qui est la source permanente de notre vie. Connaissance beaucoup plus
pénétrante que toutes les autres qui se laissent si facilement tromper par les
apparences; amour qui nous atteint au plus profond de notre être.
Aussi,
quand nous invoquons Marie, nous ne pouvons la considérer qu'en Dieu qui l'a
élue pour Mère de son Fils, en Dieu qui nous aime éternellement en son Fils.
Lorsque nous disons : "Le Seigneur
est avec vous ; vous êtes bénie entre toutes les femmes", elle se tourne
avec joie vers Celui qui est avec Elle et qui l'inonde de ses bénédictions. Au
fur et à mesure que montent vers Elle nos pauvres "Je vous salue Marie", si péniblement égrenés, Marie les
métamorphose en hymnes à Dieu, en doxologies trinitaires. Immanquablement, une
magie s'opère : nous disons "Marie"; et Elle, elle dit
"Dieu". Et Dieu veut bien entendre alors comme venant de nous ce
qu'Elle dit à notre place. Marie est sans cesse, avec son Fils, tournée vers
Dieu (“pros
ton Théon“)
pour qu'à travers Elle Dieu nous entende, nous protège et nous exauce.
Marie voit Dieu,
Elle se nourrit de Dieu, Elle est toute ruisselante de Dieu. Et Elle nous porte
dans ce "face à face" éternel pour que, dès ici-bas, chacune de nos
âmes en soit imprégnée, comme une mère sait transmettre à son enfant tout ce
qu'elle a. Au ciel, elle ne cesse de
répéter son "fiat", son "Amen". Et dans son
"Amen" résonnent tous nos "amen", le vôtre aujourd'hui, ma
Sœur, tous nos “amen“, qui de la terre montent vers Dieu et qu'elle ne cesse de
présenter dans le sien. Quel réconfort
que d'être dans la certitude de trouver grâce auprès de Dieu par
l'intermédiaire de Celle dont il est dit : "Tu
as trouvé grâce auprès de Dieu".
Enfin,
avec Marie et comme elle, nous saurons aller vers les hommes, et surtout
vers les plus pauvres, humainement ou matériellement. C’est ce que Benoît
enseigne d’ailleurs en faveur de tous ceux qui se présente à la porte du
monastère. Car s'il faut aller à Dieu par Marie, il faut aller aux hommes par
Elle également. La dévotion à Marie n'a pas de sens si elle n'est pas apostolique.
Trop souvent notre
dévotion à Notre Dame s'enferme dans les bornes d'un "tête-à-tête"
privé alors que nous devrions puiser dans cette dévotion individuelle le fondement
et la force de notre action chrétienne, au sein même de la famille monastique
et bien au-delà selon les circonstances. La véritable dévotion à Marie entraîne
à une véritable charité fraternelle qui dépasse de beaucoup les rigidités des
diverses observances, si utiles soient-elles ou les fébrilités d’une
sensibilité qui se veut trop conquérante et dévorante. Etre apôtre c’est avoir
cette grande humilité de Marie qui va répétant devant la porte de tous les
cœurs ce qu'elle demandait devant la porte des gens de Bethléem, en la nuit de
Noël : "Me voici à la porte, portant
le Fils de Dieu, et je frappe". Marie n’impose jamais ; elle
sollicite. Avez-vous d’ailleurs remarqué comment Marie parlait à petite Bernadette
de Lourdes ? "Voulez-vous avoir la
bonté, lui demandait-elle, de venir
ici pendant quinze jours?"
Voilà le ton de la Mère du Fils de Dieu pour s'adresser à une enfant
inculte, pauvre parmi les pauvres ! "Voulez-vous
avoir la bonté…". On peut dire que Marie ne traite jamais quelqu'un ni
de supérieur à inférieur, ni même d'égal à égal. Toujours Elle parle
d'inférieur à supérieur, parce que toujours Marie voit en chacun Jésus-Christ
qui s'approche ; alors elle demeure dans l'attitude de l'"humble servante du Seigneur".
Que
la fête d’aujourd’hui magnifiée par un heureux jubilé qui nous réjouit si fort,
nous aide à accueillir de plus en plus le Christ par l’action de l’Esprit-Saint
et de Marie, afin de mieux aimer tout frère que nous pouvons rencontrer.
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