lundi 7 septembre 2009

Plénitude dans le Christ. - T.O. 22 imp. Vendredi - (Col. 1. 24sv)

St Paul fixe sans cesse son regard vers des réalités nobles et élevées. C’est un actif-contemplatif - ou - contemplatif-actif ! Dieu a voulu, a-t-il dit, que, dans le Christ, toute chose trouve son accomplissement (couronnement) total (“plèrôma“). Il a voulu tout réconcilier en lui, par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux… ! Oui, le Christ est l’accomplissement de toute chose ! St Paul utilise, là, un mot à la mode dans la philosophie de l’époque : “plèrôma“, plérôme, accomplissement total.

Et aujourd’hui, Paul dit : “ce qu’il reste à souffrir des épreuves du Christ, je l’accomplis dans ma propre chair !“. “Je l’accomplis“ ! Et là, Paul reprend la racine de ce mot “plèrôma“, accomplissement, en forgeant lui-même un verbe particulier, très expressif que l’on ne trouve nulle part ailleurs (ce que l’on appelle un hapax) : “antanaplèrô“. “Anti-ana-plèrô“.
  • “Plèrô“ : je remplis, j’achève…
  • “ana“ jusqu’au bord, jusqu’en haut (comme pour les cuves à Cana : “ils les remplirent jusqu’au bord !“).
  • “anti“ : à la place de…, à la place du Christ ! - “Antanaplèrô“ !

Autrement dit :
  • Avec le Christ, par lui, en lui, Paul ne cesse de fixer son regard sur tout être ; à sa place en quelque sorte !
  • il achève en sa chair - comprenons : en toute son humanité, tout son être, cette humanité que le Fils de Dieu a lui-même totalement assumée -…,
  • il achève ce que les souffrances du Christ lui ont déjà acquis une fois pour toutes : ce mystère d’alliance avec Dieu ; et il le fait en participant à ses souffrances…,
  • il achève en lui ce mystère afin que le Corps total du Christ (son “Corps mystique“) dont nous sommes les membres puisse apparaître, au jour éternel, dans la gloire de sa résurrection ! - Mort-Vie : Mystère pascal !

C’est simple et sublime à la fois !
  • Paul fixe toujours son regard sur l’accomplissement du projet éternel de Dieu - projet d’alliance avec l’homme, projet jadis caché aux hommes et désormais révélé en Jésus Christ, par sa mort et sa résurrection -.
  • Aussi participe-t-il aux souffrances du Christ pour avoir part à la gloire du Ressuscité. “Sans cesse, dira-t-il par ailleurs, nous portons dans notre corps l’agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée en notre corps… Nous sommes livrés à la mort à cause de Jésus afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée en notre existence mortelle“ ( II Co. 4.10sv).
  • Et, ce faisant, Paul participe à l’achèvement, à l’avènement du Corps du Christ, tête et membres tout à la fois, l’Eglise. “Ainsi la mort est à l’œuvre en nous, mais la vie en vous !“ (II Co. 4.12).

C’est une immense leçon de théologie que donne St Paul. Et les conclusions qu’on peut en déduire pourraient être émaillées de nombreuses citations de l’Apôtre :
  • Il y a d’abord dans ces lignes toute une théologie de la souffrance. Souffrir (sans rechercher les souffrances pour autant), c’est compléter le Christ, le prolonger, le remplacer sur sa croix ! – Et cela, bien sûr, aux mêmes fins : le salut éternel de tous. C’est - pour reprendre l’image du corps - laisser faire au Christ dans ses membres que nous sommes ce qu’il a fait pleinement dans la tête qu’il est lui-même. Ainsi, tout chrétien a pour vocation, par les souffrances qu’il endure quelles qu’elles soient, de compléter le Christ. Avec le Christ, la souffrance n’est plus un non-sens !
  • Notons que les souffrances de Paul étaient celles qu’il rencontrait dans toute son activité d’apôtre, dans son “travail“ de tous les jours, si je puis dire. Le chrétien, également, par les difficultés de son travail parfois pénible - quel qu’il soit - complète le Christ qui disait : “Mon Père travaille toujours et moi aussi je travaille !“. Voilà une théologie du travail ! Rien n’est indigne, rien n’est vulgaire. Tout est du Christ, tout est Christ. Le Christ en tout.
  • Paul livre ainsi toute sa personne au Christ. Il le fait avec tout son cœur : c’est au nom et à la place de Jésus qu’il aime ainsi les Colossiens qu’il ne connaît pas. C’est par cet amour qu’il complète le Christ. Et c’est ainsi que chacun de nous doit le compléter. L’amour du chrétien, c’est l’amour du Christ lui-même continuant sur la terre d’aimer par notre cœur.. Voilà une théologie de la charité !
  • Enfin, il est à remarquer que Paul est convaincu que ses travaux, ses souffrances ont profité, profitent aux Colossiens qu’il ne connaît donc pas, qu’il n’a pas évangélisés ! - Ainsi, indépendamment de l’action directe sur les âmes par la parole ou par l’exemple, les œuvres et les mérites des justes, des saints servent aux autres membres de l’Eglise ! Quelle belle théologie de la “vie d’union avec le Christ“, de la “Communion des saints“ fondée sur l’unité du Corps mystique du Christ. Théologie de la “Vie contemplative“ !

Toute cette page semble une réponse à la question que Jacob faisait à Rachel qui, bien que inféconde, lui demandait un enfant : “Suis-je à la place d’Elohim ?“. Oui, Dieu, par le Christ, avec lui, en lui, nous donne cette responsabilité d’être “à sa place“ ! “A la place d’Elohim !“.

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