dimanche 17 octobre 2010

29e Dimanche T.O. - C- 2010

29e Dimanche du T.P. 10/C

Nous sommes, nous devons être missionnaires parce que chrétiens. Il est bon de nous rappeler cette évidence en ce dimanche des missions. Car la mission n'est pas une spécialité ; elle est un devoir pour tout baptisé : il a été "appelé" pour être" envoyé". “Venez !“ – “Allez !“ C’est le rythme de toute relation du chrétien avec le Christ. Il appelle, il envoie en même temps. Et ces deux temps sont inséparables comme les deux temps d’une même respiration. Il n’y a pas de vocation sans envoi. Et respectivement. Une telle exigence nous concerne donc tous. Aussi faut-il nous demander quelles sont les conditions d'une authentique mission. Si vous le permettez, j'en retiendrai trois :
- Le missionnaire doit être envoyé.
- Le missionnaire doit transmettre la foi.
- Le missionnaire doit prier.

1. Le missionnaire doit être envoyé.
Il n'est pas inutile de le rappeler, car bien des gens - et même des chrétiens, même des moines - se croient une mission parce qu'ils se la sont donnée à eux-mêmes ! Or cela est absolument contraire à l'esprit chrétien, évangélique !
Nul n'est missionnaire de lui-même - pas même le christ qui a déclaré : "Les paroles que je vous dis, je ne les dis pas de moi-même". La mission du chrétien est participation à la mission du christ qu'il a reçue du Père : "comme tu m'as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés". Et qui a-t-il envoyé dans le monde ? Pierre et les Apôtres ! Et après eux, leurs successeurs : le Pape et les évêques. (cf. Vat. II). Ce sont eux qui, à leur tour, donnent mission à ceux qui veulent collaborer au salut des hommes en Jésus-christ. N’est-ce pas cet appel à être missionnaire que lance notre évêque avec sa première lettre pastorale “Quo vadis“ ?
La mission, - la nôtre -, sera toujours divine et jamais humaine. Ceux qui organisent leur vie chrétienne et leurs diverses activités apostoliques selon leurs propres critères et jugements – et cela peut se voir même dans un monastère ! - font obligatoirement fausse route ; et - la plupart du temps - n'en reçoivent guère de joie sinon celle - bien modeste - que peuvent donner les hommes. Et souvent, d'ailleurs, ils sont tiraillés entre ce qu'ils pensent et ce que pense l'Eglise, entre ce qu'ils font et ce que l'Eglise leur demande de faire. Cela est très important, me semble-t-il : nous sommes des envoyés de Dieu et non de nous-mêmes ! N’est-ce pas cette pensée qui guidait St Benoît lorsqu’il parlait de ceux qui prennent initiative de corriger un frère ou de prendre sa défense : “Toute manifestation de présomption est interdite. Nul n’a le droit d’exclure ou de corriger, sauf celui qui en a reçu pouvoir…“. L’esprit missionnaire suppose un grand esprit d’humilité et d’obéissance.

2. Le missionnaire doit transmettre la foi !
Cela va sans le dire ; cela va mieux en le disant ! Le missionnaire ne transmet pas son idéologie : en témoignant de sa propre foi, il doit transmettre la foi des apôtres reçue, vécue dans l’Eglise. Dans la deuxième lecture, St Paul invite son disciple Timothée : "Tiens-toi à ce que tu as appris et dont tu as acquis la certitude". Le missionnaire reçoit la foi, au sens d’un contenu "donné", par le Christ, par l’Eglise. Et il a, sans cesse, à en vérifier le bien fondé, de sorte que vivent de plus en plus en lui sa relation avec Dieu, sa relation avec ses frères.
Il a à en “vérifier le bien-fondé” pour lui-même ! C’est-à-dire réfléchir sans cesse à tout ce que le Christ nous a dit et nous transmet encore par l’Eglise. Il ne s'agit pas de se cramponner à des formules dogmatiques ou à des rites liturgiques sans souci de leur origine et de leur développement. Il s'agit - conformément à la parole de la première épître de St Pierre - "d'être toujours prêt à rendre raison de l'espérance qui est en nous, avec douceur et respect". Ce doit être là une très grande question à la fois individuelle et collective, question qui a traversé et l’A.T. et toute l’histoire de l’Eglise ! Pour cela, “il nous faut, à toute heure, dit encore St Benoît, veiller sur les actes (sur les paroles) de sa vie“
Il n'est pas nécessaire d'être grand théologien pour faire son salut et être missionnaire ; mais il est si facile de faire de la religion elle-même une idolâtrie. Les exemples sont nombreux. On disait des Religieuses de Port-Royal : “elles sont pures comme des anges mais orgueilleuses comme des démons !“ parce qu’elles poursuivaient leurs propres raisonnements au lieu de laisser leur vie être sans cesse confrontée avec la Parole de Dieu transmise par l’Eglise.

