vendredi 15 octobre 2010

Le Christ seul !
Jeudi 28e T.O. - Ephésiens 1 (au prieuré de Flée)

Savez vous que la péricope du début de la lettre aux Ephésiens que propose la liturgie d’aujourd’hui avec celle de demain est une seule phrase ! Dans un immense et seul souffle, l’apôtre Paul veut tout dire…à ses chers Ephésiens qui l’avaient vu beaucoup souffrir en leur ville ! Et il veut tout dire en centrant son regard sur le Christ, le Christ seul !

En bon juif (mot qui vient, en hébreu, de la racine “bénir“), il commence par une bénédiction : “Béni soit Dieu le Père de N.S. Jésus Christ… !“. Il nous a tout donné… Oui, l’homme est bien le “roi“ de la création : tout est à lui ! Malheureusement, il oublie souvent d’en rendre grâce, de bénir Dieu pour ses dons immenses ; il oublie d’être aussi le “prêtre“ de la création, de tout ramener à Dieu par le Christ (ce que l’on appelle le “sacerdoce commun des fidèles“). Adoremus Dominum qui fecit nos“ avez-vous chanté ce matin comme antienne invitatoire de toute la journée ; “Adorons le Seigneur qui nous a créés“ !

Dieu nous a élus dès la création - dans l’instant éternel de Dieu - “pour être saints et immaculés en sa présence“. “Soyez saints parce que moi, je suis saint“ (Lv. 19.2). C’est le fondement même de toute alliance avec Dieu. Etre saint, être “à l’image et ressemblance de Dieu“, tel qu’il nous a voulu dès le matin de la création. C’est la vocation de tout homme, juif ou païen, dira Paul demain.

Il nous veut saint en son Fils Unique, Jésus Christ. C’est lui notre modèle. Aussi nous faut-il “marcher comme lui-même a marché“, dira St Jean. Tertullien a un magnifique commentaire à ce sujet, illustré par une belle sculpture de la cathédrale de Chartres : “Ces mains de Dieu étaient à l’ouvrage : elles touchaient, pétrissaient, étiraient, façonnaient la glaise qui ne cessait de s’anoblir à chaque impression de ses mains divines… Imagine-toi Dieu occupé, appliqué tout entier à cette création : mains, esprit, activité, conseil, sagesse, providence, amour orientaient son travail ! C’est qu’à travers le limon qu’il pétrissait, Dieu entrevoyait déjà le Christ qui un jour serait homme, Verbe fait chair, comme cette terre qu’il avait entre les mains“.

Pour St Paul, c’est dans le Christ que nous sommes créés !
C’est dans le Christ que nous sommes sauvés, “saints“
C’est dans le Christ que nous avons la Rédemption par son sang, la rémission de nos fautes…
Aussi béni soit Dieu le Père de N.S. Jésus Christ !

Dieu nous fait connaître, en toute sagesse et intelligence, le mystère de sa volonté. C’est ce que célèbre toute la liturgie ! Il nous le fait connaître dans le Christ. Pour St Paul tout est vu dans le Christ, les êtres célestes, les êtres terrestres. Tout dans le Christ ! Sa longue périphrase du début de sa lettre est comme le souffle d’un chant de louange débordant de reconnaissance, d’action de grâce, comme l’a fait le vieillard Syméon (Benedictus), comme l’a fait Marie (Magnificat). Le Christ est le centre de sa contemplation. Le Christ doit être le centre de notre vie spirituelle, le souffle de notre souffle.

Et l’apôtre répètera que nous n’avons rien que par lui et en lui ! Il n’a dans l’esprit que cette formule qui deviendra éminemment liturgique : “Par lui, avec lui, en lui !“.
Le Christ seul ! C’est comme un dévoilement de la gloire du ciel, comme au jour de la Transfiguration pour les trois apôtres privilégiés : “Ils ne virent plus que Jésus seul !“. Tout voir dans le Christ !

Aussi, le pape Benoît XVI avait grandement raison d’insister dernièrement : “le vrai bonheur, c’est l’amour pour le Christ !“.

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