dimanche 14 avril 2013

Présence du Ressuscité !


3e Dimanche De Pâques 13/C   

Trois tableaux dans une même scène de l'Évangile.

Des disciples - Une pêche - Un repas.
Trois tableaux qui s'emboîtent l'un dans l'autre et donnent à ce récit l'allure familière d'une rencontre entre amis. Peut-être nos rassemblements eucharistiques pourraient y prendre modèle ?

Les disciples, d’abord : ils sont sept. Chiffre significatif dans la Bible de totalité, de perfection.
On y trouve les ténors : Simon-Pierre, Jean et Jacques.
On y trouve deux importants protagonistes de l'Évangile de Jean : Nathanaël, “ce véritable Israélite en qui il n’y a point d’artifice”, avait dit Jésus, et Thomas, celui qui est passé du doute à la foi.
Et puis, deux autres disciples ne sont pas nommés. Serait-ce pas pour nous inviter, nous aussi, à entrer en scène, à nous glisser dans le groupe de ceux qui suivent Jésus ? Avec eux, nous pourrions faire l'expérience de la présence active de Jésus en nos vies et de sa reconnaissance dans l'Eucharistie.

Les disciples, et puis la pèche ! Entraînés par Pierre, les disciples sont partis à la pêche. Toute la nuit, ils ont travaillé, ils n'ont rien pris. Et voilà que de la rive, Jésus qu'ils n'ont pas reconnu, les interpelle avec une feinte naïveté : “Les enfants, n'auriez-vous pas un peu de poisson ?”. Eh non, ils n'en ont pas. “Jetez donc vos filets à droite de la barque”.
Et là, se produit le signe. Le filet est tellement rempli, tellement lourd qu'ils arrivent tout juste à le ramener.
Un nombre bizarre de poissons : 153 ! Il paraît que c'est le nombre total de poissons identifiés par la science de l'époque. Autrement dit, ce sont toutes les familles de la terre qui sont dans le filet de l’amour du Christ.
Un filet qui, malgré la quantité de poissons, ne s'est pas rompu, n’a pas subi de déchirures. (Le mot grec est celui de schisme).
Et puis, c'est Pierre qui est chargé de retirer le filet de la barque et de l'apporter à Jésus. La mission de tous les disciples de Jésus, c’est de rassembler une multitude d'hommes et de leur faire connaître Jésus qui les aime, les appelle et les rassemble !

Et puis le repas ! Voilà donc nos sept disciples arrivés auprès de Jésus : chacun à sa manière.
Jean, plus sensible, avait été le premier à le reconnaître : “C’est le Seigneur !”. C’est le cri du cœur ; c’est peut-être le cri du contemplatif par excellence dans le cœur de l’Eglise.
Pierre, illuminé alors par la parole de Jean, plus fougueux, plus actif, s'était rhabillé à la va-vite ; et se jetant à l’eau, s'était précipité pour rejoindre le premier le Seigneur.
Les autres arrivaient plus lentement avec la barque.
Et Jésus les invite à un repas. Oui, Jésus ressuscité sert un repas avec du poisson et du pain.
Souvenons-nous - c'est d'une telle évidence - de la multiplication des pains où Jésus nourrit une foule. Ce fut pour Jésus l'occasion de se révéler comme le pain de vie ; et le menu était le même, du pain et du poisson.
Remarquons encore le rapport permanent des actions de Notre Seigneur avec la vie de tous les jours. Certes, Jésus est ressuscité ; mais c’est toujours celui qui a marché avec ses disciples, qui traversait le lac avec leur barque, qui prêchait, guérissait, et donnait à manger… Souvent, il nous est donné, à nous aussi, de nous exclamer au moindre tournant de notre vie : “C’est le Seigneur !”. Cette découverte est merveilleuse, car elle comble de paix un cœur et transforme la vie. C’est très souvent que le Seigneur est là, près de nous, sur le rivage de notre vie ; et il veut déjeuner avec nous, lui qui est “Pain de vie”, Lui qui veut nous introduire au festin du Royaume de Dieu !

Que conclure de cette apparition du Christ après sa résurrection ?
Des disciples, une pèche, un repas !

