samedi 19 avril 2014

Christ est ressuscité !

Vigile pascale 2014 :  
Joyeuse
et
sainte
fête de Pâques

Un seul message retient notre attention, cette nuit ! Mais quel message !
"Notre Dieu est un Dieu de délivrances, à Lui sont les issues de la mort !". (Ps 68.21).. Tel est notre cri en cette nuit pascale ! "Le Christ est ressuscité !" - "A Dieu sont les issues de la mort !"

Au temps de Notre Seigneur, la foi en la résurrection des morts était courante dans la majorité du peuple juif. Les Sadducéens ne la partageaient pas, mais les pharisiens la proclamaient. Et vous vous rappelez comment Paul, appelé à comparaître devant le Sanhédrin, divisa son auditoire composé de Sadducéens et de Pharisiens en évoquant cette certitude de foi en la résurrection des morts (Ac. 23.6-8). Et les Pharisiens devaient déjà prier comme le font les juifs aujourd’hui : Béni sois-tu Seigneur, notre Dieu, Roi de l’univers, toi qui ressuscite les morts !".

C'est que notre Dieu est essentiellement un Dieu de Vie ! Un Dieu qui donne Vie ! Dans la Bible, il est dit que Lui seul détient, en faveur des hommes, les trois clefs de la vie :
- Lui seul ouvre le sein maternel, comme le souligne Jacob en s'adressant à Rachel qui lui reproche d'être sans enfant : "Suis-je à la place d'Elohim" qui donne vie ? (Gen 30.2).
- Lui seul possède la clef des nuages qu'il ouvre pour donner pluie fécondante. Autrement dit, lui seul maintient en vie ! (Cf. Dt 11.14 - Ps 68.10 etc).
- Et enfin, lui seul a la clef des tombeaux... Béni sois-tu Seigneur, notre Dieu, Roi de l’univers, toi qui ressuscite les morts !"

On a dit que le peuple juif n’est arrivé que tardivement à l’idée d'une "survie" après la mort, qu’on ne la trouve formulée explicitement que dans le livre des Maccabées. Et on a dit qu’en cela les Juifs se distinguaient de beaucoup d’autres peuples, même peu évolués, dont les rites funéraires reflétaient confusément l’idée d’une survie "spirituelle".

Je crois qu’il faudrait dire plutôt que les juifs, avec leur esprit réaliste et réfractaire aux spéculations idéologiques, ont vu cette certitude de foi en la résurrection se développer à partir d'une réflexion sur leur propre histoire, à partir de leur expérience vécue d’un Dieu vivant capable de les sortir de toutes les impasses. Une expérience faite collectivement :
- "Je suis le Seigneur ton Dieu qui t’ai fait sortir d’Egypte".
- Je suis le Dieu Vivant qui ressuscite les ossements desséchés, au temps d’Ezéchiel...
- Je suis le Dieu qui t'ai fait sortir du tombeau de l'exil à Babylone. 
- "JE SUIS" ! etc

Et c'est en ce sens qu'il nous faut accueillir toutes les lectures de notre vigile pascale :
- Dieu donne vie au matin de la création. (1ère lecture)
- Dieu donne certitude de vie à Abraham par delà le sacrifice d'Isaac. (2ème lecture)
- Dieu donne vie en délivrant le peuple de son esclavage en Egypte, le faisant passer de la servitude au service de Dieu ! (3ème lecture)
- Dieu donne vie par son alliance d'amour avec le peuple élu, comme le souligne Isaïe (4ème lecture)
- Dieu maintient en vie autant par l'eau du ciel que par sa Parole de vie toujours efficace, comme le souligne encore Isaïe (5ème lecture)
- Dieu donne vie en donnant à l'homme sa sagesse de vie ! (Baruc : 6ème lecture)
- Dieu donne vie en nous délivrant de nos propres souillures, en nous donnant cœur et esprit nouveaux (Ezéchiel - 7ème lecture).

Même si nous n'avons pas lu tous ces passages de la Bible que la liturgie nous offre, nous pouvons les reprendre en ces jours de Pâques pour constater que le peuple de Dieu, tout au long de son histoire, a fait cette expérience d'un Dieu capable de faire vivre, de faire revivre aujourd'hui comme hier, et comme il le fera demain !

A quel moment cette certitude fondée sur l’expérience faite au plan collectif est-elle passée au plan individuel ? Il est difficile de répondre. Mais je crois que ce fut beaucoup plus tôt qu’on ne le pense, l’individu, membre de la collectivité, étant facilement en symbiose avec cette collectivité et pensant comme elle.

Il est important de souligner cet aspect. Notre propre foi, pour s'établir, se fortifier, a besoin de l'Eglise, Corps du Christ, du Christ ressuscité ! ... Notre foi au Christ ressuscité est, tout en même temps, collective, ecclésiale et individuelle, personnelle.
Au matin de Pâques, ce n'est pas un seul témoin - même un St Jean -, mais l'ensemble des témoins de la nouvelle présence du Christ - du Christ-Seigneur, du Christ-Dieu, du Christ glorieux - qui ont pu constater, les uns avec les autres, et affirmer l'un pour l'autre : "C'EST VRAI ! LE CHRIST EST RESSUCITE !"
Et c'est en ce sens que nous allons, cette nuit, proclamer notre foi, et la proclamer à l'intérieur de la foi de l'Eglise, en renouvelant les promesses de notre baptême !

Et nous pourrons alors reprendre le chant de la mère de Samuel qu’elle entonne à Silo devant le prêtre Eli,
- chant qui ressemble tellement au Magnificat de la Sainte Vierge Marie que celle-ci l'a certainement repris à nouveau à la lumière du matin de Pâques...,
- chant qui affirme et proclame déjà : "C'est le Seigneur qui fait mourir et vivre, qui fait descendre au shéol et en fait remonter. Le Seigneur appauvrit et enrichit. Il abaisse, il élève. Il relève le pauvre de la poussière... pour lui attribuer la place d'honneur !". (1 S 2,6sv).

Notre foi en la résurrection
commence au seuil de la création,
s'épanouit au matin lumineux de Pâques
et proclamera éternellement "le VIVANT pour les siècles des siècles" (Ap. 4.9.), Lui qui nous affirme : "Je suis le Premier et le Dernier, et le VIVANT !" (Apoc 1.17).

A la suite d'Isaïe qui déjà écrivait :
"Le Seigneur a détruit sur cette montagne le voile qui voilait tous les peuples ; il a fait disparaître la mort à jamais...". (Is 25, 7-9)
... à la suite d'Isaïe, Paul s'écrira : “Si le Christ n’est pas ressuscité, nous sommes les plus malheureux des hommes”. - "Mais non ! Le Christ est ressuscité !".
Et désormais, il est pour nous "tête de pont" par delà la mort.

Chantons et exultons !

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