jeudi 17 septembre 2009

La Lecture - T.O. 24 imp. Jeudi - (I Tim 4.12-16)

“En attendant que je vienne“, dit St Paul à Timothée, “consacre toi à la lecture, à l’exhortation, à l’enseignement“.

La première place est donnée à la lecture dans les obligations à observer par ceux que Paul a établis à la tête des Eglises qu’il a fondées et dont, dans sa vieillesse, il se préoccupe. Et ce qui vient en premier - et c’est à bien souligner -, c’est la lecture. Encore faut-il préciser le sens qu’avait le mot à l’époque de Paul et de Timothée.

Quand on parle de lecture actuellement, surgit l’image d’un chrétien studieux qui se plonge solitairement dans la Bible, en comparant éventuellement les variantes textuelles des multiples traductions.

Quand on parle de lecture au temps de Paul, on fait allusion à la lecture publique des textes sacrés, dans les Assemblées, selon l’usage emprunté à la Synagogue. Ce qu’on appelle l’office des lectures, au début de nos célébrations eucharistiques, est la continuation de cet usage synagogal. Et St Paul nous encourage aujourd’hui à donner à cet office des lectures l’importance qu’il mérite. D’ailleurs, on parle facilement de nos jours - et à juste raison - de l’Eucharistie qui présente tout à la fois la “table de la Parole“ et la “table du Pain“ ! On n’est plus à l’époque, que j’ai connue dans mon enfance, où un bon chrétien estimait avoir rempli son obligation dominicale (sous peine de péché mortel, svp !) s’il arrivait à l’église au moment de l’Offertoire, juste au moment où, d’après les casuistes, le prêtre découvrait le calice avant de le remplir. L’office des lectures était couramment estimé comme facultatif et finalement secondaire.

Dans le Nouveau Testament, la lecture a une importance première et primordiale ; on vient de le voir dans notre lecture. Mais, on le constate en bien d’autres passages du Nouveau Testament. Le plus connu est la scène inaugurale de la vie publique de Jésus dans la synagogue de Nazareth : “Il vint à Nazareth, entra dans la synagogue, et se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe“ etc… (Lc 4, 16-21).

Lors du premier grand voyage missionnaire que nous raconte les Actes des Apôtres, on assiste à une scène tout à fait semblable à Antioche de Pisidie :“Après la lecture de la Loi et des Prophètes, les chefs de la synagogue leur envoyèrent dire : « Frères, si vous avez quelque parole d'encouragement à dire au peuple, parlez ». Paul alors se leva…“ ( Ac 13,15)

Et Paul en profite pour résumer toute l’Histoire Sainte et en montrer l’aboutissement dans la Bonne Nouvelle qu’il est chargé d’annoncer et vers laquelle converge toute la Révélation scripturaire - « Secundum scripturas » - « selon les Ecritures ». …“Et, à leur sortie, on les invitait à parler encore du même sujet le sabbat suivant“. (Ac 13,42)

La lecture, l’office des lectures de notre Eucharistie, plonge ses racines dans cet usage de la Synagogue que le Christ lui-même a connu. Il est bon de le rappeler. Et cette coutume synagogale plonge ses racines encore plus loin dans le temps. Bientôt la liturgie du temps Ordinaire nous invitera à feuilleter le livre d’Esdras (la semaine prochaine) qui nous montrera comment, au retour de l’exil de Babylone, se pratiquait la LectureUne manière semblable ! (Ne 8, 4-8)

Dans sa 2ème lettre à Timothée, Paul revient sur cette lecture des Ecritures (le Nouveau Testament n’existait pas encore !) : “Pour toi, tiens-toi à ce que tu as appris et dont tu as acquis la certitude. Tu sais de quels maîtres tu le tiens ; et c'est depuis ton plus jeune âge que tu connais les saintes Lettres. Elles sont à même de te procurer la sagesse qui conduit au salut par la foi dans le Christ Jésus. Toute Écriture est inspirée de Dieu et utile pour enseigner, réfuter, redresser, former à la justice : ainsi l'homme de Dieu se trouve-t-il accompli, équipé pour toute œuvre bonne“. (2 Tm 3, 14 – 17).

Un grand effort a été fait à la suite du 2ème Concile de Vatican pour revaloriser l’office des lectures. Ceux qui le peuvent pourraient lire avec profit la “présentation générale de la liturgie des Heures“ pour voir le souci qu’a l’Eglise de faire redécouvrir l’ensemble de la Révélation biblique en combinant indissociablement l’Ancien et le Nouveau Testament. Cet effort de l’Eglise porte du fruit. La tentation serait toujours de négliger les lectures de l’Ancien Testament pour valoriser presque uniquement les textes du Nouveau Testament. C’est plus ou moins l’hérésie de Marcion (Marcionnisme) qui voulait soustraire l’A.T. des Saintes Ecritures. Il fut condamné !

En ce souci de transmettre la Parole de Dieu, admirons l’effort et la sagesse de l’Eglise…

Et plus nous nous mettrons à “la table de la Parole“ de Dieu à laquelle l’Eglise nous invite, plus, alors, nous serons animés d’un saint désir pour prolonger individuellement cette lecture. Et le Seigneur prolonge sa présence évidemment dans la continuation de cette lecture. “Il faudrait, disait le Curé d’Ars, s’appliquer tous les jours à une lecture pieuse, tout comme on s’applique à prendre ses repas“. – “Qui sont ma mère, mes frères ?“, demandait Notre Seigneur. “Ce sont ceux qui écoutent la Parole et la mettent en pratique“. Il faut donc l’écouter, la lire ! Ecouter, recevoir cette Parole ! Et peu à peu l’âme se remplit d’émerveillement et de joie divine. On découvre alors progressivement que cette lecture donne des lumières sur la beauté, la bonté, la miséricorde, la charité divines ; elle permet au cœur de se pénétrer et de s’éprendre de Dieu !

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