lundi 27 juin 2011

St Cyrille d'Alexandrie

27 Juin 2011 -

Faire mémoire de St Cyrille d’Alexandrie (+444), c’est affirmer - et il est bon de s’en souvenir aujourd’hui - que Dieu, au milieu des turbulences de ce monde, conduit providentiellement son Eglise, elle-même souvent agitée, afin que toujours elle puisse transmettre l’Amour de Dieu et proclamer la saine doctrine ! Et cela - il faut encore le souligner - par l’intermédiaire de grands saints certes, mais, parfois, au caractère bien trempé et pas toujours facile. Un professeur de patrologie disait un jour qu’il mettrait facilement Origène dans l’Assemblée des Saints à la place de St Jérôme qui, on le sait, possédait un tempérament - disons - bien marqué ! Ainsi, Cyrille d’Alexandrie avait, lui aussi, du tempérament. Mais c’est un saint ! Un Saint pas commode, mais un Saint ! Cela arrive, m’a-t-on dit ! C’est pourquoi il ne faut jamais en rester aux apparences !

Il faut dire qu’il avait de qui tenir. Le patriarche de cette grande cité, aux mille remous intellectuels, Théophile, était son oncle paternel. Il assura sa formation et l’ordonna prêtre. Et, plus pour des considérations de personnes que pour des raisons de doctrine, il s’opposa fortement, dans un contexte politique et ecclésial compliqué - c’est souvent le cas - au saint évêque Jean Chrysostome. Il partit, suivi de Cyrille, pour la ville impériale et réussit malheureusement, lors du fameux “Conciliabule du Chêne“, à le faire déposer et exiler ! Et on sait que, par la suite, Cyrille consentit difficilement à admettre l’injustice commise envers ce grand patriarche de Constantinople appelé “Bouche d’or“, au point qu’après le Concile d’Ephèse, un évêque, Isidore de Péluse, lui reprocha d’être obstiné dans ses inimitiés !

D’ailleurs, à la mort de son oncle, il fut difficilement élu pour lui succéder. Et d’après un historien de l’époque - un certain Socrate - qui lui était peu favorable il est vrai, Cyrille aurait immédiatement provoqué, par des décisions autoritaires visant les Novatiens et les Juifs de la cité, d’importants troubles au point que, morts s’en étant suivis, des plaintes furent transmises à l’empereur !

Peut-être que, providentiellement, son tempérament vif, fougueux (n’oublions pas que nous sommes en Orient et que, là-bas, le sang monte vite à la tête !) le préparait à ce qui allait le rendre célèbre et l’élever au rang des grands défenseurs de la foi catholique : sa lutte contre Nestorius !

Cyrille, malgré les turbulences initiales de son épiscopat, s’adonnait grandement à son ministère de diverses manières mais surtout par l’enseignement. Nestorius, moine et prêtre d’Antioche, fut élevé sur le siège de Constantinople, en 428. Il menait une vie très austère, combattant durement et avec excès les ariens et autres hétérodoxes, fustigeant les mondanités de son temps. Certains historiens (Socrate, Théodore) le qualifiaient d’hypocrite. Le fait est, en tous les cas, qu’il finit par préférer ses propres idées théologiques à la saine doctrine des Pères. On le sait, il affirmait qu’en Jésus Christ, il y avait deux personnes, que le Verbe de Dieu n’avait assumé l’humanité que comme un vêtement à endosser, et qu’en conséquence, la Vierge Marie, n’était pas “théotokos“ (“mère de Dieu“), mais “Christotokos“ (“mère du Christ“).

On s’indigna vivement… Et Cyrille ne fut pas long à réagir. Il adressa une réfutation à Nestorius ainsi que plusieurs lettres sans recevoir de réponses… Il porta alors l’affaire à Rome. Le pape Célestin convoqua un synode qui approuva les écrits de Cyrille ; et ce pape lui demanda de transmettre une lettre à Nestorius l’invitant à accepter sans équivoque la croyance catholique, faute de quoi il serait déposé !

Non seulement, Cyrille obéit au pape. Mais il rédigea en outre une longue exposition de la foi de l’Eglise sur l’Incarnation qui commence par le symbole de Nicée et se termine par douze anathématismes qui, il faut le dire, ne lui avaient pas été demandés de rédiger et qui n’étaient pas tous très clairs. Ce qui ne fit qu’aggraver les discordes et les agitations.
Il faut passer sur les événements très mouvementés… Finalement Nestorius fut condamné par le Concile d'Ephèse, en 431 qui précisera et proclamera l'union hypostatique des deux natures, humaine et divine, en Jésus Christ !
Il y eut, jusqu’à nos jours, beaucoup de remous autour de la figure de Cyrille d’Alexandrie. Le célèbre Mgr Duchesne, dans son “Histoire ancienne de l’Eglise“ fait ressortir, avec exagération semble-t-il, son caractère véhément, impérieux, dominateur. Cependant, il faut surtout reconnaître que la théorie nestorienne se serait achevée par la négation du Verne incarné, avec des conséquences immenses pour la relation de tout homme avec Dieu.

Que peut-on retenir ?

- D’abord une invitation à l’action de grâces : le Christ conduit toujours son Eglise, la protège ! Sans lui, elle aurait disparue depuis longtemps, comme toute œuvre humaine. La prière du Seigneur est permanente : “Père, je ne te demande pas de les retirer du monde (ses disciples), mais de les garder du Mauvais… Consacre-les par la vérité. Ta Parole est vérité… Pour eux, je me consacre moi-même afin qu’ils soient consacrés, eux aussi, par la Vérité !“ (Jn 17-15-19). ...Action de grâces qui doit nous remplir également d’espérance. N’ayons donc pas peur !

- De plus, quand le Pape parle, c’est Pierre qui parle, comme on le dira plus tard de St Léon : “C’est Pierre qui a parlé par la bouche de Léon !“. Jésus n’avait-il pas dit à son apôtre : “J’ai prié pour toi, afin que ta fois ne défaille pas !“ (Lc 22.32). – Ainsi s’appuyer sur l’enseignement du pape, c’est s’appuyer sur Pierre, sur le Christ. Et ainsi, n’ayons pas peur !

- Enfin, comme le disait naguère le Cardinal Saliège, “il y eut des Saints de tempérament un peu rude, rude pour eux-mêmes et rude pour les autres !“. On serait tenté parfois de confirmer leur sainteté, tout en canonisant leur entourage ! Que voulez-vous : les Saints eux-mêmes ne sont pas parfaits. Mais ils aiment Dieu à la folie !

Aucun commentaire: