mardi 1 septembre 2009

Attente active du retour du Christ ! - T.O. 22 imp. Lundi - (I Thess. 5.1sv)

La lecture de ce jour est la fin de la 1ère épître aux Thessaloniciens, ce premier écrit qui nous soit parvenu, dans sa rédaction définitive, de la littérature du Nouveau Testament. Je vous invite à relire cette merveilleuse lettre en laquelle St Paul met tout son cœur d’apôtre.

Je pense que la leçon principale que nous pouvons en tirer, c’est celle de l’importance dans toute vie chrétienne et dans la vie de l’Eglise ..., de l’importance de l’Attente et de la Vigilance.

Les premiers chrétiens ont peut-être cru trop facilement que le retour de Jésus et la fin du monde étaient imminents. Mais il ne faudrait pas que les deux millénaires qui se sont écoulés depuis lors diminuent en nous cette attente du Seigneur et ralentissent les élans de l’Espérance. Si l’accent est mis dans ce premier écrit de la littérature chrétienne sur l’attente et la vigilance, c’est, me semble-t-il, pour que dans la suite des siècles, cette attente devienne de plus en plus forte.

C’est vrai que cette attente, abusivement interprétée comme imminente, pouvait (et pourrait encore) amener, comme ce fut un peu le cas à Thessalonique, à une sorte de désintéressement par rapport aux valeurs du monde d’ici bas. St Paul réagit contre cela. Et dans sa parabole des talents, Jésus nous montre combien il est important de faire valoir les dons dont nous avons été gratifiés. Un jour viendra où nous aurons à rendre compte sur la manière dont nous avons profité du temps qui nous a été imparti. L’Evangile nous dit qu’au jour du jugement, nous serons jugés surtout, pour ne pas dire uniquement, sur la générosité que nous aurons manifestée dans la relation aux autres. « Ce que vous n’avez pas fait au plus petit d’entre les miens, c’est à Moi que vous ne l’avez pas fait », dira le Juge du dernier Jour.

L’attente du Seigneur ne doit donc pas stériliser nos énergies, mais au contraire les stimuler, nous réveiller. Ce monde est un champ où les graines que l’on sème dans le temps sont destinées à donner des fruits d’éternité.

Le 21ème dimanche (le 23 Août), l’office des lectures nous offrait l’occasion d’une excellente mise au point sur ce sujet. Je vous relis quelques passages du 2ème Concile du Vatican. Il n’y a pas de meilleure méditation à ce passage de la lettre aux Thessaloniciens :

« L’Eglise dans le monde de ce temps » - « Nous ignorons à quelle époque la terre et l’humanité finiront ; nous ne savons pas de quelle manière l’univers sera transformé. Certes, elle passe la figure de ce monde, déformée par le péché ; mais nous avons appris que Dieu prépare une demeure nouvelle et une terre nouvelle où réside la justice, dont la béatitude comblera et surpassera tous les désirs de paix qui gonflent au cœur de l’homme [Il y a donc bien un lien entre ce que nous vivons actuellement et ce que nous vivrons dans le Royaume de Dieu]. Alors la mort sera vaincue, les fils de Dieu ressusciteront dans le Christ, et ce qui avait été semé dans la faiblesse et la corruption revêtira l’incorruptibilité…

L’attente de la terre nouvelle ne doit pas diminuer, mais plutôt exciter le souci de cultiver notre terre : c’est là que le corps de la nouvelle famille humaine grandit, lui qui peut déjà présenter l’esquisse du monde à venir. …

En effet, ces valeurs de dignité humaine, de communion fraternelle et de liberté, tous ces fruits excellents de la nature et de notre liberté, que nous aurons multipliés sur la terre..., nous les retrouverons plus tard. … Sur cette terre, le royaume est déjà mystérieusement présent ; lorsque le Seigneur viendra, ce royaume atteindra sa perfection. »

Cette lettre aux Thessaloniciens doit réveiller notre persévérante attente, et le dynamisme de notre charité. Trop souvent, le monde ne pense qu’à la production de choses matérielles, périssables, décevantes. La redécouverte de l’attente du Seigneur peut redonner un sens à notre existence et nous inviter à travailler non dans les esclavages de la production mais dans les épanouissements d’une fécondité, dignes des promesses d’éternité que le Seigneur a toujours faites à l’homme. Ce que nous sommes aujourd’hui est donc germe d’éternité.

Pour conclure, je dirais que St Paul, pour marquer la tension active du chrétien en attente, le décrit par un néologisme grec : apo-kara-dokia : c’est la silhouette de l’homme d’espérance : il dresse la tête (kara) pour épier (dokein) et tâcher de découvrir de loin (apo) ce à quoi il se prépare activement. N’ayons pas peur d’avoir sans cesse, spirituellement, le cou tendu…

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