2ème
Dimanche de Pâques 2014 - Dieu, "riche en miséricorde !".
Aujourd'hui, nous
sommes par la pensée et la prière à Rome où beaucoup se sont rendus à
l'occasion de la canonisation des papes Jean XXIII et Jean-Paul II.
Aussi, je ne ferai pas d'homélie, ou,
plutôt, je vous transmettrai celle que Jean-Paul II avait prononcée en
l'honneur de Dieu "riche en miséricorde". C'est lui qui a voulu que
l'Eglise prie Dieu sous ce vocable spécialement au dimanche après Pâques !
Mais auparavant quelques mots à propos
de Jean XXIII !
Jean-Paul II disait lui-même : "Ce grand pape frappa les gens par
l'affabilité de son visage où apparaissait la singulière bonté de son âme
!". "Le bon Pape Jean", dira-t-on très vite !
Durant sa nonciature à Paris, il aimait
venir à Solesmes, surtout à l'occasion de la Semaine Sainte. On garde le
souvenir de sa bonté qui, cependant, n'avait rien de bonasse, de sa grande
piété mais aussi de sa gaieté, de sa joie permanente - "la joie de
l'Evangile" -. Bien des photographies l'attestent : autour de lui, il n'y
avait que des visages souriants et même rieurs.
Il est vrai qu'il avait l'art de la
plaisanterie avec gentillesse, esprit et surtout humour. On raconte qu'à
l'occasion d'une réunion publique, était également présent, non loin de
lui" le président du Parti Communiste, Maurice Thorez, qui, comme lui, avait
un certain embonpoint ; il alla le saluer et ajouta à mi-voix : "Je crois que nous sommes du même
arrondissement !". Cet humour était surtout un effet de sa bonté très
ouverte. Ne disait-il pas : "Il faut
être un peu trop bon pour l'être assez !".
Cet humour qu'il pratiquait envers lui-même
était également à l'image de sa grande humilité qu'il conserva toujours
même lorsqu'il fut devenu pape. "Il
y a deux sortes de diplomates, disait-il. Il y a ceux qui parlent beaucoup pour éviter les questions gênantes ;
et il y a ceux qui ne parlent pas ou très peu". Et, ajoutait-il, en se
moquant de lui-même : "je crois que
je fais partie de la première catégorie !".
Plus sérieusement, "il a su unir, disait Jean-Paul II, les vertus chrétiennes à une profonde connaissance de l'humanité, de
ses lumières et de ses ombres !". Il paraissait ne jamais être
désemparé : Plein de confiance en la divine Providence, il manifestait
toujours un optimisme indéfectible, l'optimisme de l'âme chrétienne unie
au Christ mort mais toujours vivant, au Christ pascal.
Lorsqu'il annonça, à Saint-Paul-hors-les
murs, la tenue d'un futur concile, un cardinal crut devoir lui prédire : "Très Saint Père, vous allez déchaîner
le diable !". - "Oui,
oui, répondit-il avec sourire ; mais
nous sommes plus forts que le diable !", plus forts avec le Christ qui
a vaincu le mal, vaincu Satan lui-même !
Un jour, un évêque se plaignit auprès de
lui de divers tracas qui l'empêchaient de dormir. "Oui, oui, je comprends, lui dit le bon pape, cela m'est arrivé également jusqu'au jour où
j'ai rêvé de mon ange gardien ; il me disait "Voyons, Angelo, ne te prends
pas trop au sérieux !". Tant qu'un homme se prend trop au sérieux,
tant qu'il "n'aura pas marché sur
son moi, disait-il encore, il ne sera
pas libre !". Il manifestait ainsi ce que St Paul disait : "Ma puissance donne toute sa mesure
dans ma faiblesse !". (2 Co. 12.9).
"Où
que tu ailles, vas-y avec ton cœur !", disait-il encore. C'est
surtout ainsi que "le bon Pape
Jean" a été perçu. Il avait le souci de tout homme, du monde entier.
Et l'on sait l'impact important de son encyclique "Pacem in terris". La Paix pour tout homme, sur toutes
terres ! C'était son grand désir ! Car, disait-il encore, "l'Eglise ne doit pas seulement s'occuper des catholiques, mais du
monde entier !".
Et je pense qu'aujourd'hui le monde entier
peut l'acclamer, acclamer le "bon pape", Saint Jean XXIII !
Il y aurait
beaucoup à dire également sur Jean-Paul II. Je me contenterai aujourd'hui de vous transmettre une de ses homélies,
celle qu'il a prononcée lors d'une visite pastorale à la paroisse romaine
"Saint François de Sales", le dimanche 13 mars 1994. Le thème de
cette homélie était le message de Sœur Faustine, le message de la miséricorde
divine !
Ecoutons le pape en ce jour de sa canonisation, en ce dimanche après
Pâques qu'il a voulu : "dimanche de la miséricorde" :
"La parole-clé de la liturgie
de ce jour est celle-ci : « Dives in misericordia », "Dieu
riche en miséricorde". Cela a été pour moi une parole-clé depuis le
début de mon pontificat, de mon ministère ici, à Rome.
Cette inspiration a été
apportée dans ma patrie, à Cracovie, à travers une simple Sœur qui
s’appelait Faustine ; elle est probablement connue aussi à Rome,
connue dans le monde entier, bien qu’elle ait mené une vie très cachée dans le
Christ.
Elle a vécu entre les deux
guerres mondiales. C’est une grande mystique, l’une des plus grandes dans
l’histoire de l’Église. Elle avait une étonnante proximité avec Jésus. Et Jésus
s’est révélé à elle comme étant "miséricordieux" !
Venant de cet environnement,
j’ai apporté ici une inspiration, presque un devoir : tu ne peux pas, me
disais-je, ne pas écrire sur la miséricorde. C’est ainsi qu’est née la deuxième
encyclique de mon pontificat : « Dives in misericordia », "Dieu
riche en miséricorde".
Qui est ce Dieu « riche
en miséricorde » ? Jésus nous l’explique dans une conversation
nocturne avec Nicodème. Il dit ceci : "Dieu a tant aimé le monde
qu’il a donné son Fils unique, pour que quiconque croit en lui ne se perde pas
mais ait la vie éternelle. Car Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde
pour juger le monde, mais pour que le monde soit sauvé par lui !"
(Jn 3,16-17). Ces paroles extrêmement
profondes, qui constituent quasiment le noyau de la Révélation chrétienne, sont
ensuite illustrées par un exemple, une parabole particulière de la vie de
Moïse.
Nous savons bien que Moïse
était un grand chef, un grand prophète parmi son peuple. Il a fait sortir
d’Égypte les Hébreux, de l’esclavage vers la Terre promise, à travers le désert
pendant quarante ans. Sur ce chemin, sur cet itinéraire, il y a eu une étape
très difficile : les serpents avaient attaqué les juifs et ceux-ci
devaient mourir. Alors, à ce moment-là, Moïse a reçu de Dieu un
commandement : "Fais-toi un serpent, et dresse-le au sommet d'un
mât : tous ceux qui auront été mordus, qu'ils le regardent, et ils
vivront !" (Nb 21,8).
C’est un symbole, c’est plus
qu’un symbole : c’est la prophétie de la Croix. Qui regarde
Jésus crucifié sera guéri physiquement mais surtout guéri spirituellement,
sauvé de ses péchés.
C’est le message central,
constitutif de l’Évangile.
Dans l’Évangile de St Jean,
après ces paroles, Jésus en ajoute d’autres qui sont très significatives.
Jésus parle de marcher dans
les ténèbres ou de marcher dans la lumière. Il dit : nous devons marcher dans la
lumière. Celui qui marche dans la lumière, qui s’approche de la lumière,
accomplit des œuvres bonnes. Si ses œuvres sont bonnes, il veut être dans la
lumière. Si ses œuvres ne sont pas bonnes, si elles sont mauvaises, honteuses,
il ne veut pas apparaître, il ne veut pas se trouver dans la lumière, il veut
rester dans les ténèbres.
Ces paroles sont quasiment une
indication classique de ce que nous devons faire. Nous devons nous
approcher de la lumière de notre conscience, de la lumière du sacrement de la
réconciliation. Nous devons nous approcher pour marcher dans la lumière (pascale du Christ ressuscité !).
... Aujourd’hui, la première
Lecture nous rappelle l’ancienne Alliance que Dieu a scellée avec son peuple
Israël... Et Dieu fut toujours fidèle à cette Alliance !
Je suis convaincu - et tous
les évêques, tous les chrétiens en sont convaincus - que Dieu a scellé une
Alliance avec toute l’humanité, avec tous les peuples, avec toutes les
nations... Nous devons invoquer cette fidélité de Dieu, nous devons nous
montrer fidèles envers lui... parce que Lui est toujours "riche en
miséricorde" !
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