vendredi 3 juin 2011

Corinthe !

Pâques 6 Vendredi (Ac 18, 9- 18)

D’Athènes nous passons aujourd’hui avec St Paul à Corinthe.

A Athènes, Paul n’avait pas subi d’emprisonnements, d’outrages, de lapidation ; on s’était simplement moqué de lui poliment quand il avait parlé de résurrection des morts. Mais, on dirait que cette moquerie l’a plus démoralisé que les mauvais traitements subis ailleurs, tant la notion de résurrection est au centre de son message, tant se gausser du Christ ressuscité, toujours vivant l’accable. C’est ainsi que l’on peut interpréter cette réflexion lancée plus tard aux Corinthiens : “Pour moi, j’ai décidé ceci : je ne retournerai pas chez vous dans la tristesse…“ (2 Co 2.1).

En arrivant, il rencontre un ménage de juifs chassés d’Italie par un édit de Claude : Priscille et Aquila, qui, comme lui, exercent le métier de fabricant de tentes. Cet édit de Claude, chassant les juifs de Rome nous est connu par l’écrivain latin Suétone. “Claude chassa les juifs qui s’agitaient sans cesse sous l’impulsion de Christus“. Cet édit de Claude semble faire allusion à une prédication chrétienne à Rome en 49 ou 50.

Paul travaille dans l’atelier de Priscille et Aquila et prêche le shabbat à la synagogue. Quand Silas et Timothée le rejoignent, il se consacre tout entier à la Parole. Son témoignage divise la communauté juive. On note que le chef de la synagogue, un certain Crispus, se convertit avec tous les siens. Mais, la majorité des juifs, qui formaient une communauté importante à Corinthe, fait opposition. On parle de l’affaire devant le proconsul d’Achaïe dont Corinthe était la capitale. Une inscription trouvée à Delphes permet de fixer exactement la date où Gallion exerça ses fonctions de gouverneur à Corinthe : l’année 52. A partir de cette date, on peut refaire toute la chronologie des voyages de Paul.

Gallion se montre dédaigneux et indifférent devant les plaintes des juifs et leur dit de se débrouiller dans ces affaires qui ne le regardent pas. Il n’intervient même pas quand on se met à battre devant le tribunal, le chef de la synagogue. Ce n’est plus Crispus mais un certain Sosthène qui a du lui succéder et se convertir lui aussi.

Le livre des Actes est assez bref sur le séjour de Paul à Corinthe. Mais cette brièveté sera amplement compensée par les deux lettres aux Corinthiens, où Paul est amené à traiter de tous les problèmes qui peuvent se poser dans une ville comme Corinthe. Ville portuaire ouverte sur la Méditerranée et la mer Egée, avec une activité commerciale très importante et une population cosmopolite. Corinthe était aussi fâcheusement réputée pour la liberté de ses mœurs. “Kορινθιάζειν“ - “Vivre à la corinthienne“, c’était vivre dans la turpitude. Et c’est pourtant dans cette ville peu honorable que Paul fonda une grande communauté chrétienne, et non en la ville policée d’Athènes. C’est, me semble-t-il, à retenir.

Ainsi il pourra écrire : “Aussi bien, frères, considérez votre appel : il n'y a pas, parmi vous, beaucoup de sages selon la chair, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens bien nés. Mais ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort. Ce qui dans le monde est sans naissance et ce que l'on méprise, voilà ce que Dieu a choisi … afin qu'aucune chair n'aille se glorifier devant Dieu. Car c'est par Lui que vous êtes dans le Christ Jésus qui est devenu pour nous sagesse venant de Dieu, justice, sanctification et rédemption, afin que, comme il est écrit, celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur“. (1 Co 1,26sv).

C’est une occasion, pour nous, baptisés - bien plus : religieux, religieuses, prêtres - de méditer sur l’appel de Dieu, sur la gratuité des dons de Dieu totalement immérités de notre part ! Faisons-le en ces jours qui s’écoulent entre l’Ascension et la Pentecôte, en rejoignant au Cénacle la première communauté chrétienne qui se recueille dans la retraite, le silence et la prière, dans l’attente de l’Esprit Saint.
“Alors, du mont des Oliviers, ils s'en retournèrent à Jérusalem ; la distance n'est pas grande : celle d'un chemin de shabbat. Rentrés en ville, ils montèrent à la chambre haute où ils se tenaient habituellement. C'étaient Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d'Alphée et Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. Tous d'un même cœur étaient assidus à la prière avec quelques femmes, dont Marie mère de Jésus, et avec ses frères“. (Ac 1, 12-14)

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