mardi 15 septembre 2009

Notre-Dame des douleurs - Le “Dessein de Dieu“ – (He 5, 7-9 - Ps 30 - Jn 19, 25-2 ou Lc 2, 33-35)

La célébration de “Notre Dame des douleurs“ est entrée dans la liturgie assez tardivement 19ème s.). Il a fallu longtemps pour que l’on passe
  • de l’esprit qui dominait hier dans la fête de l’exaltation de la Ste Croix, avec son caractère triomphaliste : la “Croix glorieuse“, victorieuse de la mort !,
  • à la dévotion qui domine aujourd’hui nous invitant à méditer avec Marie principalement sur les souffrances du Christ crucifié.

Dans l’art et l’iconographie, la croix apparaît d’abord comme
  • un signe de victoire sur la mort - la résurrection étant le fondement de notre foi !
  • et le triomphe du christianisme persécuté pendant plus de trois siècles.

A Jérusalem, la Basilique de Constantin, dont la fête d’hier rappelait l’anniversaire de l’inauguration (335), était orientée non pas vers l’est selon la tradition, mais tout entière axée sur la rotonde érigée sur le tombeau d’où Jésus, au matin de Pâques, était sorti vainqueur de la mort, l’ensemble des bâtiments portant le nom de “anastasis“ : “Résurrection“ et non “Saint Sépulcre“. Le Golgotha était comme relégué dans un édicule annexe.

Réaction normale : Pour qu’apparaisse dans l’art chrétien des évocations plus ou moins réalistes de la mort du Christ en croix, il a fallu que disparaisse complètement du souvenir l’horreur qu’était une crucifixion. Ce supplice était affreux, il pouvait durer trois jours ; et c’est par miséricorde qu’on brisait les jambes des suppliciés afin que la mort, plus rapide, achève leurs souffrances. Depuis le célèbre livre sur ce sujet du célèbre Docteur Barbet - un Solesmien, aïeul du P. Grégoire Cador - on a étudié minutieusement les souffrances qu’enduraient les victimes de ce supplice.

Bien plus, l’attention aux souffrances du Christ sur la croix fut réveillée plus efficacement que par toutes ces études médicales scientifiques, depuis Ste Catherine de Sienne, St François, le Padre Pio et Marthe Robin... Les stigmates des saints qui sont favorisés de cette participation, de cet accompagnement du Christ jusqu’au bout de ses souffrances, ont influencé grandement cette dévotion à la passion du Christ.

Une personne affligée d’une maladie incurable depuis des années, avait été voir Marthe Robin plusieurs fois ; et elle avait entendu cette phrase mystérieuse que nous avons rencontrée en lisant l’épître aux Colossiens la semaine dernière : “Je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son corps qui est l’Eglise“. (Col 1,24).

Quel que soit la lenteur des évolutions des mentalités, on constate que, dès l’origine, des saints ont perçu que leurs épreuves étaient une faveur que Jésus leur faisait de participer à ses souffrances avant de participer à sa gloire. Une faveur que, bien sûr, on n’ose pas demander et surtout dont on ne peut parler aux autres que si on a soi-même marché sur ce dur chemin de croix.

La 1ère lecture d’aujourd’hui est tirée de l’épître aux Hébreux (5, 7-9), probablement à cause de ce “grand cri“ que Jésus poussa avant de mourir. Cette évocation fait également référence au psaume 22, prière qui fut celle du Christ sur la croix, prière qui commence par ce cri d’angoisse, - “Eli Eli Lamma sabachtani ; “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?“ -“ mais prière qui se poursuit par cette affirmation : “Tu m’as répondu !“.

Jésus, accomplissant les Ecritures, avait choisi, parmi les psaumes qui résument sous forme de prière toute la Bible, celui qui est sur ce schéma déjà pascal : “Je ne mourrai pas, je vivrai, je chanterai“.

Il faudrait parler aujourd’hui de Notre Dame - Notre Dame des douleurs - ! Marie appelée également co-rédemptrice du Christ … ! St Bernard imagine un frère de son monastère qui pense que la Ste Vierge est restée debout au pied de la Croix parce que la certitude de la résurrection avait comme atténué ses souffrances ; cette réflexion lui permet de parler plus éloquemment des souffrances de la compassion, de cette compassion (“souffrir avec“) qui peuvent provoquer, dit-il, des souffrances qui dépassent celles que l’on peut ressentir physiquement. Aussi accuse-t-il ce frère qui est supposé tenir ce raisonnement d’être coupable d’un péché grave : le manque de compassion. Oui, comme Marie, sachons souffrir des souffrances du Christ en croix pour parvenir à la gloire de sa résurrection !

Et pour méditer aujourd’hui avec Marie - Notre-Dame des douleurs - il faut, avec St Jean, se référer aux noces de Cana. L’heure est venue ! Il ne s’agit plus de vin (appelé parfois dans la Bible “le sang de la grappe“) pour une noce de village, mais du sang pour une éternelle Alliance.

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