vendredi 29 octobre 2010

Apôtre !

Vendredi - 30e T.O. – Apôtre ! Phil. 1.1-11

St Paul commence toujours ses lettres en précisant son identité ! “Paul et Timothée, serviteurs (“douloi“, mot à retenir) du Christ Jésus“. Comme en d’autres circonstances, Paul ne revendique pas, ici, son titre d’apôtre !
S’il s’est dit parfois “apôtre“, c’est en tant que porteur d’un message qu’il a reçu, en tant qu’il a vu le Christ ressuscité sur le chemin de Damas. Ananie lui avait dit : “tu seras témoin de ce que tu as vu et entendu“ (Ac. 22.15). Et Notre Seigneur lui avait précisé : “Je t’ai apparu pour te constituer serviteur et témoin de ce que tu m’as vu et des choses que je te manifesterai“ ‘Ac. 26.16).

Seuls, les Douze sont apôtres véritablement, au sens où ils ont été témoins (“martures“, d’où est venu le mot “martyr“) de toute la vie du Christ, de ses souffrances, des événements de sa résurrection. D’ailleurs, pour remplacer Judas, il fallait choisir parmi les hommes qui, exige St Pierre, “nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a marché à notre tête, à commencer par le baptême de Jean jusqu’au jour où il nous a été enlevé“ (Ac. 1.21-22). Et c’est ainsi que Matthias fut élu comme apôtre-témoin du Christ !
Oui, les Douze peuvent se dire “ses témoins“ (“martures autou“), tandis que Paul se dira, parfois, “martur autô“ (au datif), c’est-à-dire “témoin pour Jésus“ (Ac. 21.15), témoin au sujet de Jésus, de ce qu’il a vu le Christ ressuscité. Il témoigne du Christ ressuscité. Et il pourra dire à ses chers Thessaloniciens : “Vous avez cru en mon témoignage“ (“marturion“) (1.10). C’est dans le même sens qu’il peut se dire encore “témoin de Dieu“ (“martur tou Théou“) parce qu’il a été témoin de la puissance de Dieu qui a relevé Jésus d’entre les morts.

Veuillez excuser ces précisions. Mais c’est pour souligner que lorsque Paul se dit “apôtre“, c’est parce qu’il veut porter un témoignage de prédicateur qui veut attester la réalité de la Résurrection du Christ, et, de ce fait, la vérité de l’Evangile.
Et après lui, beaucoup furent appelés “apôtres“ en ce sens. C’est ainsi que l’on parle encore de “mission apostolique“. Bien plus - et c’est là où je voulais en venir -, tout baptisé, tout chrétien a une certaine expérience de la présence du Christ ressuscité en qui il a mis sa foi. Alors il doit donc en témoigner, il doit en être témoin, il doit être “apôtre“, lui aussi. Il ne devrait pas pouvoir ne pas dire, ne pas proclamer, comme les apôtres (Ac. 4.20).
Quel est mon témoignage ? Et comment proclamer ? Comment être témoin pour le Christ, être son “apôtre“ en tout lieu et circonstance ?

Peut-être que le qualificatif que s’attribue Paul au début de sa lettre peut orienter notre engagement à la suite du Seigneur ! Il se présente comme “serviteur du Christ“ ("doulos Christou") ! Bien plus que cela même, car le terme “doulos“ peut se traduire par “esclave“ : être tout donné au Christ, sans aucune retenue. (Il est probable d’ailleurs qu’il y avait beaucoup d’esclaves parmi les destinataires ou les auditeurs de sa lettre).
“Serviteur de Dieu“ ! Il est certain que depuis le chemin de Damas, Paul a consacré toutes ses forces, tout son temps, toute sa personne au Christ, à la prédication de l’évangile. Son activité et son agilité pratique ont pu donner l’impression, pour qui l’observait du dehors, qu’il avait l’intention de faire beaucoup, de faire tout lui-même. La réalité est fort différente. Son activité inlassable était motivée par la conviction que c’est Dieu qui commence et que c’est Dieu qui achève. Son travail, il l’appelle une “œuvre“. Mais ce n’est pas son œuvre. Il n’accomplit, en fait, que des travaux de manœuvre, de serviteur, car il se veut au service d’un plus grand. C’est ce qui lui permet de conserver son entière confiance, même lorsqu’il est obligé d’interrompre son activité, brusquement, de manière imprévue…

Faire l’“œuvre de Dieu“ - “Opus Dei“ - et s’en remettre totalement à lui ! N’est-ce pas le sens de toute consécration qui devient alors de plus en plus “apostolique“.

Aucun commentaire: