jeudi 18 février 2016

Renaissance permanente !

Epsilon de Carême - Comment prier (2)  - La Prière : Renaissance permanente !

Si la prière n'est pas une question de moralité...,
Si les "techniques" pour prier n'y suffisent pas...,
Alors, comment prier ?

Reprenons la parabole du pharisien et du publicain.
Dans l'homme qui semblait un modèle de santé religieuse - le pharisien -, Jésus diagnostique le mal le plus irrémédiable.

Certes, ce pharisien est intègre et généreux, ne commettant ni vol, ni injustice, ni adultère, cultivant la maîtrise de soi et la générosité. Pourtant, cet homme n'est pas redescendu chez lui "justifié", parce que sa prière l'a enfermé sur lui-même.

Il remercie Dieu d'être un bon pharisien. Il "pose" son existence face à Dieu. Il ne sait plus que l'homme a toujours à "re-naître" de la bonté de Dieu. Ce n'est pas pour rien qu'après cette parabole, Luc nous rapporte la parole de Jésus : "Quiconque n'accueille pas le Royaume de Dieu en petit enfant n'y entrera pas" (18/17).

Or, le pharisien ne pense plus être un "enfant de chœur". Il est un adulte installé à son compte dans les affaires de Dieu. Or, la foi, disait justement le pape François dernièrement, n'est pas un "compte en banque spirituel".

Le pharisien, lui, rend grâce pour son existence droite ; mais, ce faisant, il ignore qu'il a toujours à recevoir sa vie, dans une pauvreté radicale, de la grâce gratuite et gracieuse de Dieu.

Le pharisien ne veut plus "re-naître"; il ne sait plus qu'il a, chaque jour, à tout accueillir de Dieu comme un enfant. Dieu n'est plus pour lui la source incroyable où coule l'eau vive qui toujours nous ranime.
Dieu n'est pas, pour lui, Celui qui surgit avec le visage de la tendresse, de la miséricorde, là où on l'attend avec celui de la justice. Dieu ne le surprend plus.
Le pharisien ne parle que de lui en parlant de Dieu. Sans le savoir, il refuse Dieu. Il se trompe sur Dieu !

Du même coup, il s'est "séparé" également des autres. Il n'est pas comme le reste des hommes, et en particulier comme ce publicain qui semble arriver juste à point pour fournir un terme de comparaison. Sa prière déclare cette distance.

Face aux hommes, comme face à Dieu, le pharisien est installé à son compte. Il n'a pas besoin d'eux. Il n'a plus à recevoir. Il a laissé derrière lui les hommes du commun. Il refuse l'humanité.

Oui, la prière a ses risques :
elle peut emmurer en lui-même celui qui croit s'adresser à Dieu,
elle peut bafouer Celui qu'elle croit louer,
elle peut piétiner la solidarité élémentaire des hommes entre eux.

(à suivre)

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