lundi 14 septembre 2009

Croix Glorieuse – 14 Septembre - Nb 21, 4-9 - Ps 77 - Ph 2, 6-11 - Jn 3, 13-17

Tous ces temps-ci nous avons été à l’écoute de St Paul. De sa bouche nous avons entendu parler de la Croix et sa voix résonne encore dans nos oreilles. : “Les Juifs demandent des signes, les Grecs sont en quête de sagesse ; nous, nous proclamons un Christ crucifié, scandale pour les juifs et folie pour les païen ; mais pour ceux qui sont appelés, Juifs et Grecs, c’est le Christ, puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes“ (I Co. 1.22sv).

Aujourd’hui, en cette fête de l’exaltation de la Croix, la liturgie nous fait méditer sur la Croix à partir de l’entretien de Jésus avec Nicodème, tel qu’il est rapporté par St Jean au chapitre 3ème de son évangile.

Paul et Nicodème, l’un comme l’autre, sont juifs. Tous deux sont pharisiens. Paul vient de la Diaspora mais il a été élève de Gamaliel à Jérusalem. Nicodème est une personnalité parmi les pharisiens, “un maître en Israël“.

Il est bon de médité sur la manière extrêmement différente de leur venue à la croix. Inutile peut-être de revenir sur celle de Paul qui, renversé sur la route de Damas, de persécuteur qu’il était, est devenu le dernier des apôtres et le premier dans sa prédication de l’Evangile après sa conversion.

Méditons plutôt sur le cheminement de Nicodème depuis sa timide initiative de venir trouver Jésus de nuit, depuis cette impossibilité qu’il a à entrer, lui qui est “maître en Israël“ dans la pensée de Jésus. Il a l’air d’ignorer ce que les prophètes Jérémie, Ezéchiel et d’autres ont dit, au cours de l’exil à Babylone, de la nécessité d’une nouvelle Alliance, d’une nouvelle création. Il reste perplexe devant le signe du serpent d’airain qu’évoque Jésus et que la lecture nous a rappelé à sa manière.

On le retrouve au cours de la fête des Tentes. Il n’est pas encore sorti de sa perplexité, mais il proteste devant les autorités qui veulent procéder sans jugement à l’arrestation de Jésus : “Nicodème, l'un d'entre eux, celui qui était venu trouver Jésus précédemment, leur dit : "Notre Loi juge-t-elle un homme sans d'abord l'entendre et savoir ce qu'il fait ! "Ils lui répondirent : " Es-tu de la Galilée, toi aussi ? Étudie ! Tu verras que ce n'est pas de la Galilée que surgit le prophète“ ( Jn 7, 50-52)

On le retrouve à la descente de la Croix : “Après ces événements, Joseph d'Arimathie, qui était disciple de Jésus, mais en secret par peur des Juifs, demanda à Pilate de pouvoir enlever le corps de Jésus. Pilate le permit. Ils vinrent donc et enlevèrent son corps. Nicodème - celui qui précédemment était venu, de nuit, trouver Jésus - vint aussi, apportant un mélange de myrrhe et d'aloès, d'environ cent livres. Ils prirent donc le corps de Jésus et le lièrent de linges, avec les aromates, selon le mode de sépulture en usage chez les Juifs“. (Jn 19, 38-40).

Il me semble que tous ces textes s’inscrivent d’une manière ou d’une autre dans les cheminements que notre intelligence est appelée à faire pour accéder à la Croix : cette folie de Dieu qui est plus sage que la sagesse des hommes. Ce scandale de la croix qui, aujourd’hui, risque de n’en être plus un de par les enlisements de l’habitude : les crucifix sur les murs, ou les croix devenus des bijoux qu’on porte autour du cou.

Et pourtant, aujourd’hui particulièrement, prions St Paul et St Nicodème - il est certainement saint, celui-là !- ; car tous les cheminements, que les hommes font pour arriver au pied de la croix, s’inscrivent entre celui de St Paul sur la route de Damas et celui de Nicodème. Il y a un cheminement spécial qui a été prévu dans la pensée de Dieu pour chacun de nous. Il y en a aussi un qui est prévu pour chacune de nos Eglises chrétiennes, de par le monde, qui se succèdent dans le temps et dans l’espace.

Et il y en a un spécial, sans doute, encore plus ou moins caché, pour tous ceux qui habitent Jérusalem (le mystère de Jérusalem, depuis des siècles !!!). Car ce qu’on commémore aujourd’hui, c’est le cheminement de l’empereur Constantin. Après avoir vaincu Maxence au pont Milvius en 312, il attribue sa victoire au signe de la croix - In Hoc signo vinces - Il se range au côté de l’Eglise et par l’Edit de Milan en 313, il garantit aux chrétiens une tolérance qui équivalait à la reconnaissance du christianisme comme religion d’Etat, à la reconnaissance de la croix ! C’est en 335 qu’il fit construire une basilique en son honneur à Jérusalem. Les archéologues presque unanimement reconnaissent l’authenticité de l’emplacement de la Croix et du sépulcre. Certains d’entre nous ont eu ou auront la possibilité de se rendre à l’endroit même où s’est joué le principal événement de l’histoire du monde. Mais chacun, par un pèlerinage intérieur, une démarche de foi - et c’est le plus important - est invité à deviner le cheminement qui est le sien vers la Croix. Ô Crux Ave, Spes Unica, chantions-nous autrefois. Salut, ô Croix, unique espérance !

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