jeudi 10 septembre 2009

La Bonne Morale ! - T.O. 23 imp. Jeudi - (Col. 3. 12-17)

Nous terminons aujourd’hui la lettre aux Colossiens. St Paul nous parle, comme hier, de la morale chrétienne. Il en parle en second, en dernier, mais ce n’est pas pour lui secondaire. C’est au contraire le fruit que produit l’arbre qui a été ensemencé par la Parole de Dieu, par la prédication. “Heureux ceux qui écoutent la Parole et qui la mettent en pratique !“

Mais l’arbre que Jésus a planté doit produire des fruits et non pas seulement que des feuilles ; on trouve la même condamnation pour ces sortes d’arbres dans la tradition juive, les apophtegmes des pères du désert et … dans toute la tradition chrétienne.

Hier, Paul, posait le principe général de cette morale : Vivre en homme nouveau, déjà ressuscité par le baptême, et se renouvelant tout au long de l’existence à l’image du Créateur puisqu’il nous a créés “à son image et ressemblance“. Et il montrait négativement ce qui est incompatible avec cette condition : débauche, idolâtrie, appétit de jouissances terrestres, colère, insultes, propos grossiers et insultants…. Il montrait positivement, par contraste, et de façon assez générale, ce qui caractérisait l’homme nouveau. Il se bornait hier à l’abolition des frontières qui existaient avant qu’on est revêtu le Christ. “Il n’y a plus de Grec et de Juif, d’Israélite et de païens, il n’y a plus de barbare, de sauvage, d’esclave, d’homme libre, il n’y a que le Christ : en tous, il est tout“. (fin de la lecture d’hier)

Aujourd’hui, il entre dans le détail du comportement moral du chrétien, ce qui doit faire son rayonnement. Il travaille dans la dentelle, si je puis dire. Et vous pourrez vous en rendre compte en poursuivant notre lecture dans votre “Nouveau Testament“ ; il s’adresse tant aux épouses qu’aux maris, tant aux parents qu’aux enfants, aux travailleurs comme aux maîtres… Aujourd’hui, nous avons un texte qui résume et qui rappelle ce qu’il a écrit quelques années auparavant aux Corinthiens. Nous sommes en l’an 62. Il a du écrire aux Corinthiens vers 57, le célèbre hymne à la charité de la 1ère lettre aux Corinthiens …. qu’on devrait souvent relire :

“La charité est longanime ; la charité est serviable ; elle n'est pas envieuse ; la charité ne fanfaronne pas, ne se gonfle pas ; elle ne fait rien d'inconvenant, ne cherche pas son intérêt, ne s'irrite pas, ne tient pas compte du mal ; elle ne se réjouit pas de l'injustice, mais elle met sa joie dans la vérité. Elle excuse tout, croit tout, espère tout, supporte tout“. (1 Co 13, 4-7).

Oui, la charité, sans laquelle tout n’est rien, même les charismes les plus spectaculaires. La charité qui ne passera pas ! La charité qui fait que déjà nous avons passé la mort et vivons dans la vraie terre promise qui est le Mystère Trinitaire. Ce mystère d’Amour qu’est Dieu-même. “Dieu est Amour !“

On m’a raconté que le Père Tournay, bibliste à Jérusalem, avait fait cadeau à Ben Gourion de la Bible de l’Ecole Biblique (couvent St Etienne). Ben Gourion s’était reporté directement sur ce chapitre 13 de l’épître aux Corinthiens, et avait demandé pourquoi au lieu de charité on n’avait traduit “agapè“ tout simplement par “amour“. Le Père Tournay avait du lui expliquer qu’en français “Faire la charité, faire l’amour“ pouvait avoir un sens ambigu, assez banal et dévalorisant.

Cependant, aujourd’hui, dans cette lettre aux Colossiens, au passage qui pourrait nous servir de parole à méditer en ce jour, on n’a pas hésité à traduire “agapè“ par amour.

“Par-dessus tout cela, qu’il y ait l’amour : c’est lui qui fait l’unité dans la perfection !“. Et St Paul de signaler que l’amour dont il parle plonge le chrétien dans une paix inconnue du monde. (Col 3,14). La paix de Dieu !

Aussi, pour finir St Paul nous dit comment entretenir l’amour et toutes les délicatesses inventives que l’amour déploie dans les communautés chrétiennes, quand chaque membre a trouvé cette paix de Dieu. Les divergences d’opinions se résolvent alors dans un langage toujours constructif ; et les nécessaires corrections fraternelles ne se font jamais à chaud mais dans la paix et en temps voulu, “in tempore opportuno“, dirait St Benoît. Et puis, dit St Paul, n’oublions surtout pas que nous sommes appelés à faire rejaillir le pardon que Dieu nous a accordé sur tous nos frères sans exception.

C’est alors que nous ne cesserons de vivre - c’est la dernière phrase de notre lecture - dans l’action de grâce : Tout faire “par le Christ, avec lui, en lui… dans l’Esprit-Saint vers le Père… !

Alors, l’action de grâce devient comme l’identité du chrétien, cette action de grâce s’épanouit comme naturellement dans l’Eucharistie.

St Paul dira aux Ephésiens : “En tout temps et à tout propos, rendez grâces à Dieu le Père, au nom de notre Seigneur Jésus Christ“. ( Ep 5,20). “Eucharistountes“, rendant grâce : Que notre vie soit elle-même une “Eucharistie !“

Aucun commentaire: