mardi 26 octobre 2010

Soumission

Mardi - 30e T.O. “Soumission“ ? Eph. 5.21-23

Lorsque naguère je présentais ce texte à des fiancés comme lecture éventuelle pour le jour de leur mariage, il y avait toujours quelques réticences, voire oppositions et critiques. Pensez-donc ! Dans une société fortement - et parfois légitimement - en recherche de la parité, de l’égalité des sexes, affirmer la “soumission“ de la femme à son mari, c’est… inacceptable ! Et même on accusait St Paul de misogynie ! Lui qui pourtant - il faut le souligner - a souvent accueilli bien des femmes qui l’ont ensuite accompagné, aidé, non sans parfois… s’imposer d’ailleurs !!! Je pense à Lydie, cette première personne européenne à devenir chrétienne (une femme ! Et on l’oublie ; c’est dommage). Elle fut si enthousiaste des paroles de Paul qu’elle l’implora, lui et ses compagnons, à venir loger chez elle. Et St Luc d’ajouter - avec le délicat humour d’un véritable gentleman - : “Et elle nous y contraignit !“. Une soumise, Lydie ? Un fort tempérament plutôt ! Quoi qu’il en soit de l’exemple que je me permets de rapporter avec amusement, il est certain que l’apôtre Paul était, en partie, conditionné par la mentalité de son époque. Soit !

Pour autant, je ne supprimerai certes pas le mot “soumission“. Au contraire, il faut l’étendre, rendre cette soumission, en toute circonstance, “réciproque“, “mutuelle“, comme l’amour lui-même peut l’être. Et j’affirmais à mes fiancés : non seulement la femme doit aimer son ami et lui être soumise, mais également, le mari doit aimer sa femme et lui être soumis ! Amour réciproque et “soumission“ réciproque ! Autrement dit - et chacun pourra faire des applications analogues au contexte conjugal -, “se soumettre“ signifie : tenir toujours compte de l’autre, de son opinion, de ses difficultés ; dialoguer et non décider seul ; savoir encore renoncer à son opinion ; er surtout, surtout, se souvenir que l’on est tous - dans l’union conjugale ou en Eglise - des “conjoints“, en quelque sorte, c’est-à-dire littéralement des personnes qui sont sous le “même joug“ accueilli en toute liberté : “Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école“, disait le Christ (Mth 11.29). Le “joug“ du Christ ! Paul le précise : le Christ a “aimé l’Eglise ; il s’est livré pour elle !“. Le véritable amour se manifeste dans le “don de soi“ à l’autre…, à Dieu !

Vous le savez aussi bien que moi : il y a deux façons de manifester son amour : Le premier, c’est savoir offrir tout ce qu’on peut donner (non sans satisfaction sensible d’ailleurs, même dans le domaine spirituel). Donner et encore donner ! La deuxième façon - plus difficile, plus exigeante - consiste à souffrir pour la personne aimée. Dieu lui-même nous a aimés, nous aime de la première manière, en nous donnant toute sa création. Il nous comble de dons, au ciel et sur la terre et jusqu’en nous-mêmes ! Mais, ensuite, à la plénitude des temps, dans le Christ, il est venu parmi nous et a souffert pour nous jusqu’à la “soumission“ extrême : celle de sa mort sur la croix !

Il doit en être de même pour nous. Certes, dans l’amour pour l’autre, dans l’amour pour Dieu, on veut tout donner, avec enthousiasme sensible parfois. Et c’est bien, très bien ! Mais vient un temps où il ne suffit pas d’être capable d’offrir, mais être capable aussi de souffrir avec et pour la personne aimée. L’aimer en dépit des difficultés, des moments de pauvreté, en dépit des maladies elles-mêmes… et cela jusqu’à la mort. C’est là, le véritable amour qui ressemble à celui du Christ qui a aimé l’Eglise jusque là !

Il faut savoir aimer jusque là entre membres de l’Eglise du Christ, pour que toute personne aimée dans le Christ perçoive et accomplisse de plus en plus la plénitude de son être, créé “à l’image et ressemblance de Dieu“ ! Telle est la vocation des personnes mariées, disait St Paul. Mais telle est aussi - car il transpose aussitôt - la vocation des membres du Corps du Christ : savoir rejoindre le regard aimant du Christ sur son Eglise, sur chacun de ses membres. Et cela n’est pas sans “soumission“ souffrante.

Aucun commentaire: