Avent
1.A 13-14 - Veillez !
Avec le temps de l'Avent, tout commence
!
Je ne dis pas que tout recommence, car,
avec Dieu, chaque jour est neuf. Dieu ne se répète jamais. Toujours, il nous
comble de ses nouveautés.
C'est donc un commencement :
- L'Avent, c'est le commencement d'une
année liturgique. L'année liturgique, c'est tout le mystère pascal,
mystère que réactualise chaque Eucharistie, mystère qui, se réfractant dans le
déroulement des dimanches et des fêtes, agit sans cesse dans l'Eglise, en
chacun d'entre nous. Mystère d’alliance entre Dieu et l’homme. Et cette
alliance est toujours neuve. Si on le veut !
-
L’Avent, c’est le commencement du cycle de Noël. Nous voici orientés
vers la naissance du Christ, non pour retrouver les émotions de notre enfance,
mais pour entrer plus profondément dans la réalité de la jeunesse de Dieu. Dans
un monde qui vieillit, Dieu est l'éternellement jeune, si je puis dire.
-
Commencement d'une année chrétienne. Nous voici ré-orientés vers la
grande rencontre avec le Seigneur qui vient, qui vient toujours : “Marana tha !” - “Viens, Seigneur Jésus !”.
C'est le dernier mot du dernier livre de la Bible, l'Apocalypse : “Viens, Seigneur Jésus !”.
Oui,
le temps de l'Avent nous dit que Dieu est toujours jeune en nous. Le
péché, lui, est vieux. Avec lui, nous sommes toujours au temps de Noé !
Avec lui, les "fleurs du mal" à peine écloses sont déjà fanées,
laissant la place à de nouvelles pousses encore plus éphémères… C’est toujours,
disait Baudelaire, “le spectacle ennuyeux
de l'éternel péché”.
Or,
aujourd'hui encore, nous vivons les jours de Noé : “On ne se doute de rien jusqu'à ce que vienne le déluge”. Aussi, c’est
l’heure de sortir du sommeil, nous dit St Paul.
Mais
l’on va répétant : “On n'a plus le
temps“, ni pour soi, ni pour les autres... ni pour Dieu ! On n'a plus le
temps de vivre ! Activités, plaisirs... précipitent dans l'engrenage. Nous
ne prenons plus le temps ; c'est le temps qui nous mène. On vit au jour le
jour, écrasé par le quotidien qui devient tombeau !
“Je n'ai pas le
temps !”.
C'est parfois le cri d'une vie intense. Mais c'est souvent, la chanson de la
routine ; elle chante bien ; elle endort dans un sommeil qui empêche de voir le
jour qui vient, le “Jour du
Seigneur !”. Et quand il sera là, nous vivrons encore en noctambules.
Aussi,
en ce temps de l’Avent, s'élève un cri : “Soyez
éveillés ! Veillez ! Chaque jour le Seigneur vient !” Il s'agit de
veiller dans l'attente ! “L'attente est
la fonction chrétienne par excellence”, a-t-on dit. Un chrétien qui ne
désire plus rien ou n'attend plus personne est un homme amputé de son véritable
avenir. Or, Dieu vient ! Il vient toujours. Et cette venue
change tout dans une vie. - “Veillez !”,
nous redit Jésus ; c'est à l'heure que vous ne pensez pas que je viendrai. Les
croyants sont des éveillés, des vigilants. (sens de "Grégoire" !)
St
Paul a même forgé un mot particulier pour décrire l'attitude du
"veilleur" : "Apo-kara-dokein", dit-il. Le veilleur
s'efforce de voir ("dokein"), de voir au loin ("apo") en se
redressant le plus possible ("kara"). "Apokaradokein" : se
redresser pour voir au loin celui qui vient, qui viendra certainement. Oui,
veiller ! Sans fièvre qui panique, sans léthargie qui assoupit. Avec Jésus le
futur est déjà là.
Certes,
nous ne savons pas le moment de sa venue. Bien sûr, nous savons qu'elle se
produira ; et nous pensons facilement que la mort sera le jour de cette
venue.
Mais
"Veillez !", cela veut dire
encore : être attentif aux signes de la présence du Christ, de son incessant
passage en nos vies. C'est être attentif, à tout instant, aux mystérieuses
manifestations du Christ qui, entre sa première venue dans l'histoire et son
retour dans la gloire, ne cesse de venir, n'arrête pas de passer parmi
nous et en chacun de nous.
Et
s'il fallait établir l'inventaire de ces signes qui apparaissent davantage au
regard de la foi qu'à celui des yeux, je dirai qu'il y a des signes que le
Seigneur nous a laissés lui-même comme gages de sa présence et de son
action dans le monde. Ce sont l'Eucharistie et l'ensemble des signes
sacramentels. Ne l'oublions surtout pas !
Mais
il y a d'autres signes, non institués, de la mystérieuse présence de
Jésus. Et ceux-là sont nombreux, variés, imprévisibles.
Ici,
c'est tel homme, affamé de pain, d'amitié ou simplement d'attention : à travers
lui, Jésus lui-même me sollicite.
Là,
c'est un regard, un sourire, une parole, un geste qui révèle la présence de
l'Esprit Saint au fond d'une âme comme pour communiquer cette présence divine.
A
un autre moment, Dieu nous fait signe par un événement heureux ou plus
douloureux qui me concerne, me touche et dissimule toujours un appel de Dieu,
un appel à vivre de son mystère pascal du Jeudi-Saint au jour radieux de
Pâques. C’est tout le sens, là encore, de l'Eucharistie qui nous rassemble
chaque dimanche.
Veiller,
c'est la capacité d'accueillir l'imprévu !
Voyez
dans l'Evangile : Jésus fut toujours l'imprévu
pour
la Samaritaine au puits de Jacob,
pour
Zachée qui se croyait tranquille sur son arbre,
pour
l'aveugle Bartymée, assis au bord de la route et qui se met à voir,
pour
Matthieu, ce tabellion qui quitte son bureau de percepteur pour suivre
Jésus..., et pour tant d'autres…, tant d'autres au long des siècles.
Dieu
crée toujours l'imprévu en guérissant (spirituellement surtout) sourds, muets,
aveugles, et plus encore en nous faisant souvent "passer" - c'est le
sens du mot "Pâques" - passer de la mort à la vie ! Celui qui
accueille en lui la nouveauté de l'Evénement pascal en son quotidien s'ouvre à
un présent toujours neuf. C'est à toute heure qu'il se passe quelque chose.
Veiller, c'est donc s'efforcer
à tout moment de reconnaître la présence du Seigneur, de déchiffrer sa
volonté au travers des signes qui les attestent, et d'y répondre comme Marie : “Qu'il me soit fait selon ta parole !”
Et alors, peu importe le moment où le Maître paraîtra au grand jour à l'heure
de la mort ; car, dans ce contexte de familiarité et d'intimité avec Dieu en
Jésus-Christ, aucune venue à l'improviste ne saurait plus nous affoler.
La vigilance
chrétienne n'est pas autre chose que la vie devant, avec
Dieu. On fait exactement les mêmes choses que les autres, mais elles ont
une plus grande pesanteur. “L'un est
pris, l'autre laissé !” - Les vigilants s'enracinent déjà dans l'éternel,
les routiniers restent à la surface de tout. La vraie vigilance, loin d'enlever
les goûts aux choses de la vie, leur donne une plus grande saveur. Quelle
merveille de devenir, à travers tout ce qu'on vit, un homme qui se construit
pour l'éternité.
Veillez
! Cela exige un combat. C'est certain. Peut-être pas spécialement contre les
orgies dont parle St Paul, mais sûrement contre l'égoïsme routinier.
Dépêche-toi de quitter ces vieilleries pour t'habiller du Christ. St Paul aime
cette image. L'habit du Christ est le meilleur vêtement de marche. On est déjà
revêtu de lui en l'attendant !
Dis-moi qui tu attends, je
te dirai qui tu es.
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