3. Le Missionnaire doit prier !
Les lectures d'aujourd'hui nous apportent un enseignement sur la prière ! Dans la première lecture, l'auteur du livre de l'Exode nous décrit Moise les mains étendues dans l'attitude du "priant", intercédant pour son peuple. Et dans l'Evangile, Jésus lui-même nous invite, par une parabole, à une prière inlassable et même importune Oui, si le missionnaire ne prie pas, il se décourage vite devant l'échec ou se glorifie vite de ses succès.
Si Thérèse de Lisieux, au fond de son Carmel a été déclarée patronne des Missions, c'est qu'elle offrit sa vie monotone et héroïque, comme une prière, pour l'extension de l'Eglise. Alors, "il faut prier sans cesse", comme le demandait St Paul, lui le Missionnaire par excellence ! Et cette affirmation doit nous interroger : "Sur qui comptons-nous? Sur Dieu ou sur nous-mêmes?" C'est tout le sens de la question de l'évangile : "Le Fils de l'Homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?" A voir le petit nombre de personnes qui se rassemblent pour prier, chaque dimanche, la question se pose en effet. Et nous-mêmes dans nos journées, quelle place laissons-nous à la prière ? Serions-nous en reste par rapport à certains qui n’ont pas reçu la Révélation du Christ, comme Gandhi qui affirmait : "La prière est la clef du matin et le verrou du soir".
Si St Benoît dans sa Règle a tant de chapitres sur l’organisation de l’Office divin, c’est qu’il veut affirmer l’importance de la prière. Et puis ne décrit-il pas le moine comme homme de prière par cette formule si simple et si profonde : “Simpliciter intret et oret“ : Qu’il entre simplement dans l’oratoire – l’oratoire de son cœur souvent – et que là, il prie !
Oui, avons-nous véritablement un rendez-vous quotidien avec Dieu ? Oh je sais, on dit : "Je n'ai pas le temps”. Et c’est vrai parfois ! Même dans un monastère ! Ou encore : “je ne prends pas le temps...”. Et c’est encore plus vrai. Car prier, c'est d'abord prendre du temps pour Dieu, lui accorder un peu de notre temps. Si on aime quelqu'un on prend le temps d'être avec lui, de l'écouter, de lui parler, de l'aimer. La prière est ce rendez-vous avec Dieu ; elle nous expose au rayonnement de son Amour comme certains s'exposent au soleil
Et puis, si vous avez véritablement que très peu de temps, je vous rappelle une façon de prier qui est très ancienne et qui n'exige que deux ou trois secondes, temps suffisant pour élever son âme vers Dieu dans un acte d'offrande, d'action de grâces, de demande. Si au cours de la journée, on utilise très souvent cette manière de prier qui ne dure que le temps d'un souffle, d’une respiration, alors, je crois qu’on parvient vite à respirer la vie même de Dieu. Et respirant cette vie divine, on est comme naturellement disposé à l'insuffler aux autres par le souffle d'une parole évangélique, d'une parole missionnaire, d’un acte de charité.

N'oublions donc pas : Le Chrétien doit être missionnaire. Car c'est un envoyé qui transmet ce qu'il a reçu du Christ avec qui il communie sans cesse par la prière. Le Christ a besoin des hommes, de vous-mêmes comme de moi-même, si indigne et incapable que nous soyons !

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