samedi 4 juin 2011

Apollos !

Pâques 6 Samedi (Ac 18, 18-22)

La lecture d’aujourd’hui nous fait rencontrer un personnage séduisant nommé Apollos.

Avant cette rencontre, le livre des Actes parle très brièvement de tout un voyage que fit Paul, après le séjour à Corinthe.

Il s’embarque avec Priscille et Aquila. Il fait un vœu qui semble correspondre au “naziréat“ tel qu’il est décrit dans les textes législatifs de la Torah. Le “nazir“, consacré à Dieu spécialement pour une période de trente jours, pratiquait diverses abstinences. Des cérémonies ensuite, au bout de cette période, marquaient le retour à la vie normale.

Il fait une brève escale à Ephèse, refuse de prolonger son séjour malgré les instances des chrétiens de cette ville. Il part en promettant de revenir une autre fois. Il débarque à Césarée Maritime d’où il monte à Jérusalem. Il redescend ensuite sur Antioche de Syrie pour repartir pour un troisième voyage. On a beaucoup de mal à reconstituer la suite de ces évènements, brièvement racontés entre le départ de Paul à Corinthe et la parenthèse que nous offre la lecture d’aujourd’hui sur Apollos.

Apollos est un homme cultivé, instruit, éloquent, humaniste comme on pouvait l’être à cette époque, à Alexandrie d’Egypte d’où il est originaire. Alexandrie était un brillant foyer de culture judéo-hellénistique.
Apollos a certainement été influencé par Philon, ce philosophe juif pénétré à la fois de culture juive et de philosophie grecque, essayant de concilier ces deux mondes par une exégèse abusant du procédé facile de l’allégorie, comme le firent par la suite certains Pères de l’Eglise, faisant bon marché du sens littéral qui doit rester à la base de toutes les interprétations des Ecritures (comme l’a rappelé dernièrement le pape Benoît XVI).

Apollos arrive à Ephèse où Paul n’avait qu’une brève escale. Il prêche à la synagogue avec assurance et très brillamment. Il est bien renseigné sur la personne de Jésus et sa prédication. Mais son instruction est incomplète. Priscille et Aquila qui ont eu l’occasion de l’entendre s’en aperçoivent. Les “johannistes“ d’Ephèse dont il est parlé au chapitre suivant ont du être catéchisés par lui : ils avouent qu’ils n’ont jamais entendu parler du Saint-Esprit, ni du sacrement du baptême. Priscille et Aquila ont dû réussir à compléter l’instruction d’Apollos sans froisser son amour propre. Et Paul, quand il repassera à Ephèse, baptisera ces “johannistes“ dans l’Esprit Saint.

D’Ephèse, Apollos, recommandé par les frères d’Ephèse, partira pour Corinthe où les croyants profitent de son éloquence et de son assurance. Il fut d’un grand secours aux croyants : car il réfutait vigoureusement les juifs en public, démontrant, par les Ecritures, que Jésus est le Messie.

Le Père Spicq, spécialiste de l’épître aux Hébreux, pense qu’Apollos joue un grand rôle dans la rédaction de cette lettre aux Hébreux.

Par ce passage des Actes, nous pouvons nous rendre compte que l’expansion de l’Eglise est rapide. Il y a désormais de nombreux missionnaires, à la suite des apôtres, à la suite de Paul. Tout chrétien qui reçoit la grâce de “connaître le vrai Dieu“, comme priait Jésus lui-même en pensant à ses disciples, n’a-t-il pas ensuite le devoir, d’une manière ou d’une autre, de le faire connaître à son tour ?

Evangéliser par contagion de bonheur ! Faire simplement comme la bougie allumée qui éclaire elle-même et, sans amoindrir sa propre flamme, allume d’autres bougies pour éclairer d’autres endroits (Séraphim de Sarov).

Aucun commentaire: