dimanche 12 juin 2011

Pentecôte !

Les textes de la Parole de Dieu que l'Eglise nous invite à méditer aujourd'hui nous mettent devant la naissance d'un peuple qui vit dans la communion avec Dieu, modifiant, de ce fait, la communion des hommes entre eux !
La Pentecôte est la fête de ce peuple-Eglise qui célèbre aujourd’hui l’anniversaire de sa naissance. Oui, nous sommes devant une naissance, celle de l'Eglise, la naissance d'un monde nouveau investi par l'Esprit du Ressuscité ! St Jean insiste sur le fait : “Jésus répandit sur eux son souffle et il leur dit : recevez l'Esprit Saint”. C'est, comme au matin de la création, le “Souffle de Dieu“ (Gen 1.1), mais pour un monde nouveau établi, intégralement, dans le mystère des relations des hommes avec Dieu et, par conséquence, des hommes entre eux ! Nous ne sommes plus “du monde“ ; et si nous sommes “dans le monde“, nous vivons déjà avec le Seigneur, par son Esprit qu’il nous donne, dans le monde voulu par Dieu de toute éternité ! En Lui, Par Lui, avec Lui !

Mystère profond qu’il nous faut sans cesse approfondir ! Réalité extraordinaire que cette Alliance des hommes avec Dieu qui entraîne, doit engendrer sans cesse - car ce n’est jamais totalement acquis ici-bas - une nouvelle société dès ici-bas. Et un monastère doit en être un signe efficace. St Benoît le souligne de diverses manières. Mystère d’alliances qui a son commencement par l’envoi de l’Esprit de Dieu dans le cœur des hommes.

En recevant le Saint-Esprit, cette société nouvelle qu’est l’Eglise est dotée de quatre notes qui la définissent : unité, catholicité, apostolicité et sainteté. “Je crois en l’Eglise une sainte, catholique, apostolique”.

Unité de l’Eglise. Il est important de noter que l’Esprit Saint ne descend sur des femmes et des hommes que s’ils sont unis, réunis d’une manière ou d’une autre. Si on peut parfois reconnaître - et difficilement souvent - l’effusion de l’Esprit sur une personne, ce n’est que pour le bien de l’Eglise toute entière ; fondamentalement, il n’y a pas de “pentecôte individuelle”. L’Esprit Saint ne descend que sur les membres d’une Communauté, et d’une Communauté en prière. “Tous d’un même cœur étaient assidus à la prière”. Ne nous y trompons pas : le chrétien isolé, quelle que soit sa fonction, n’existe pas ! C’est l’un des dangers de l’Eglise aujourd’hui où certains membres se risquent à des particularismes ravageurs ! Nous ne recevrons l’Esprit de Jésus qu’au sein de la Communauté de ses disciples, qu’au sein de l’Eglise, Corps du Christ, alors même que nous serions appelés à vivre, visiblement, comme des “séparés“. Le Concile Vatican II a privilégié l’image de l’Eglise comme “Peuple de Dieu”. Cette image, loin d’être simplement sociologique, a voulu dynamiser l’idée que tous, nous sommes, grâce à l’action de l’Esprit Saint qui nous unit, en marche vers le lieu éternel de l’Alliance avec Dieu. Et si l’Esprit souffle parfois au-dehors de l’Eglise visible, disait St Augustin, c’est pour inviter à y entrer ceux qui déjà lui appartiennent invisiblement.

Catholicité de l’Eglise. Cette Communauté primitive, au jour de la Pentecôte, uniquement composée de Juifs, n’est que la cellule initiale, le germe de l’Eglise.
- L’Eglise doit être annoncée à toutes nations : “Allez, de toutes les nations, faites des disciples”. En sommes-nous bien conscients ?
- L’Eglise doit rassembler tous les peuples : elle est “catholique”, c’est-à-dire universelle.
- L’Esprit doit être répandu sur le monde entier.
L’Eglise ne peut donc se refermer sur elle-même, vivre en ghetto : elle doit parler toutes les langues. Tout chrétien doit, comme dit St Paul, “se faire Juif avec les Juifs, Grec avec les Grecs pour les gagner tous à Jésus Christ” (I Co 9/20), car en Lui, “il n’y a plus ni Juif ni Grec” ( I Co 12/13 – Gal 3/28). Autrement dit, je dois me faire pauvre avec les pauvres, riches avec les riches pour une meilleure communion ; je dois me faire ouvrier avec les ouvriers, responsable avec les responsa-bles, être aussi à l’aise avec les pécheurs qu’avec les vertueux. Aucune discrimination qui ouvrirait la voie à un prétendu élitisme qui n’est qu’orgueil. Tout homme est invité à faire partie de ce “peuple de Dieu” qu’est l’Eglise. Tout homme… ! Il faut s’en souvenir !