1. Des disciples !
Oui cet évangile nous interroge d'abord sur notre qualité de disciple. Est-il vraiment capital pour nous de suivre Jésus dans son enseignement et son exemple, de nous laisser inspirer par son Esprit qui nous unit à Lui ? C’est tout le mystère de la foi, c’est-à-dire d’une rencontre permanente avec le Christ, d’une reconnaissance : “C’est le Seigneur !”. Il y a quelque chose détonnant dans cette parole. Elle manifeste une sorte de connivence avec le cœur du Christ et le cœur de Jean, avec le cœur de tout disciple. Une connivence qui fait apparaître le Christ en tous les événements de la vie, en toutes circonstances : “C’est le Seigneur ! Il est là !”.

2. La pèche !
Car ce passage d'Évangile nous rappelle aussi notre mission de chrétiens dans le monde. Nous ne sommes pas seulement chrétiens pour nous, mais pour offrir à tous, d'une manière ou d'une autre, la grâce qui nous est donnée. Et le Seigneur nous accompagne toujours. Lorsque nous pensons avoir travaillé en vain parce que nous nous heurtons à des refus ou parce qu'il est tellement long et difficile de devenir meilleur, Jésus est là, près de nous, à nous redire : “Les enfants, remettez-vous à l'œuvre, de l'autre côté”. Les disciples du Christ doivent jeter le filet sur le monde. C’est notre mission. Souvent, nous voudrions que le Seigneur marche selon nos méthodes, voire selon nos habitudes… et que tout se passe bien…, selon nos petites idées, souvent étroites d'ailleurs. Mais c’est le Seigneur qui est le Maître de la pèche ; et sans cesse, il nous dit : “Jetez donc le filet de l’autre côté !”. Soyons-en persuadés : Aujourd'hui encore, il y a des pêches miraculeuses… Le Christ ressuscité travaille avec nous, même quand c'est dur, peut-être même surtout quand c'est dur.

3. Enfin le repas !
Cette scène qui noue la communion des disciples avec Jésus autour d’un repas nous invite à vivre à plein la rencontre eucharistique. On dit que nos messes sont parfois ennuyeuses ! Sans doute ! Mais ce n'est pas seulement en améliorant la qualité extérieure de la liturgie - encore faut-il y songer, certes ! - que nos assemblées seront plus expressives de Celui qu'elles célèbrent. Non, c'est parce que nous, chrétiens, nous serons plus attachés au Christ, que nous entrerons plus profondément dans le mystère du don de son Corps et de son Sang.

Alors, en cette célébration du don de son Corps, de son Sang, nous pourrons entendre profondément, cette interrogation adressée à Pierre : “Simon, Fils de Jean, m’aimes-tu plus que tout ?” - Et c’est uniquement dans la célébration du mystère pascal que nous pouvons, chacun, répondre avec élan : “Oui, Seigneur, je t’aime, tu le sais”.
Il n’y a pas de plus beau mot ! Il n’y a pas d’autres mots pour dire ce mystère étonnant du rapport de l’homme à Dieu ! Les mots de l’amour du disciple et du Christ !
Et le Seigneur donne à Pierre, à chacun, d’être pasteur de ses brebis. Mais on le sait : Jésus a donné sa vie pour ses brebis ; et le disciple n’est pas plus grand que son Maître : “Je te le dis : quand tu étais jeune, tu mettais ta ceinture toi-même pour aller où tu voulais ; quand tu seras vieux, tu étendras les bras, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller !”. Il nous est donc demandé de vivre avec le Christ tout son mystère pascal du Vendredi Saint au matin rayonnant de la résurrection, de la Vie.

Mais en cet instant, retenons simplement : “Venez déjeuner”. Écoutons cette invitation au repas pascal. Il nous unit au Christ. Il nous unit en Lui et entre nous. Il nous envoie vers le large pour de nouvelles pêches. Ce repas nous est offert aujourd’hui jusqu'au jour où nous nous retrouverons au festin du Royaume de Dieu.

(N.B. Jésus en parlait si bien du festin du Royaume de Dieu qu'un auditeur de s'exclamer : "Ah ! Heureux qui prendra part au repas dans le Royaume de Dieu !". Il en avait déjà, si je puis dire, l'eau à la bouche. Heureux...! Il avait déjà cette béatitude ! Et nous-mêmes ?)

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