lundi 1 avril 2013

Le "kérygme" !


Lundi de Pâques 2013                                                (Actes 2.14sv)

Le Christ est ressuscité ! Oui, vraiment, il est ressuscité !

Cette proclamation qui était naguère une salutation matinale en la période de Pâques va résonner et se développer tout au long des sept semaines qui commencent et que couronnera la fête de la Pentecôte ! Et les huit premiers jours - l'octave de Pâques - sont consacrés avant tout au fait de la résurrection du Christ et au souvenir du baptême - souvent célébré d'ailleurs durant la veillée pascale -, ce baptême qui nous plonge dans la mort et la résurrection du Seigneur : "ensevelis avec le Christ lors du baptême, nous dit St Paul (Col. 2.12), vous en êtes aussi ressuscités avec lui, parce que vous avez cru en la force de Dieu qui l'a ressuscité des morts !".

La lecture d'aujourd'hui le souligne également : Dès le jour de la Pentecôte, le Réssuscité devient le centre de la prédication apostolique. C'est le "kérygme", a-t-on dit, c'est-à-dire la simple proclamation de l'évènement du matin de Pâques avant même de vouloir en approfondir tous les aspects.

Le Christ est ressuscité ! Non seulement c'est l'objet fondamental de la foi chrétienne, mais c'est la conviction que le Christ, le Vivant par excellence, vient aujourd'hui nous vivifier de sa Vie ! Par notre baptême qui nous identifie au Christ toujours vivant, le monde qui passe et le monde qui vient, le monde terrestre et le monde céleste coïncident paradoxalement dans l'Eglise et en chaque baptisé. - Le Christ de notre baptême, "lui qui nous a aussi marqués d'un sceau et a mis dans nos cœurs les arrhes de l'Esprit", dit St Paul (II Co. 1.22), nous annonce, nous garantit la possession parfaite et définitive de sa vie en la gloire de la Trinité Sainte !

A condition, évidemment, d'une fidélité constante, persévérante de notre part. Le sacrement n'agit pas de façon magique. Il exige une conversion totale et permanente, point de départ d'une vie nouvelle, d'une vie déjà "transfigurée" par la présence en nous du Christ ressuscité. Et comme le psalmiste que Pierre identifie à David, nous pouvons, nous aussi, proclamer avec joie : "Désormais je vois sans cesse le Seigneur devant moi, en moi ! Il est à ma droite, c'est-à-dire, il est ma force. Désormais je suis inébranlable. Et le Seigneur ne peut laisser son serviteur aller sur les chemins qui mènent au séjour des morts. Non ! Le Seigneur m'a fait connaître les chemins de la vie. Il me remplit de joie par sa présence !".

Après le discours de Pierre, on lui demande : "Que faut-il faire ?". Et la réponse de l'apôtre est d'une logique implacable : "Convertissez-vous ! Que chacun de vous reçoive le baptême au nom de Jésus pour le pardon de ses péchés ; et vous recevrez le don du Saint-Esprit" (Ac 2.28). Car le Christ est ressuscité... Il veut ressusciter en chacun de nous ! Notre foi ne sera jamais un ensemble de formules dogmatiques, de pratiques, d'observances si utiles fussent-elles. Notre foi, c'est le Vie du Christ en nous : "Je vis, disait St Paul, mais ce n'est plus moi, c'est le Christ qui vit en moi !" (Gal 2.20).

Et cette proclamation de la résurrection, ce kérygme apostolique, cette expérience personnelle du Christ ressuscité sont, doivent être attestés par les Ecritures. C'est l'un des critères de notre foi. "Le Christ est ressuscité conformément aux Ecritures !", chantons-nous le dimanche ! St Pierre cite David. Et St Paul insistera : "Selon les Ecritures, Jésus est ressuscité ! Il est ressuscité le troisième jour selon les Ecritures !" (I Co. 15.3).

Je fais souvent un songe qui est finalement une prière pour tous ceux vers qui je vois le Christ s'approcher. Ceux-ci sont facilement - commer nous-mêmes parfois - découragés par les épreuves de la vie, les difficiles questions à résourdre... Alors je vois le Christ les rejoindre comme il a rejoint naguère les deux disciples sur la route d'Emmaüs. Avec grande et respectueuse affection, il les prend par les épaules pour les aider à continuer le chemin de la vie. "Et il leur dit : "Ne fallait-il pas que le Christ endurât ces souffrances pour entrer dans sa gloire ?" Et, commençant par Moïse et parcourant tous les Prophètes, il leur interpréta dans toutes les Ecritures ce qui le concernait". Et un jour ou l'autre, ces disciples - ces disciples que nous sommes tous - parviennent à cette évidence : "Notre cœur n'était-il pas tout brûlant au-dedans de nous, quand il nous parlait en chemin, quand il nous expliquait les Ecritures ?" Et alors ils repartent dans la vie, allant et proclamant : "C'est bien vrai ! le Seigneur est ressuscité !" (Cf. Lc 24.26sv).

Ne négligeons pas de lire et relire la Parole de Dieu ! Nous avons tous des problèmes - plus ou moins graves, j'en conviens - ; tous, nous nous posons des questions... Essayons toujours de les résoudre en interrogeant notre mémoire. Et notre mémoire à nous, chrétiens, nous aide, doit nous aider à "expliquer dans toutes les Ecritures" ce qui concerne le Christ, et, de ce fait, ce qui nous concerne.

Il ne faut surtout pas chercher à trouver des solutions de vie à coups d'idéologies toute faites, sinon fausses, du moins inadaptées, souvent stériles et absconses !
St Paul l'affirme à son disciple préféré, Timothée. Sa grand-mère, Loïs, et sa mère, Eunice, lui avaient transmis la foi en lisant les Ecritures (Cf. II Tim 1.5). St Paul lui écrit : "C'est depuis ton plus jeune âge que tu connais les saintes Lettres. Elles sont à même de te procurer la sagesse qui conduit au salut par la foi dans le Christ Jésus.Toute Ecriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice : ainsi l'homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne" (II Tim 3.14sv).

Tout au long de notre existence plus ou moins chaoteuse et lorsque l'on rencontre des personnes en difficultés de vie, il faut sans cesse avoir  à la mémoire la Parole de Dieu. Il faut que notre mémoire personnelle soit considérablement enrichie de cette "mémoire d'éternité" irremplaçable qu'est la Bible !
La Bible n'est pas un traité de morale, ne nous donne pas automatiquement des règles de conduite. Elle nous met en face d'hommes et de femmes faits de chair et de sang qui se sont trouvés devant des situations semblables aux nôtres. Et alors, nous sommes appelés à faire notre chemin à partir de cette expérience multiforme que nous transmet la Bible.
Comme pour Timothée, nous sommres appelés à déchiffrer l'existence avec tout ce que l'on a assimilé dès la plus tendre enfance en dépasant plus facilement les divers blocages que nous avons pu ressentir ou qui sont ressentis autour de nous, en raison de rationalités souvent très orgueilleuses.

Et c'est ainsi, affirme encore St Paul à son cher Timothée que l'on évite des parlottes inutiles et que l'on ne s'attarde pas à des doctrines plus propres à soulever de vains problèmes qu'a servir le Dieu qui s'est révélé jusqu'en son Fils, le "Verbe fait chair" !

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