mercredi 1 juin 2011

La Résurrection !

Pâques 6 Mercredi - (Ac 17, 15.22 à 18, 1)

La lecture d’aujourd’hui nous fait arriver à l’Aréopage d’Athènes, sans nous faire passer par les étapes que firent Paul et ses compagnons, après avoir quitté Philippes, la ville où nous étions encore hier.

Sans s’arrêter à Amphipolis et Apollonie, Paul prêche trois shabbat de suite à Salonique (Thessalonique) : “Trois sabbats de suite, il discuta avec eux d'après les Écritures“. (Ac 17,2).
St Luc ne rate pas une occasion de remarquer que la messianité de Jésus “accomplit les Ecritures“. Il ne s’agit pas d’une nouvelle religion, il s’agit d’un dépassement dans le dessein divin de l’histoire du salut. Le peuple élu ne doit pas se figer dans des pratiques d’exclusivisme qui lui étaient nécessaires dans le passé pour garder son identité : la circoncision... etc. (C’est si fréquent cette réaction !). Il est arrivé à l’état adulte et cette maturité acquise dans le Christ à la plénitude des temps, doit lui permettre de devenir accueillant, doué d’une force d’intégration que n’ont pas les enfants et les adolescents : “Tout est à vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu“.

A cause de ce fréquent “repliement sur soi“, sur son identité, partout se déclenche chez les juifs un phénomène de durcissement et de jalousie, car de nombreux croyants d’origine païenne - craignants Dieu ou prosélytes -, viennent s’intégrer au peuple de l’élection. Cela fait craindre aux juifs d’origine une perte de cette identité qu’ils doivent aux pratiques devenues caduques.

A Bérée, un peu plus à l’ouest, l’accueil est plus favorable : “Ceux-ci avaient l'âme plus noble que ceux de Thessalonique. Ils accueillirent la Parole avec le plus grand empressement. Chaque jour, ils examinaient les Écritures pour voir si tout était exact (Avons-nous le même empressement ?). Beaucoup d'entre eux embrassèrent ainsi la foi...“. Mais quand les Juifs de Thessalonique le surent… “ils vinrent là encore semer l'agitation et le trouble. Alors les frères firent tout de suite partir Paul..., le conduisirent jusqu'à Athènes et s'en retournèrent ensuite avec l'ordre pour Silas et Timothée de le rejoindre au plus vite“. (Ac 17,11-15).

Ainsi, la jalousie n’a fait que grandir. Paul est poursuivi par les juifs des villes précédemment parcourues et il se voit obligé de prendre la fuite par la mer vers Athènes, tandis que ses compagnons tentent de le rejoindre en cheminant le long de la côte.

Seul à Athènes, il flâne et excite la curiosité des habitants, toujours curieux, avides de nouveauté : “Que peut bien vouloir dire ce perroquet ?“, se demandaient-ils. Qui est ce Jésus dont il parle aux philosophes stoïciens et épicuriens qui l’abordent et qui pensent que la résurrection est une déesse parèdre. - On n’est plus à une divinité près chez les rhétoriciens d’Athènes !

Paul trouve l’occasion de montrer qu’il n’est pas étranger à la culture grecque et qu’il est capable de se mesurer avec ces intellectuels raffinés qui, note le texte, “n'avaient d'autre passe-temps que de dire ou écouter les dernières nouveautés“. (Ac 17,21) Une maladie de toute époque !

L’adroite “captatio benevolentiae“ de Paul commence par un compliment : “à tous égards vous êtes, je le vois, les plus religieux de tous les hommes“. (Ac 17,22).
Mais de la religion il faut passer à la foi ; et ce n’est pas la même chose comme on le pense assez communément. Paul y va à pas mesuré. Il commence par des généralités qui ne rencontrent pas de contradictions. Pour ces Grecs, les statues et les temples relèvent plutôt de l’esthétique que d’autres choses. Personne ne réagit quand il parle du Dieu créateur en qui nous avons “la vie, le mouvement et l’être“ et que nous cherchons dans les tâtonnements de la philosophie. Paul cite les auteurs, il n’a pas oublié la formation reçue à Tarse. (Les connaisseurs disent qu’il cite Aratus, Cléanthe et Epiménide).

Cet étalage d’érudition fait, il pense que le moment est venu de passer à la prédication de l’essentiel de la foi chrétienne : la résurrection !
Pour les Grecs, la résurrection est un non-sens. Le corps est une prison dont il faut se libérer pour accéder à une spiritualité au sens le plus ambigu que peut prendre ce mot, en conclusion des spéculations dualistes dont sont victimes alors les philosophes de l’époque, Platon, en particulier. Et nous sommes encore très marqués par ce dualisme qui a fait tant de ravages !

Cependant à Athènes, on est poli : “Nous t'entendrons là-dessus une autre fois“. (Ac 17,32). Après cet échec à Athènes, Paul ne cessera de centrer sa prédication sur la résurrection (à Corinthe, Jérusalem, Césarée !). C’est une occasion pour nous de sans cesse approfondir l’objet essentiel de notre foi : LA RESSURECTION ! Il faut se le redire : la résurrection n’est pas la survie de l’âme, mais la pénétration du tout de l’être humain par les énergies vivifiantes de l’Esprit de Dieu !

Une petite remarque pour terminer : le Denys dont il est question n’a rien de commun avec l’évêque de Paris au 3ème siècle, ni avec l’auteur inconnu des écrits mystiques qui a tant influencé la pensée du Moyen Âge.

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