Epsilon
de Carême - Libération (1) ! -
On a proclamé, on a écrit : "Jésus, LE LIBERATEUR !"
!
Devant cette affirmation, certains
contestent : “Libérateur de qui, de quoi ?
Certes, nous aspirons à de meilleures conditions de vie, à être libérés... de
la maladie, des accidents, des inconvénients divers inhérents à toute
existence. Mais, nous ne sommes quand même pas des esclaves !”.
En sommes-nous très sûrs ?
Essayons de voir clair en ce domaine :
- On peut manifester une certaine conscience d’un besoin de libération
- On peut avoir un besoin objectif de libération plus ou moins conscient.
- Mais la
conscience d'un besoin objectif de libération et le besoin objectif de libération ne se superposent pas toujours parfaitement
! C’est là, le drame !
- Il y a parfois plus ou moins concordance
: Ainsi, le parisien des mois d’été peut prendre
conscience d’un besoin estival, d’un besoin de soleil et de grande
respiration sur le sable d’occasion de “Plage-Paris” !
Et le paysan qui, arrive dans la Capitale,
éprouvera immédiatement le besoin
objectif d’être libéré le plus tôt possible de l’air pollué et des
“encombrements de Paris”. Il prendra la première occasion libératrice pour
aller respirer à nouveau le vent qui souffle sur son champ de patates dont se
gausse facilement le parisien.
- Le plus souvent la concordance est
moindre. L’homme, dans sa conscience,
peut imaginer des besoins de libération et être aveugle sur les besoins de la vie. Ainsi l’automobiliste,
dans une ville, est obsédé, dans sa
conscience, de son besoin de se déplacer, de circuler, de pouvoir
stationner... tandis que. le promeneur, lui, ressentira le besoin objectif d’être libéré du bruit assourdissant et du
gaz carbonique qui se dégagent des automobiles.
- Plus sérieusement encore, il existe des
états de misères où il n'y a aucune
conscience d’esclavage. Pourquoi ? Parce que ces “miséreux” - ces
esclaves divers de toute époque - ne peuvent imaginer que les choses soient
autrement. Il faut un minimum de connaissance pour le concevoir, pour prendre conscience d’un état
d'esclavage… !
C’est ce qui existait chez les Hébreux en
Egypte. Seul, Moïse qui, lui, avait une éducation d'un noble égyptien pouvait concevoir comme condition
de servitude les circonstances de vie de ses frères... Il éprouvait peux eux le besoin d'une libération. Eux,
n’avaient que des revendications occasionnelles… liées à leur condition
d’esclave.
Il faut donc admettre qu'il existe bien un besoin objectif de libération
dont l'homme puisse ne pas en être
pleinement conscient..., que demeure toujours une sorte de décalage
entre la conscience et le besoin.
Au temps de Jésus, il y avait ce décalage
dramatique entre conscience et
besoin :
Les Juifs subissaient une dure occupation
romaine. Et pour ce peuple, au plan de la conscience,
le besoin de libération nationale
était infiniment ressenti, survolté, surchauffé.
Or, Jésus, lui, a déçu ce besoin en
n’intervenant pas à ce niveau de libération, et en "s'amusant", si je
puis dire
- à libérer
les hommes de leurs péchés, alors qu'ils avaient
envie d'être libérés des Romains,
- à dire à un paralysé : "tes péchés te sont remis",
alors qu'il avait simplement envie de se
promener.
Jésus voulait faire prendre conscience d’un besoin qui ne coïncidait pas au besoin dramatiquement
ressenti et exacerbé du peuple de son époque.
Finalement, notre prise de conscience de libération est souvent myope. Elle ne
voit que les effets ressentis et
exprimés d’une cause objective
de libération nullement découverte.
Et cette prise de conscience myope risque seulement de faire osciller, de
façon de plus en plus folle et contradictoire, le nuisible balancier des
conséquences d’une servitude objective -
"lutte des classes" -, sans jamais arriver à trouver une réelle libération.
Alors, que faire ? (A suivre).
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