lundi 14 septembre 2009

24e Dim. Ord. 06/B

Jusqu’ici, St Marc que nous suivons cette année a répété la grande question des contemporains de Jésus : “Mais, qui est donc cet homme qui parle comme jamais homme n’a parlé, qui accomplit miracles et merveilles ? Qui est-il donc ? Soudain, Jésus lui-même retourne la question en l’adressant à ses propres disciples : “Pour vous, qui suis-je ?“.

  • Notons que Jésus se trouve en terre païenne comme pour poser la question à tout homme de tout temps : “Pour vous qui suis-je ?“.
  • Notons que Jésus est près de Césarée de Philippe qui est, dans l’histoire biblique, la route des exils et des retours, comme pour souligner qu’il prend lui-même la route de son départ et de son retour, de sa mort et de sa résurrection et qu’il est pour nous, aujourd’hui encore, à la fois absence et présence sur notre route terrestre où il nous pose la question : “Pour vous, qui suis-je ?“.

Pierre, toujours enthousiaste, anticipe notre réponse pas toujours éclairée comme la sienne : “Tu es le Messie !“. Réponse excellente, mais, peut-être, équivoque ! Car que pensait Pierre ? Oh ! ce que beaucoup pensaient : tu es le Sauveur promis. Tu viens nous libérer des Romains et de ces païens, Hérode et son frère Philippe qui font peser sur nous leur pouvoir. Tu viens manifester la puissance de notre Dieu…

Mais Jésus, lui, connaissait sa mission déjà révélée par les prophètes. Oui, il est le Messie, mais pas celui qu’imaginaient les hommes ! Isaïe, par exemple, avait annoncé le Messie sous la figure d'un "serviteur" (ou d’un agneau : c’est presque le même mot en hébreu) qui aurait beaucoup à souffrir. La 1ère lecture nous le rappelle : "j'ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient". Ce Messie, "Serviteur-Agneau" apparaît comme transpercé, écrasé à cause de nos fautes...

Aussi, Jésus, pour éviter toute équivoque, répond clairement : "il faut que je souffre beaucoup, que je sois rejeté, mis à mort. Et trois jours après, je ressusciterai." Mort et résurrection ; Départ-retour ! Absence-présence !

Pierre est scandalisé. Alors Jésus le rabroue : “Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes !". Oui, la profession de foi de Pierre était belle, mais équivoque. Jésus était bien le Messie, mais pas n'importe quel messie.

Et nos professions de foi, à nous, ne sont-elles pas également équivoques ? Souvent nous oublions une réalité essentielle : le Christ est désormais en dehors du temps et de l’espace. Il était hier, il est aujourd’hui et il sera demain comme nous le proclamons. C’est donc aujourd’hui, comme hier qu’il accomplit encore son œuvre messianique. Et nous, “membres de son Corps”, nous devons participer, jusqu’en notre chair parfois, à la messianité du Fils de Dieu ! Jésus continue en nous son mystère pascal ! Aujourd’hui ! Et il nous pose toujours la question : “Pour vous, qui suis-je?“

Et nous répondons : "JE CROIS QUE JESUS EST LE SAUVEUR ! " - Oui, mais quel Sauveur ? Un Sauveur qui, à notre place, va faire régner miraculeusement l'ordre, la justice, la paix2? Un homme-miracle qui dispense de tout effort, aujourd’hui et demain ? - Ou bien un Sauveur qui nous appelle à nous engager à sa suite ? "Celui qui ne cherche qu'à sauver sa vie la perdra ; celui qui la perdra pour moi la sauvera". Oui, Jésus est bien le Sauveur, mais un Sauveur qui aujourd’hui, veut vivre en nous ce qu’il a vécu hier, ce qu’il vivra demain, jusqu’à son retour final, avec nous, dans la gloire de son Père !

Nous répondons encore : "JE CROIS EN LA VIE ETERNELLE !" - Oui, mais quelle vie éternelle ? Une vie bienheureuse après la mort, obtenue plus ou moins par nos vertus et nos efforts qui doivent être récompensés (ne serait pas simple justice, n’est-ce pas ?) ? - Non ! La vie éternelle, c'est main-tenant qu'elle commence, c'est ici-bas qu'il faut la vivre. Car la vie éternelle, c'est de s'attacher à Jésus : “Viens, suis-moi !“ Car “il nous faut marcher comme lui-même a marché“, dira St Jean. Marcher sur la route d’un exil et d’un retour, d’une mort et d’une vie, jusqu’à notre dernier retour… à la Vie, dans la gloire de son Père et notre Père.

Nous disons encore : "JE CROIS QUE JESUS EST LE FILS DE DIEU ! " - Bien sûr ! Mais la formule peut être équivoque si on n’ajoute pas : "Jésus, Fils de Dieu fait homme. Car Jésus n'a pas fait semblant d'être un homme : il est pleinement homme ; il a eu faim, soif, il a été troublé, a eu peur de la souffrance … Et il en est toujours ainsi. Car Jésus, Fils de Dieu fait homme, disperse désormais son visage sur les petits, les souffrants de toutes sortes… C’était hier et c’est encore aujourd’hui !

Et nous affirmons encore : "JE CROIS EN L'EGLISE !" - Oui, quelle Eglise ? Une Eglise-société, plus ou moins organisée, puissante humainement, religieusement ? Ou bien une Eglise qui serait une communion dont chaque membre reprend, à sa manière, pour aujourd’hui, la mission du Christ qui toujours veut révéler Dieu son Père, pour faire alliance éternelle entre ciel et terre. N’est-ce pas le sens de l’Eucharistie qui nous rassemble ?

Remarquons que les affirmations inverses, celles de ceux qui se disent athées, sont souvent, elles aussi, très équivoques. "Je ne crois pas en Dieu !" - Mais en quel Dieu ?
  • Si vous refusez de croire en un Dieu dont la puissance capricieuse enverrait heurs et malheurs comme bon lui semble, vous avez raison ! Moi non plus je n'y crois pas !
  • Si vous refusez de croire en un Dieu qui demanderait de se résigner passivement aux injustices et aux misères d'ici-bas, dans l'attente d’une compensation céleste, vous avez raison ! Moi non plus je n'y crois pas !
  • Si vous refusez de croire en un Dieu qui aimerait la souffrance, vous avez raison ! C'est encore un faux Dieu !

Bref, il ne suffit pas d'affirmer : "je crois en Dieu" ou : "Je ne crois pas en Dieu" ; il faut préciser à quel Dieu l’on croit, à quel Dieu on refuse de croire. Et puisque nous allons tous maintenant proclamer notre Credo, celui de l’Eglise, souvenons-nous de ce que nous disait St Jacques, il y a un instant :"Vous dites avoir la foi. Mais prenez garde ! Si, avec le Christ d’hier, d’aujourd’hui et de demain, votre foi n'agit pas, elle est morte ! ".

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