mardi 2 février 2016

Consécration !

Présentation du Seigneur au temple - 2016 

La fête d'aujourd'hui - Présentation du Seigneur au temple - clôt l'année de la vie consacrée, de la vie religieuse, voulue par le pape François.  

Il faut toujours revenir, me semble-t-il, à notre "présentation" à Dieu - à la suite de Jésus lui-même -, présentation, consécration qui a eu lieu au jour de notre baptême, consécration amplifiée - pour certains, certaines appelés par grâce divine -, au jour de leur "profession religieuse".

La "consécration" - baptismale ou religieuse - comporte essentiellement appartenance à Dieu et dévotion à son service.

Lorsque Jésus prie pour ses apôtres, il demande, certes,
- cette consécration qui les retire du monde (mauvais), qui les unit totalement à Dieu pour " être saints et de corps et d'esprit", dira St Paul ( I Co. 7.34),
- mais aussi une consécration qui les adapte, les prépare à la tâche qu'ils auront à remplir. "Sanctifie-les dans la vérité : ta Parole est vérité. Pour eux je me consacre moi-même, afin qu'ils soient, eux aussi, consacrés dans la vérité" (Jn 17.17,19).   -  Le Christ s'est consacré lui-même, en se dévouant comme victime, afin que ses disciples, eux-mêmes consacrés, puissent
- être, eux aussi, des intermédiaires de la vérité, de la grâce divine,
- être, dira encore St Paul, "comme des vases nobles, sanctifiés, utiles au Maître, propres à toutes œuvres bonnes" (Cf. 2 Tim 2.21).

Certes, on le sait : il est difficile à des créatures faites de chair et de sang, d'être totalement, ici-bas, consacrées ; il est difficile que le corps, l'esprit et l'âme soient protégés de toute tache, comme le souhaite l'apôtre : "Que Dieu vous sanctifie totalement ; que votre être tout  entier, - esprit, âme et corps - soit gardé sans reproche pour l'Avènement du Seigneur" (I Thess 5.23).

Aussi, le même apôtre, très averti des vicissitudes de la vie terrestre, prie sans cesse pour obtenir lui-même un accroissement de charité qui puisse, écrit-il, "affermir vos cœurs en sainteté devant Dieu, notre Père" (I Thess 3.13).

Il sait d'ailleurs que Dieu, voulant faire participer ses enfants à sa sainteté - "Dieu vous a appelés à la sanctification" (I Th. 4.7) -, il sait que Dieu les exerce à cette fin par des épreuves purificatrices - "c'est pour notre bien, afin de nous faire participer à sa sainteté" dira la lettre aux Hébreux (Heb 12.10). Aussi l'apôtre leur demande de coopérer sans cesse à cette grâce, et de continuer de se purifier, en "achevant de se rendre saints" (II Co. 7.1).

Dès lors, notre existence doit être conçue comme un effort de sanctification, de consécration. - "Recherchez la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur" (Heb 12.14) -, afin de produire des fruits en vue de la justification finale : "Libérés du péché, vous portez les fruits qui conduisent à la sanctification ; et leur aboutissement, c'est la vie éternelle" (Rm.6.22).

Ainsi, il s'agit bien
- d'une part : d'être de plus en plus docile à l'action de l'Esprit Saint, dira Paul - "Dieu vous a choisis pour être sauvés par l'Esprit qui sanctifie" (II Thess. 2.13). "Vous êtes élus par la sanctification de l'Esprit pour obéir à Jésus Christ" (I Pet 1.2) -. Et c'est dans cette docilité à l'Esprit Saint qu'on est libéré du péché : "La loi de l'Esprit qui donne vie en Jésus m'a libéré de la loi du péché" (Rm 8.2).
- d'autre part, il s'agit de pratiquer à la perfection toutes les vertus : "A l'exemple du Saint qui vous a appelés, devenez saints, vous aussi, dans toute votre conduite" (I Pet. 1.15).

Mais si les chrétiens, les religieux sont des sansctifiés en permamanence et définitivement - "Le Christ a rendu parfaits pour toujours ceux qu'il sanctifie" (Heb 10.14) -, c'est  pour qu'ils soient constitués en un corps sacerdotal : "Tu as acheté par ton sang des hommes et tu en as fait pour notre Dieu des prêtres" (Apoc 1.5-6 ; 5.9-10), des prêtes qui officient devant Dieu : "Prêtez-vous à l'édification d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint, en vue d'offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus" (I Pet 2.5).

Si la sanctification - la consécration - est accordée, c'est donc pour nous permettre de rendre à Dieu un culte qui lui soit agréable, dans des sentiments de religion et de crainte : "Rendons à Dieu un culte qui lui soit agréable, avec religion et crainte" (Heb 12.28).

L'idéal religieux n'était-il pas déjà de "servir Dieu dans la sainteté et la justice sous son regard, tout au long des jours", comme le chantait Zacharie (Lc 1.75) ? Cet idéal est réalisé par l'homme nouveau, "créé selon Dieu dans la justice et la sainteté de la vérité" (Eph. 4.24).

Cette sainteté n'est pas tant celle d'une parfaite correction morale - "Notre comportement parmi vous fut saint, juste, sans reproche" (I Thess 2.10) - que cette piété et cette pureté religieuse qui permettent d'accomplir dignement les actes d'un culte divin.

