vendredi 4 septembre 2009

Paix dans et avec le Christ - T.O. 22 imp. Vendredi - (Col. 1. 15-20)

La lecture d’aujourd’hui est l’une des pages les plus remarquables de St Paul, bâtie comme un hymne, une louange à la dignité suréminente, à la suprématie, à la primauté du Christ. Certains pensent que cet hymne était antérieur et que Paul l’aurait intégré dans son écrit. Mais pourquoi ce texte ne serait-il pas de l’Apôtre lui-même, lui qui, devant le mystère de Dieu, a parfois de tels élans quasi mystiques propres à confondre les enthousiasmes, les spéculations obscures et hasardeuses de tous ceux qui se croient investis d’une lumière supérieure venant des esprits, fussent-ils des anges ?

Sans s’attarder aux nombreux bavardages qui courent sur ce sujet et dont sont victimes certains de ses compatriotes juifs qui subissent l’influence de la philosophie grecques ou des religions asiatiques, Paul va droit au but, à l’essentiel, cet essentiel qui lui tient à cœur : maintenir la primauté du Christ en toutes choses, lui qui accomplit le dessein d’amour de Dieu pour les hommes. Aussi ne veut-il plus se compromettre avec tous ces soi-disant maîtres qui semblent faire autorité autour de lui, vénérant obscurément le monde ancien, juif ou païen.

Il remarque seulement que l’on parle beaucoup de “connaissance“, de gnose. Et bien, semble dire Paul, parlons-en ! Et il va formuler en quoi consiste la vraie connaissance, celle du Christ qui, à “la plénitude du temps“ (au moment de l’Incarnation) est venu accomplir le dessein éternel de Dieu dans l’histoire.

Et avec force, il clame la suprématie du Christ Jésus, Maître et Seigneur sur tout l’univers, sur les être visibles ou invisibles, sur les hiérarchies célestes, angéliques à propos desquelles on spécule tant. Au milieu du fatras des idées à la mode, Paul affirme simplement ! D’ailleurs, il sait désormais - depuis son expérience à Athènes - la vanité des beaux discours dont il est pourtant capable de faire ; il le dira aux Corinthiens :

« Quand je suis venu chez vous, je ne suis pas venu vous annoncer le mystère de Dieu avec le prestige de la parole ou de la sagesse. Non, je n'ai rien voulu savoir parmi vous, sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié. Moi-même, je me suis présenté à vous faible, craintif et tout tremblant, et ma parole et mon message n'avaient rien des discours persuasifs de la sagesse ; c'était une démonstration d'Esprit et de puissance, pour que votre foi reposât, non sur la sagesse des hommes, mais sur la puissance de Dieu » (1 Co 1, 1-5).

Donc, délaissant les procédés de séduction de la rhétorique, s’appuyant uniquement sur l’Esprit-Saint et la puissance de Dieu, il va droit au but : le Christ, mort et ressuscité, est le chef de toute la création. Il en est la cause formelle, efficiente, finale - et que sais-je encore - puisqu’il était avant toutes choses et que tout fut créé en lui, par lui, pour lui. Tout ce qui existe a son accomplissement plénier en lui. - Bien plus, il est la tête du Corps qu’est l’Eglise. Il est le commencent ou mieux le principe, c’est-à-dire non seulement le début mais la source, la raison d’être de toutes choses au point de ne pouvoir s’étonner qu’il soit le premier-né d’entre les morts, puisqu’en tout il a la primauté !

Oui, le Christ a bien cette prééminence en tout,
  • dans l’ordre métaphysique par sa divinité,
  • dans l’ordre de la nature en tant que Créateur,
  • dans l’ordre de la grâce et du salut en tant que rédempteur, réconciliateur,
  • dans l’ordre morale et mystique comme chef d’un Corps en lequel in infuse la vie divine, éternelle,
  • dans l’ordre eschatologique, puisqu’il inaugure l’avenir par sa résurrection glorieuse.

Et pour ne rien oublier, si je puis dire, St Paul n’hésite pas à employer un mot à la mode dans la philosophie de l’époque, le mot de “plérôme“.

“Dieu a voulu que, dans le Christ, toute chose ait son accomplissement (plèrôma) total. Il a voulu tout réconcilier par Lui et pour Lui, sur la terre et dans les cieux, en faisant la paix par le sang de sa croix“.

C’est la fin de notre lecture. Quand un chrétien participe à l’une ou l’autre de toutes les réunions où on parle de paix, quand dans les conversations il est question de paix, il ne devrait jamais perdre de vue ce que ce mot de paix signifie en langage chrétien.

C’est, dans ce sens plénier que prend ce mot de paix, l’achèvement du dessein de Dieu, déjà opéré par le Christ, mort et ressuscité, mais qui se poursuit actuellement dans son corps mystique. C’est, dans ce sens plénier du mot de paix en langage chrétien, que nous sommes appelés à garder le cap, sans nous laisser distraire, sans laisser ce mot s’affadir dans de vagues idéologies pacifistes.

Et cela n’est pas une invitation à une lecture “intégriste“ ou que sais-je encore… C’est une invitation à situer tous les efforts qui montent d’en bas, si je puis dire, à les situer dans le grand élan qui, par le Christ, avec Lui et en Lui, entraîne tout l’Univers réconcilié vers le Père. Pensons à cela quand nous célébrons sans nous lasser, quotidiennement, l’Eucharistie.

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