Epsilon
de Carême - Comment prier (2) - La
Prière : Renaissance permanente !
Si la prière n'est pas une question de
moralité...,
Si les "techniques" pour prier
n'y suffisent pas...,
Alors, comment prier ?
Reprenons la parabole du pharisien et du
publicain.
Dans l'homme qui semblait un modèle de
santé religieuse - le pharisien -, Jésus diagnostique le mal le plus
irrémédiable.
Certes, ce pharisien est intègre et
généreux, ne commettant ni vol, ni injustice, ni adultère, cultivant la
maîtrise de soi et la générosité. Pourtant, cet homme n'est pas redescendu chez
lui "justifié", parce que sa prière l'a enfermé sur lui-même.
Il remercie Dieu d'être un bon pharisien.
Il "pose" son existence face à Dieu. Il ne sait plus que l'homme a
toujours à "re-naître" de la bonté de Dieu. Ce n'est pas pour
rien qu'après cette parabole, Luc nous rapporte la parole de Jésus : "Quiconque n'accueille pas le Royaume
de Dieu en petit enfant n'y entrera pas" (18/17).
Or, le pharisien ne pense plus être un
"enfant de chœur". Il est un adulte installé à son compte dans
les affaires de Dieu. Or, la foi, disait justement le pape François
dernièrement, n'est pas un "compte
en banque spirituel".
Le pharisien, lui, rend grâce pour son
existence droite ; mais, ce faisant, il ignore qu'il a toujours à recevoir
sa vie, dans une pauvreté radicale, de la grâce gratuite et gracieuse de
Dieu.
Le pharisien ne veut plus
"re-naître"; il ne sait plus qu'il a, chaque jour, à tout
accueillir de Dieu comme un enfant. Dieu n'est plus pour lui la source
incroyable où coule l'eau vive qui toujours nous ranime.
Dieu n'est pas, pour lui, Celui qui surgit avec
le visage de la tendresse, de la miséricorde, là où on l'attend avec celui
de la justice. Dieu ne le surprend plus.
Le pharisien ne parle que de lui en parlant
de Dieu.
Sans le savoir, il refuse Dieu. Il se trompe sur Dieu !
Du même coup, il s'est
"séparé" également des autres. Il n'est pas comme le reste des
hommes, et en particulier comme ce publicain qui semble arriver juste à point
pour fournir un terme de comparaison. Sa prière déclare cette distance.
Face aux hommes, comme face à Dieu, le
pharisien est installé à son compte. Il n'a pas besoin d'eux. Il n'a plus à
recevoir. Il a laissé derrière lui les hommes du commun. Il refuse l'humanité.
Oui, la prière a ses risques :
elle peut emmurer en lui-même celui qui
croit s'adresser à Dieu,
elle peut bafouer Celui qu'elle croit
louer,
elle peut piétiner la solidarité élémentaire
des hommes entre eux.
(à suivre)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire