24-25
Décembre - Nuit de Noël !
Comme autant
de bougies autour de l’Enfant de la crèche, ces mots magiques de Paix, Justice,
Joie, Tendresse, Innocence... illuminent notre rêve d'un monde
pacifié, d’une humanité heureuse. Rêve ou espérance ? Osons dire en cette
nuit de Noël : Espérance ! Heureuse
espérance fondée sur la foi en un Dieu qui, pour devenir visible, s'est fait
homme. A Noël, Dieu donne au monde l'Homme idéal : Jésus Christ en qui
résident Paix, Justice, Joie, Tendresse, Innocence... Et cet Homme idéal, Jésus Christ, veut donner au monde Dieu lui-même, principe
de tout bonheur parce que riche de Paix, Justice, Joie, Tendresse,
Innocence... Admirable échange ! Merveille de l'Incarnation ! En Jésus, la
communication est établie : Dieu et l'homme peuvent se rencontrer,
échanger ! Pour que l'homme reçoive en son cœur Paix, Justice,
Joie, Tendresse, Innocence...
Voilà donc
le message de cette fête qui nous réunit : Dieu et l’homme se rencontrent !
Et l'évangile (de la messe
de minuit) nous livre
ce message à travers le cheminement des bergers vers la crèche. Et pour mieux
saisir ce que requiert cet échange entre l'homme et Dieu, il est intéressant de
suivre ces gardiens de moutons dans leur double démarche.
D’abord une certaine déroute. Oui, ces bergers acceptent
d'être désemparés. Hommes paisibles, sans histoires, les voilà dérangés dans
leur tranquillité. L'ange fait irruption dans leur vie et ils ont peur. C'est
bien normal. Mais les voilà cependant rassurés par une parole réconfortante : “Ne craignez rien, je vous donne un signe...
Vous trouverez un nouveau-né enveloppé de langes et couché dans une mangeoire”.
Drôle de signe, avouez ! Pour des gens qui attendaient un Messie, un Sauveur
prestigieux, on leur annonce un bébé dans une auge à bestiaux !
Et
nous-mêmes ? Quels signes de Dieu attendons-nous ? Devant le mal qui nous accable,
la souffrance qui nous blesse, ne sommes-nous pas en attente d'un Dieu
tout-puissant ? Un Dieu magique qui, d'un coup de baguette, ferait disparaître
la cause de tous nos malheurs ?
Noël nous
révèle que la toute-puissance de Dieu n'est pas celle d'un potentat, mais
celle de l'amour qui, toujours, présentera la non-violence à la violence,
le pardon à l'injure, l'amour des ennemis à la haine.
Ainsi s'est
manifestée la toute-puissance de Jésus, Fils de Dieu, dont nous célébrons la
naissance en notre monde parfois si défiguré ! Homme parfait, il trouvera
la force de résister à la puissance du mal par l'impuissance dont il témoignera
: il acceptera en silence d'être abandonné, hué, bafoué, condamné.
Voilà ce
qu'annonce déjà la précarité de la crèche, sur laquelle se profile l'ombre de
la Croix. C'est le
prix à payer pour être crédible puisque Dieu s’était déjà révélé comme “Dieu de tendresse, lent à la colère et
plein d’amour”.
Les
chrétiens, à Noël, n’accueillent pas un Dieu grand Maître de l'univers, venant
régler tous les problèmes de la terre, mais ce Dieu touchant…, parce qu'il
s'est laissé toucher dans sa chair par tout ce qui peut toucher l'homme. Dieu
vulnérable, Dieu fragile, Dieu sensible ; voilà le signe qui, encore
maintenant, nous est donné à travers tous ceux qui souffrent, sans que nous
puissions parfaitement comprendre pourquoi Dieu ne vient pas les délivrer de
tout mal. Et comme les bergers, nous nous présentons souvent comme
décontenancés. Mais pas découragés pour autant, car nous ressentons en
nous-mêmes cette même invitation faite aux bergers, à prendre notre bâton de
pèlerin, à nous mettre en route pour aller voir et regarder !
Oui, les
bergers nous invitent, en un second temps, à une mise en route. Ils étaient enfermés dans leur silence, les
voilà maintenant qui s'entretiennent. Ils se parlent ! Communiquer entre
frères, se rassembler en Eglise, partager l'écho de la nouveauté de cette
parole que d'aucuns trouvent usée : “Jésus
est né”, n'est-ce pas se prédisposer à communiquer avec Dieu ?
Tels les
bergers qui se sont écriés : “Allons et
voyons”, nous aussi, allons plus loin dans ce mystère de Dieu qui se fait
homme. Voyons, à la lumière de la Résurrection, ce que signifie cette
affirmation inouïe : Aujourd’hui, Dieu et l’homme se rencontrent ! Aujourd’hui
!
Oui, parlons
au présent, car si nous croyons que Jésus est vraiment ressuscité, toujours
vivant, soyons logiques jusqu'au bout, croyons aussi qu'il est actuellement
pleinement homme. Prodigieux de penser que là, en ce moment, au cœur du mystère
de Dieu : Père, Fils, Esprit, se trouve l’homme, l’homme absolu : Jésus
ressuscité et, grâce à sa résurrection, capable de nous communiquer quelque
chose de son humanité. Bien sûr, ce corps que Dieu a tenu à prendre dans le
corps d'une femme, Marie, sa mère, ce corps de chair est maintenant tout autre.
Transfiguré. “Revêtu de la gloire divine”,
dira St Paul.
Merveille
d’espérance, car pour nous chrétiens, cette humanité du Christ, bien
plus qu'un souvenir à raviver, et même plus encore qu'un modèle à suivre, c'est
un “présent” à recevoir comme un don qui peut transfigurer notre vie
personnelle, à recevoir comme un héritage collectif pour faire fructifier ce
Corps que nous formons et qui s'appelle l'Eglise, Corps du Christ, dira St
Paul, Corps du Christ que nous recevons sous le signe sacramentel de
l’Eucharistie !
Oui comme
les bergers devant la crèche, nous pouvons recevoir aujourd'hui le plus beau
cadeau que Dieu puisse nous offrir, son humanité pleinement réussie. Et
il nous la donne de bien des manières sous forme de grâce, comme on dit en
terre chrétienne, afin que nos vies d'hommes et de femmes parviennent, comme
dit St Paul, à “la taille adulte”,
c'est-à-dire à un achèvement, un accomplissement total.
Recevoir
cette grâce, c’est tout simplement accueillir la force de réaliser quelque peu
ce que le Christ a accompli au cours de sa vie terrestre : les Béatitudes.
C’est être nous-mêmes des “vivants mystères de l'Incarnation” en notre
monde autant marqué par la recherche de Dieu que par une indifférence glaciale.
Si l’on
s’efforce d’accueillir aujourd’hui cette grâce de l’Incarnation du Fils de
Dieu, alors on verra que Paix, Justice, Joie, Tendresse,
Innocence, Miséricorde, Pureté de cœur... se donnent la
main pour dessiner, déjà en notre monde parfois défiguré, les traits du visage
de Dieu que nous cherchons comme à tâtons.
Comme les
bergers, nous trouverons le Nouveau-Né avec Marie et Joseph. Et avec eux, toute
notre vie deviendra un chant : “Gloire
à Dieu au plus haut du ciel et sur la terre, paix à tous les hommes qu'Il aime
tellement !”
Saint et joyeux Noël
à tous et à chacun !
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