Apostolicité de l’Eglise. La Communauté des disciples était rassemblée “par crainte des Juifs” (Jn 20/19). Cette poignée d’hommes et de femmes, apeurés, désemparés, blottis dans une chambre, le Saint-Esprit va les transformer en martyrs - en témoins de Dieu - : “Nous ne pouvons pas ne pas dire ce que nous avons vu et entendu”, dit St Pierre à la police qui l’a arrêté.
Aujourd’hui encore, l’Eglise ne peut pas ne pas dire. Cela dérange parfois. On le voit aujourd’hui à propos de certaines questions. Mais c’est dans sa nature. Elle ne peut pas ne pas dire. Ste Bernadette disait : “Je ne suis pas chargée de vous faire croire ; je suis chargée de vous dire !“. L’Eglise n’impose pas. Seul, l’Esprit Saint convertit les cœurs. Mais elle a à dire ce que l’Esprit ne cesse de révéler à la suite de Jésus, selon les temps et les circonstances.
- N’est-ce pas ce besoin de dire qui pousse les chrétiens à se rassembler chaque dimanche pour célébrer, proclamer leur alliance avec Dieu, grâce au Ressuscité et sous l’influence de son Esprit ?
- N’est-ce pas ce besoin de dire qui nous entraîne à témoigner de la présence du Ressuscité en nous, autour de nous… ?
- N’est-ce pas ce besoin de dire qui appelle certains - qui n’ont pas obligatoirement le charisme de la parole - à se regrouper afin que leur unité chante, elle, cette alliance avec Dieu à la face du monde ?
Puissions-nous ne jamais vivre comme des peureux, à l’exemple des apôtres avant la venue de l’Esprit Saint !

Sainteté de l’Eglise. La sainteté de l’Eglise n’est pas la somme de la sainteté de ses membres : elle est un don de l’Esprit, elle est l’action de l’Esprit à l’intérieur de l’Eglise et en chacun de ses membres.
Laissons-nous pénétrés de sa présence sanctifiante ! Soyons “îvres de Dieu”, comme les apôtres au matin de la première Pentecôte ! Ayons toujours soif de Lui, de cette soif ardente de le connaître et de l’aimer ! Car c’est en Lui, - nous le sentons obscurément - que nous étancherons cette soif, que nous apaiserons cette fièvre qui parfois nous brûle d’aimer et d’être aimés, puisque Dieu est Amour.
Oui, la sainteté de l’Eglise, c’est la présence active de l’Esprit Saint à l’intérieur de ce Peuple de Dieu appelé à la Vie de Dieu-Amour. Cette sainteté n’est pas toujours - reconnaissons-le - à l’intérieur des membres de l’Eglise ! Et le Pape Jean-Paul II et, à sa suite, Benoît XVI ont eu raison de demander pardon pour des actions ou événements peu glorieux de notre histoire ecclésiale dus à des errances diverses. Et il y en a toujours malheureusement ! Mais il n’empêche que l’Eglise est sainte par cette présence de l’Esprit Saint en elle, qui finira par triompher de tout mal…

Quatre caractéristiques de l’Eglise née de l’effusion de l’Esprit Saint. Quatre questions également pour savoir si nous sommes mus par l’Esprit de Jésus ! Pour répondre, regardons notre vie et nous saisirons de quel Esprit nous sommes, car l’Esprit saint n’est saisissable que dans son action en nous. “Seuls sont enfants de Dieu, disait St Paul, ceux qui se laissent mouvoir par l’Esprit Saint”

Pour terminer, prions Notre Dame, car la Vierge Marie, Mère de Dieu, est la figure et le modèle de l'Église. Voir l'Église en Marie et Marie en l'Église, les premières générations chrétiennes étaient fami-liarisées avec ce chassé-croisé, mieux encore à cette superposition d'images où “type” et “antitype”, c'est-à-dire figure et réalisation s'unissent comme le sceau avec la cire.
Elle, l’Immaculée, est, au cœur de l'Église, le signe de l'humanité totalement épousée par Dieu. Elle récapitule l'humanité dans son accueil de Dieu, si bien que son cantique, le “Magnificat”, est comme l'hymne universel de l'Église.
L'Église tout entière est mariale et, par son regard fixé sur Marie, elle se livre plus complètement au mystère total du salut, au mystère d’Alliance, de communion avec Dieu. “Marie, écrivait naguère le pape Jean-Paul II, doit se trouver sur tous les chemins de la vie quotidienne de l'Église”. Aussi, n’hésitons pas à dire et redire : “Sainte Marie, Mère de Dieu, Mère de l’Eglise, priez pour nous”.

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