mercredi 2 septembre 2009

Elan missionnaire - T.O. 22 imp. Mercredi - (Col. 1. 1-8)

Introduction : Mémoire des Bienheureux Martyrs de Septembre.

Après la chute de la Monarchie le 10 août 1792, la fièvre monte à Paris. De nombreux suspects sont arrêtés : laïcs, prêtes séculiers, religieux, réputés réfractaires, déclarés ennemis de la Patrie et rebelles à la Constitution civile du Clergé. On les entasse dans diverses maisons religieuses transformées en prisons improvisées. - Entre le 2 et le 5 septembre, des bandes armées d’hommes et de femmes envahissent ces prisons parisiennes pour se livrer à l’exécution collective des détenus.

Le couvent des Carmes, avec son très vaste enclos, est le plus symbolique théâtre des tueries. Au témoignage de l’abbé Saurin, jésuite rescapé, le contraste est saisissant entre la sérénité qui règne au-dedans, parmi les prêtres prisonniers, groupés autour de trois évêques, et, au dehors, le hurlement de la foule, les canonnades, les roulements de tambour. Finalement, le 2, vers seize heures, le tocsin de Saint-Sulpice donne le signal aux émeutiers. La tuerie qui a commencé dans le jardin s’achève, après un simulacre de jugement, au pied du petit escalier menant à la chapelle, où les prisonniers ont reflué et se sont mutuellement donné l’absolution.

" Je n’ai entendu se plaindre aucun de ceux que j’ai vu massacrés " écrira l’abbé de la Pannonie, blessé et rescapé de la tragédie. Parmi les 3.000 ( ?) victimes de septembre 1792, 191 personnes mortes pour leur foi ont été béatifiées par Pie XI le 17 octobre 1926. Parmi eux, plusieurs sarthois, répertoriés au martyrologe diocésain.

Lecture : La lettre aux Colossiens.

Nous commençons aujourd’hui la lecture de la lettre de St Paul aux Colossiens. Colosses était une ancienne ville de la Grande Phrygie sur la route commerciale qui reliait Ephèse à l’Asie centrale. Grande, belle et populeuse au temps d’Hérodote (1) et de Xénophon (2), elle perdit de son importance lorsque Antiochus II, roi de Syrie, fonda dans son voisinage la citée de Laodicée (3) qui devint la capitale de ce District de Syrie. Au temps de St Paul, elle n’était plus qu’une “petite cité“ (actuellement : que des ruines insignifiantes).

L’Eglise de Colosses ne fut ni fondée, ni visitée par St Paul (Cf. 5.4-9). Mais durant ses trois années de son apostolat à Ephèse, sa prédication attira un grand nombre d’auditeurs de toute l’Asie mineure (Act 19.11-12). De ce nombre furent sans doute Epaphras et Philémon. Et Epaphras devint à son tour l’apôtre de sa cité natale (cf. 1.7) ainsi que des deux villes voisines, Laodicée et Hiérapolis. La Communauté chrétienne de Colosses se composait principalement de païens convertis. Mais les Juifs étaient nombreux dans la région.

L’occasion de la lettre fut sans doute une visite d’Epaphras à Paul (peut-être captif ?). Il lui transmet l’affection des Colossiens, leur attachement à l’Evangile, leur ferveur…, de sorte que Paul, tout heureux du “bel ordre“ qui règne chez eux (2.5) les félicite et les encourage. Mais Epaphras signale aussi les nouveautés dangereuses qui peuvent s’introduire. Et ces nouveautés, Paul va s’efforcer de conjurer. Il y en a cinq :
  • les doctrines judaïsantes (circoncision etc…)
  • la croyance à des esprits, des anges jugés parfois supérieurs au Christ.
  • des pratiques mystiques, ésotériques : sortes de visions et révélations qui viendraient lors de rites d’initiations. Pratiques qui pullulaient… (4).
  • Enfin, ce qui en découle : tout ce qui concerne l’ascétisme et la gnose.

Après mon introduction je n’ai guère le temps… Je dirais seulement que Paul s’adresse aux Colossiens, en les appelant
  • “saints“ – aux “saints de Colosses“, par leur état de consécration au Christ. Nous-mêmes, ne sommes-nous pas “sanctifiés“ par notre baptême, consacrés au Christ ? Y pensons-nous suffisamment ?
  • “frères“ par leur incorporation au Christ. N’est-ce pas ce que nous signifions en participant à l’Eucharistie ? Chacun, nous prenons le “Corps sacramentel“ du Christ pour former ensemble le Corps du Christ, - “Vous êtes le Corps du Christ“ (Rm 12.27) ; “à plusieurs, nous sommes un seul Corps en Christ“ (id. 12.5), ce “Corps eschatologique“ qui apparaîtra en plénitude à la fin des temps.
  • “fidèles“ par leur foi sincère et ferme. Quelle leçon pour nous !

Et pourquoi St Paul donne-t-il de tels qualificatifs ? Parce que, de fait, les Colossiens pratiquent les vertus (théologales) qu’il avait déjà reconnues chez ses chers Théssaloniciens (même adresse) : il sait leur foi active, leur amour qui se met en peine, leur persévérante espérance en NSJC.

Puissions-nous pratiquer ces vertus que Dieu donne - “la grâce de Dieu“, dit St Paul - la grâce que Dieu donne à ceux qui accueillent l’Evangile. Et c’est ainsi que tous, frères fidèles, nous nous sentons alors “sanctifiés“ en Jésus Christ. Foi, Espérance, Charité. Que le Seigneur fasse croître en nous ces vertus fondamentales.

  1. 5ème s., - à la fois “père de l’Histoire“, disait Cicéron, premier journaliste, premier explorateur.
  2. fin du 5ème s. postérieur à Hérodote, disciple de Socrate, historien et général d’armée - l’auteur de l’“Anabase“ qui décrit la “montée“ (la “retraite“) de l’armée grecque (les “Dix Mille“) du Tibre et de l’Euphrate jusqu’à le mer Egée : “Thalassa ! Thalassa !“ – “Mer ! Mer !“.
  3. du nom de sa femme Laodice qu’il répudia à contrecœur pour obtenir la paix du roi d’Egypte en épousant sa fille Bérénice. Mal lui en prit Laodice se vengea en l’empoisonnant !
  4. Peut-on faire un rapprochement avec Rûmî, ce musulman mystique, fondateur des “derviches tourneurs“ (13ème s.) qui habitait la même région (Konya – Iconium) ?

Aucun commentaire: