Avent
20 Décembre – "Proclamons notre foi
!" (Is
7.19-14)
Il faut souvent invoquer Isaïe ! C’est le prophète de la foi !
Pour ce grand prophète, la maladie dont nous souffrons tous sans exception,
c’est ce divertissement dont parlait Pascal et qu’Isaïe appelle l’aveuglement.
C’est ainsi qu’il commence son livre :
“Le
bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maître. Israël ne
connaît pas ; mon peuple ne comprend pas !“.
Ce verset d'Isaïe est l'origine de la
présence de ces deux animaux en nos crèches de Noël. Ils ne sont nullement
nommés dans les évangiles ! L'âne particulièrement est un exemple ; c'est le
seul animal qu'on n'entrave jamais. Car on sait qu'il reviendra toujours à la
crèche de son maître ! Puissions-nous imiter cet âne-là et pouvoir dire selon
l'intitulé d'un livre du Cal Etchegaray : "J'avance
comme un âne", mais un âne fidèle, un âne de foi !
Malheureusement, nous sommes souvent comme
le peuple d'Israël : Si "l'âne connaît
la crèche de son maître..., Israël ne connaît pas ; mon peuple ne comprend pas
!". Oui, sur ce point, nous sommes tous, plus ou moins, des aveugles.
Nous avons tous à demander le miracle de l’aveugle-né, à la piscine de Siloë
alimentée par la petite source de Gihon où se tenait facilement Isaïe, avec ses
disciples. Oui, c’est nous-mêmes qui sommes appelés à nous interroger. Et en ce
domaine, il est malsain de projeter, transférer les causes de nos malaises sur
les autres… Nous avons assez à faire avec nous-mêmes !
Il faut savoir qu’Isaïe commence son
ministère alors qu’il y a une coalition du roi de Syrie et du roi d’Israël (Royaume de Samarie) contre Jérusalem.
Alors, à Jérusalem, tout le monde tremble ! Comme on peut trembler
nous-mêmes, parfois !
“On
annonça à la maison de David : "Aram a fait halte sur le territoire
d'Éphraïm." Alors son cœur et le cœur de son peuple se mirent à chanceler
comme chancellent les arbres de la forêt sous le vent“
(7.2).
Alors Dieu envoie Isaïe :
“Sors
au-devant d'Achaz, ... vers l'extrémité du canal de la piscine supérieure. Tu
lui diras : Prends garde et calme-toi. Ne crains pas et que ton cœur ne
défaille pas…“.
Oui, Isaïe nous enseigne la foi qui nous
pousse à nous enraciner en Dieu seul, pleins de confiance !
“Que
ton cœur ne défaille pas devant ces deux bouts de tisons fumants (le roi de Syrie
et celui de Samarie). Ainsi parle le Seigneur Dieu : Cela ne
tiendra pas, cela ne sera pas… !“ -
Mais “si vous ne croyez pas, vous ne vous
maintiendrez pas“.
“Si
vous ne croyez pas, vous ne vous maintiendrez pas“ ! C'est la grande et
célèbre formule de foi d'Isaïe. Littéralement : "Si vous ne tenez pas fermes, vous ne serez pas affermis",
vous ne tiendrez pas ! Isaïe emploie un jeu de mots significatif pour nous,
car c'est l'origine de notre mot "Amen" : "Si vous ne tenez pas fermes (ta'aminu), vous ne tiendrez pas (té'aménu")". Puissions-nous dire ou
chanter "Amen" avec
beaucoup de foi, de confiance : "Oui, je tiens ferme en Dieu !".
Il faut miser sur Dieu, et sur Dieu seul,
dira toujours Isaïe. Le péché du monde, c'est d'oublier Dieu, de s'en passer !
C’est dans ce contexte que Dieu fait dire à
Isaïe ce que l’on a appelé la “prophétie de l’Emmanuel“ - notre texte
d’aujourd’hui - : “Voici que la
jeune femme (la “Vierge“, selon la tradition juive des LXX - ce n'est pas
l'évangile qui a inventé le terme à propos de Notre-Dame !) concevra,
elle enfantera un fils et on l’appellera Dieu “Emmanuel“,
c’est-à-dire : “Dieu avec nous !“.
Alors que dans le désarroi, “la maison de
David“ est porté à faire alliance avec les superpuissances, l’Egypte ou
l’Assyrie symbolisées par le Nil et l’Euphrate, Isaïe, lui, se poste près d’une
petite source “vers l'extrémité du canal
de la piscine supérieure", la toute petite source de Gihon qui coule
d’en bas de Jérusalem et qui féconde les terres qu’elle rencontre. Isaïe semble
dire : cette petite source qui sort de la ville que "Dieu a choisie pour y faire habiter son Nom" - qui n’a
pourtant rien de comparable avec le Nil et l’Euphrate - symbolise cette présence divine qui est toute la
force de Jérusalem !
Alors que tout le monde tremble, a peur,
est prêt à se compromettre dans des alliances avec l’étranger, Isaïe forme une “école de la foi“ ! Ce
qu’attestent les versets qui suivent :
“Enferme
un témoignage, scelle une instruction au cœur de mes disciples. J'espère dans le Seigneur.. ; et je mets mon attente en lui. Voici
que... nous devenons signes et présages
en Israël, de la part du Seigneur Tout-Puissant qui habite sur la montagne
de Sion“.
(8.16
sv).
Puisse toute
notre vie porter ce témoignage de notre foi en Dieu !
Alors, par cette foi dont témoigne
fortement Isaïe, il y a une délivrance qui s’inscrit dans toutes les délivrances
et qui se traduit par un cantique merveilleux :
“Voici
le Dieu de mon salut : j'aurai confiance et je ne tremblerai plus, car ma force
et mon chant c'est le Seigneur ; il a été mon salut. Dans l'allégresse
vous puiserez de l'eau aux sources du salut. Et vous direz, en ce jour-là :
Louez le Seigneur... ! Chantez le Seigneur, car il a fait de grandes
choses ; qu'on le proclame sur toute la terre“. (12.2sv)
Texte qui rappelle le langage de louange
après la traversée de mer rouge par les Hébreux, texte qui se prolongera dans toute
la Bible, dans le Magnificat de la Vierge Marie (ex. ps. 46) jusqu’à
l’Apocalypse :
“Et
je vis comme une mer de cristal mêlée de feu et ceux qui ont triomphé de la
Bête..., debout près de cette mer de cristal. S'accompagnant sur les harpes de
Dieu, ils chantent le cantique de Moïse, le serviteur de Dieu, et le cantique
de l'Agneau : " Grandes et merveilleuses sont tes œuvres, Seigneur ! Justes
et droites sont tes voies, ô Roi des nations“. (Apoc. 15.2-3).
Oui, en ce temps de l’Avent, prions Isaïe, ce prophète de la foi, en contemplant
Marie, “la Vierge qui enfante“ et qui
nous présente son Fils ! Finalement, Isaïe nous dirait facilement :
La foi est grosse de toute une expérience de Dieu ! Faisons avec lui
cette expérience !
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