Aussi, cette sainteté - consécration - est communiquée par le Sanctificateur, le Grand Prêtre céleste, saint et juste, qui, associant les siens à son ministère sacerdotal, donne à leur vie le caractère d'une liturgie se déroulant en présence de Dieu : "Car le Sanctificateur et les sanctifiés ont tous même origine. C'est pourquoi Jésus ne rougit pas de les nommer frères" (Heb 2.11),

Et l'Apocalypse présente les élus du ciel enveloppés de robes blanches avec des palmes à la main - symbole de pureté et de victoire sur la mal (Cf. Apoc 7.9 ; 3.5 ; 6.11) - ; ils se tiennent debout en face du trône de Dieu et en face de l'Agneau, "les servant nuit et jour dans le temple"  (Apoc 7.15)..

Dès lors, St Paul, envisageant les croyants comme prêtres et victimes de leur propre sacrifice - à l'instar du Christ - leur demande de s'offrir eux-mêmes, quotidiennement ; car ils ne disposent plus d'eux-mêmes, une fois qu'ils ont été mis en l'appartenance de Dieu par la consécration baptismale, religieuse.

Aussi, toute leur vie morale ne doit être que le déploiement de ce culte spirituel - "Je vous exhorte à offrir vos personnes en hostie, sainte, agréable à Dieu. C'est là le culte spirituel que vous avez à rendre" (Rom. 12.1) -. Notre vie ne doit être que l'oblation d'une hostie vivante, ou mieux "une liturgie de la foi" : "Si mon sang même doit être versé en libation dans le sacrifice et le service de votre foi, j'en suis heureux et m'en réjouis avec vous tous" (Phil 2.17).

C'est ainsi que l'existence entière, depuis l'offrande de l'âme elle-même et son culte intérieur, jusqu'aux bonnes œuvres, est consacrée à Dieu...

Jusqu'aux bonnes œuvres comme
- la prière d'abord : "Offrons à Dieu un sacrifice de louange en tout temps, c'est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son Nom" (Cf. Rom. 15.10),
- la fuite du mal : "Fuyez le mal avec  horreur ; cherchez le bien !" (Rm12.9).
- l'effort permanent de purification : "Sans cesse, purifiez-vous du vieux levain !" (I Co. 5.7).
- la recherche d'une union intime avec Dieu. Sans cesse le Seigneur demande comme aux premiers disciples ou à Marie de Magdala : "Que cherchez-vous ? Qui cherchez-vous ?" (Jn 1.38 ; 20.15). Puissions-nous répondre avec l'épouse du Cantique des cantiques : "Je cherche celui que j'aime", le Seigneur (Ct 3.1).
- l'aumône qui ne doit pas seulement combler les besoins de nos frères, dit St Paul, mais faire abonder les actions de grâces envers Dieu !" (cf. 2 Cor. 9.12),
- l'accroissement de la charité : "rendre témoignange à la charité !" (3 Jn 3, 6)


Mais tout ce culte du consacré suppose une forte union à l'Officiant par excellence, le Christ Jésus.
Il suppose aussi la médiation de l'Eglise et des apôtres dont le ministère sacerdotal est de rendre les convertis aptes à offrir au Seigneur une oblation digne de lui et qui est le don de leur vie entière : "Je vous ai écrit comme un officiant du Christ Jésus auprès des païens, afin qu'ils deviennent une offrande agréable, sanctifiée dans l'Esprit Saint" (Rm.15.15-16).

Sous cet aspect, la vie du consacré est le vrai culte "en esprit et vérité" (Jn 4.23) dont parlait Jésus et qu'il a rendu possible en faisant des croyants des enfants de Dieu. Des enfants de Dieu, donc des adorateurs parfaits qui rendent un culte à Dieu - bien au-delà des règlements et pratiques cultuelles - par un profond amour envers leur Père des cieux qui les aime !
Et c'est ainsi qu'ils sansctifient son Nom -"Que ton Nom soit sanstifié" -,
qu'ils glorifient le Christ : "rien ne me confondra et le Christ sera glorifié dans mon corps, soit par ma vie, soit par ma mort" (Phil. 1.20).

C'est ainsi que, au cours de cette procession liturgique qu'est la vie ici-bas, les chrétiens ne cessent pas de se rapprocher du Temple céleste, où sont déjà rassemblés dans une merveilleuse louange les justes arrivés au but et consommés en perfection : "Vous vous êtes approchés
de la cité du Dieu vivant, de la Jérusalem céleste,
et de myriades d'anges, en réunion de fête,
de l'assemblée des premiers-nés qui sont inscrits dans les cieux,
des esprits des justes parvenus à leur perfection,
de Jésus médiateur d'une alliance nouvelle" (Heb 12.23).

Aussi, l'auteur de la lettre aux Hébreux nous encourage :
"Avançons-nous donc avec assurance vers le trône de la grâce" (Heb 4.16)
et :  "Poursuivez la sanctification sans laquelle personne ne verra le Seigneur" (Heb 12.14).

Veuillez excuser les nombreuses citations bibliques. Mais je pense - et ce serait interressant de le faire - qu'elles pourraient émailler le texte de la Règne de St Benoît qui, bien sûr, s'en inspire tant il parle de sanctification, de consécration, du culte à rendre à Dieu et par la voix et par la vie toute entière, afin de témoigner de notre grand désir : "être pour toujours avec le Christ en gloire !" (Cf. Phil  1.23. Col 3.4). Avec tous nos frères !

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