dimanche 31 octobre 2010

Aujourd'hui !

31e Dim. T.O. 10.C :

Chez St Luc tout particulièrement, depuis la Transfiguration où Jésus s’est entretenu avec Moïse et Elie de l’“exode“ qu’il devait accomplir à Jérusalem, Jésus entraîne, avec hâte, ses disciples sur la route, vers la “Ville Sainte“. Il est comme pressé d’y parvenir.

Et, au cours de la marche, il ne cesse d’annoncer, de préciser le mystère de sa mort et de sa résurrection : “Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu”. Ce dont il est justement question dans l’évangile d’aujourd’hui, c'est de cette mission de Jésus Sauveur, c'est de Jésus accomplissant son “exode“ vers le jour de Pâque pour arracher à sa perte notre humanité destinée pourtant à devenir “Demeure de Dieu“, chacun étant appelé à devenir membres du Corps glorieux du Christ ressuscité.

L'“aujourd'hui” qui, dans le récit de Zachée, vient par deux fois sur les lèvres de Jésus, désigne évidemment le jour où eut lieu, pour le véritable bonheur d'un homme, sa rencontre avec son Sauveur, Jésus. Mais cet “aujourd'hui”, c'est l'”aujourd'hui” de l'histoire du Salut, c'est l'“aujourd'hui” de l'Église, c'est l'“aujourd'hui” de notre vie à chacun et à chacune, quels que soient notre âge, notre condition, notre cheminement, quelles que soient joies, peines, fatigues - voire découragements - qui tissent notre existence. “Aujourd'hui, le salut est arrivé”. Alors “aujourd’hui écouterez-vous sa voix ?”, demande un psaume. Aujourd’hui, il nous faut être sur la trajectoire de Dieu qui passe en nos vies, comme pour Zachée. Dieu passe en nos vies !

Combien de fois, devant les malheurs, les inquiétudes qui accablent notre monde, combien de fois n'avons-nous pas entendu, n'avons-nous pas dit : “Mais où allons-nous, où va notre terre ?”. Dans ces questions, on peut lire comme en filigrane la question qui, au-delà de tous les aléas de l'histoire, au-delà de toutes les duretés de la vie, traduit quelque chose du mystère même de notre humanité : “Ce monde, qui finalement va à sa perte, peut-il être sauvé ? L'homme peut-il être libéré de sa capacité à vouloir le mal ?”. Peut-il, en quelque sorte, ressusciter ?

Et voilà que ce récit évangélique de Zachée peut nous faire poser la question autrement, d'une manière quasi absurde : “Y aurait-il une relation possible entre les souffrances de notre huma-nité, le mal que les hommes se font les uns aux autres, que nous nous faisons parfois, l'obscurité qui voile notre avenir, l’obscurité de notre foi elle-même, parfois, et cette petite histoire de Zachée, le percepteur, cet indélicat, pris au jeu de sa simple et heureuse curiosité ? Entre ceci et cela, pourrait-il exister une relation ?”. La réponse inimaginable à cette interrogation est proposée à notre foi : “Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu”.

Hier, c'était Zachée qui “cherchait”. Il “cherchait à voir qui était Jésus”. Ainsi l'Évangile nous présente-t-il souvent un homme, des hommes, les hommes, à la recherche de Dieu, à la recherche du Christ.

Et, en même temps, l'Évangile nous donne toujours à comprendre que ces mêmes hommes sont d'abord cherchés, cherchés par “le Fils de l'homme”, cherchés par le Père qui va à la rencontre du fils prodigue, cherchés par le Maître de la vigne qui veut embaucher des ouvriers à toute heure du jour. Depuis qu'au jardin de la Genèse, Dieu, pour la première fois, “appela l'homme et lui dit : où es-tu ?”, il n'a pas cessé de chercher de tout son amour prévenant, patient, inlassable. Et “aujourd'hui il faut” que Jésus “aille demeurer” chez Zachée, car des temps nouveaux sont là, la recherche a pris un tour totalement neuf : “Il est venu chercher et sauver ce qui était perdu”.

On comprend l'urgence dans laquelle Jésus interpelle Zachée : “Vite... Il faut que j'aille demeurer…”. Car là est la place du Fils de Dieu : au cœur des misères et des péchés des hommes. C'est là que doit demeurer l'amour du Christ Sauveur. La mission de l'Église commençait ainsi chez Zachée : manifester que demeure cet amour divin chez tous les Zachée, de toutes les générations et de toute la terre.

Sachons-le, ici, à Château-du-Loir, à Flée, et tout près de nous, au milieu des gens qui circulent, des hommes et des femmes cherchent le Christ parce que le Christ les cherche. N’est-ce pas, finalement, l’affirmation que pose notre évêque par la mission à laquelle il nous engage : “Quo vadis ?“. Où vas-tu, Seigneur ? Il veut aller chez tous les Zachée qui sont près de nous et qui cherchent, plus ou moins consciemment, “à voir Jésus“. Saurons-nous accompagner le Christ, saurons-nous l’assister par notre prière et le témoignage de notre vie, de notre foi ?

Soyons-en persuadés et sachons nous situer au point de rencontre entre la certitude que le Christ est en recherche de nos contemporains et notre société qui oscille entre l'errance et la recherche.

Et lorsque nous venons à en cette chapelle, en une église, ce que nous avons à manifester, à chanter ensemble, c’est, avant tout, la joie du Salut, le bonheur de recevoir nous-mêmes, “aujourd'hui”, Celui qui est venu loger chez les pécheurs. “Il faut que j’aille demeurer chez toi”. “Aujourd’hui” ! Aujourd’hui même ! En sommes-nous bien conscients ?

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