Vendredi
de Pâques 2014
C'est un magnifique évangile qui
nous est donné de méditer en ce temps pascal !
Ce récit de la troisième apparition de
Jésus ressuscité au bord du lac de Tibériade n'est peut-être pas de St Jean
lui-même. Celui-ci a semblé conclure son évangile par les versets qui
précèdent. Ce récit fut peut-être composé par quelques disciples de l'apôtre
"bien-aimé" comme le suggèrent les dernières lignes de son évangile ?
Peut-être ! Mais peu importe d'ailleurs !
"Je
m'en vais à la pèche", dit Pierre ! Il ne faut pas
obligatoirement voir en ces paroles, comme on l'a dit, une attitude, un
sentiment de nostalgie du temps écoulé, du temps des trois années passées avec
le "Maître" !
On ne peut pas vivre à tout instant sur les
sommets, sur le sommet du jour de Pâques qui a permis aux disciples de revoir
leur Seigneur ! Il faut vivre, comme l'on dit ! Il faut reprendre la vie tout
ordinaire, celle de tous les jours. D'ailleurs, Jésus ressuscité n'a-t-il pas
précisé que désormais on le verrait en "Galilée", autrement dit sur
les chemins ordinaires des hommes ? Jésus veut désormais nous rejoindre dans
l'ordinaire de notre vie ! Ne l'oublions pas et ne soyons surtout pas à la
recherche d'un "sensationnel" quel qu'il soit !
"Nous
allons avec toi !". Ils sont six à suivre Pierre dans la
barque !
- Il y a les pécheurs professionnels, si je
puis dire : Pierre et les deux fils de Zébédée, des ardents ceux-là, appelés "fils du tonnerre" ! (Mc 3.17).
- Il y a curieusement Nathanaël ! Car lui,
c'est plutôt un intellectuel formé à l'école des scribes. Rappelons-nous sa
rencontre avec Jésus qui lui dit l'avoir vu sous le figuier, cet arbre ombragé
où les scribes aimaient se rassembler, partager, discuter. Nathanaël, ce
théologien monte dans la barque !
- Il y a encore Thomas. Il n'est pas
pécheur lui non plus ! Ni un intellectuel. C'est plutôt un homme d'une
intelligence très pratique qui appelle un chat un chat ! C'est lui qui disait :
"Si je ne vois pas les marques des
clous dans ses mains, non, je ne croirai pas !". Il ne doutait pas
obligatoirement, comme on l'a trop dit ! Il posait, il se posait des questions.
Et bien, ce "questionneur" auquel nous ressemblons parfois monte dans
la barque de Pierre !
- Et puis, il y a deux autres disciples qui
ne sont pas nommés.
Ils sont sept - chiffre de plénitude - à
monter dans la barque !
On dirait que tous les différents apôtres
de la future mission évangélique montent dans la barque de Pierre, dans la
barque de l'Eglise !
Et il y a la fameuse pèche miraculeuse !
Il y a deux pèches miraculeuses dans les
évangiles, toutes deux opérées sur l'ordre du Seigneur (cf. Luc 5.1.11). Et St Augustin
s'en donne à cœur joie de les comparer :
- L'une eut lieu avant la résurrection ;
l'autre après Pâques !
- Les deux barques des deux pèches
miraculeuses représentent l'Eglise tout entière : l'une, c'est l'Eglise
actuelle ; elle se trouve au milieu du lac, dans les eaux profondes..., les
eaux profondes du monde ! Et l'autre, c'est toujours l'Eglise ; mais la barque
arrive près du rivage, près de la nouvelle "Terre promise" où le
Christ ressuscité nous attend !
- Ces pèches miraculeuses sont faites sur
la parole du Christ, sur son ordre ! Car il n'y a que la Parole de
Dieu qui est efficace et non point la parole d'un homme ! N'allons surtout
pas croire, présomptueux que nous sommes parfois, que nous sommes
"pécheurs d'hommes" du fait de nos propres forces humaines, ou du simple
fait - énormité ! - que nous sommes prêtres, missionnaires, religieux,
religieuses, responsables d'une paroisse, d'une Communauté - et que sais-je
encore - ! La pèche n'est "miraculeuse" que si nous savons
transmettre la "Parole de Dieu", agir "sur son ordre" à l'exemple de Moïse à qui était permis
de parler "al pi Adonaï",
"sur la bouche de Dieu" !
Baptisés - et donc missionnaires là où nous
sommes -, ayons toujours à l'esprit cette grande vertu d'humilité que
recommande tellement St Benoit. Agissons toujours avec la force du Christ,
comme le soulignent les lectures de ces jours-ci à propos de Pierre. Il avouait,
lui, tout simplement qu'il n'avait rien, qu'il n'était rien. S'il agissait,
c'était toujours "au nom de Notre
Seigneur Jésus, le Ressuscité" ! Ce que St Paul saura traduire : "Ce n'est plus moi qui vis, c'est le
Christ qui vit en moi !".
Puisse toute notre vie être toujours sous
l'action de "Notre Seigneur Jésus,
le Ressuscité" ! Je crois que c'est l'un des secrets de la
sainteté qui consiste à être de plus en plus "transparence" de Dieu !
Et sachons toujours nous souvenir que le premier péché - celui de nos premiers
parents -, fut une faute d'orgueil. Et c'est toujours le fondement de toute faute
: se croire quelqu'un et devant les hommes et même devant Dieu ! C'est le péché
par excellence !
Et c'est toujours dans ce sentiment
d'humilité que nous pouvons entendre véritablement l'invitation du Seigneur : "Va travailler à ma vigne !" -
ou : deviens "pécheur d'hommes"
! Et nous le sommes alors avec grande tranquillité d'esprit, en toutes
circonstances :
- que la pèche soit apparemment
infructueuse. Et cela arrive bien sûr. Mais nous nous en remettons au
Seigneur, le "vrai Pasteur" !
- que la pèche soit fructueuse comme
celle de l'évangile d'aujourd'hui ou comme celle que raconte St Luc (15.1-11) - celle qui eut
lieu avant la résurrection - au point de remplir deux barques !
"Il
y a là un grand enseignement, dit St Augustin. La première pèche, c'est celle, dit-il, de l'Eglise du temps présent ; et les deux barques figuraient les deux
peuples de l'Alliance : les Juifs et les Gentils, la Synagogue et l'Eglise, la
circoncision et l'incirconcision". Ce sont les hommes du monde entier,
sans distinction aucune, qui peuvent être pris dans les filets divins pour
monter dans la barque de l'Eglise !
Mais St Augustin ajoute : "Qu'avons-nous encore entendu ?".
Lors de la première pèche, "les disciples
jetèrent les filets ; et ils prirent une si grande quantité de poissons que les
barques s'enfonçaient et que les filets se rompaient". C'est la figure
de l'Eglise du temps présent ; et ne soyons surtout pas étonnés : Oui, "un grand nombre de mauvais chrétiens surchargent
et oppriment l'Eglise". Mais les barques ne coulent pas pour autant.
L'Eglise ne coulera jamais.
Cependant les filets se rompent. Et St
Augustin de commenter simplement : "Si
les filets ne s'étaient pas rompus, les schismes ne seraient pas arrivés
!". Aussi, ne nous étonnons pas de toutes ces contrariétés. C'est la
condition de l'Eglise du temps présent. Et nous savons que le Christ ressuscité
veille sur la barque de son Eglise et la mènera à terme...
C'est la signification de la seconde
pèche miraculeuse, celle qui eut lieu après la résurrection ! "Pierre - le chef des apôtres - tira le filet sur le rivage !". "Le rivage, c'est l'extrémité de la mer
; l'extrémité de la mer, c'est la fin du siècle", la fin du monde.
Lors de la première pèche, les filets ne
furent point trainés sur le rivage, mais les poissons qu'on venait de prendre
furent versés dans les barques. Ici, les disciples tirent les filets sur le
rivage. Cette fin viendra : nous serons tirés sur la terre ferme, la
"Terre promise"... où le Christ ressuscité, le Christ glorieux nous
attend
Il y aura 153 poissons !
Je vous passe les réflexions de St Augustin
sur ce sujet. Quelque peu pythagoricien, il explique ce chiffre par des
symboles multiples et divers sur des pages et des pages !
Le sens le plus vraisemblable de ce chiffre
est celui-ci : 153 ! C'était le nombre des différents poissons connus par les
Juifs au temps de Notre Seigneur. Aussi ce chiffre de 153 signifie l'ensemble
des hommes du monde entier pour lesquels le Christ est mort et ressuscité !
Et retenons surtout : le Christ nous
attend sur la rivage de la vie éternelle ; et il nous convie à un repas, à son
repas pascal, au repas du Royaume de Dieu dont il nous donne déjà un
"signe", un sacrement" ici-bas ! Que ce sacrement est grand !
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