Avent
1.A 13-14 Mardi -
L'évangile
d'aujourd'hui nous invite à profiter au maximum de la chance - ou plutôt de la
grâce - que nous avons de pouvoir déchiffrer les Saintes Ecritures à
la lumière du Christ, "Verbe de Dieu", "Parole de Dieu"
comme
on n'a jamais pu le faire avant son incarnation ainsi que le souligne Notre
Seigneur lui-même : "Beaucoup de
prophètes et de rois ont voulu entendre ce que vous entendez et ne l'ont pas
entendu",
comme,
cependant, on ne pourra jamais le faire parfaitement jusqu'à la fin des temps,
dans l'attente d'écouter, dans la vision éternelle, ce "Verbe de vie" qui est "la lumière des hommes" (Cf. Jn 1.4).
Pour
profiter de cette grâce, une seule condition : "être des tout-petits
!" - "Père, disait Jésus,
ce que tu as caché aux sages et aux
savants, tu l'as révélé aux tout-petits !". St Jean affirmera
corrélativement : "A ceux qui l'ont
reçu - ce Verbe "qui illumine
tout homme" -, "il a donné
le pouvoir de devenir enfants de Dieu !" (Jn 1. 9, 12).
Etre humblement,
des "tout-petits", des "enfants de Dieu" pour écouter le
"Fils de Dieu". - Ecouter le "Fils
de Dieu" pour devenir des "tout-petits",
des "enfants de Dieu" ! C'est corrélatif !
"Tu l'as
révélé aux tout-petits !", disait Jésus. Jésus reprend là le langage
des psaumes, du psaume 8ème particulièrement : "Seigneur, que ton nom est magnifique par toute la terre. Mieux
que les cieux elle chante ta splendeur. Par la bouche des tout-petits et des
nourrissons, tu as fondé une forteresse contre tes adversaires... Qu'est-ce
que l'homme pour que tu penses à lui ? Tu as tout mis sous ses pieds : tout
bétail, petit et gros, et même les bêtes sauvages, les oiseaux du ciel, les
poissons de la mer...". Il n'y a que les "tout-petits" qui chantent à Dieu les merveilles de la
création accomplies par le Fils de Dieu - car ils savent reconnaître, eux, que "tout fut par lui !" (Jn 1.3) - : "A voir le ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas", "qu'est-ce que le fils d'Adam pour que tu t'en soucies ?"
...et qu'il puisse devenir "fils de Dieu" ?
Il
y a en ce psaume toute l'imagerie de la création que seuls peuvent chanter les
"tout-petits" et que dessine Isaïe en notre lecture, à la
manière d'un enfant qui ne peut voir "rien
de mauvais ni de corrompu sur la sainte montagne" : "Le loup habitera avec l'agneau, le
léopard se couchera près du chevreau ; le veau et le lionceau seront nourris
ensemble ; un petit garçon les conduira... Le nourrisson s'amusera sur le nid
du cobra... Car la connaissance du Seigneur remplira le pays",
cette connaissance qu'acquièrent les "tout-petits" !
Tout
cela évoque encore le cantique des créatures que chanta celui qui apprivoisa le
loup de Gubbio, le "pauvre", le "tout-petit" d'Assise !
En
tous les cas, on dirait que Jésus, comme le psalmiste, prend ses distances par
rapport aux spécialistes de son temps : "Père, disait-il, ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l'as révélé aux tout-petits !". Ils ont pris, dira-t-il encore, la clef de la connaissance
en laquelle ils ne sont pas entrés eux-mêmes et ils empêchent les autres d'y
entrer (Cf.
Lc 11.52).
Il vaut mieux imiter le psalmiste, un "tout-petit",
celui-là, certainement : "Que j'aime
ta Loi (ta
Parole) ; tout le jour je la médite... Plus
que mes maîtres, j'ai de la finesse ; car j'ai médité tes exigences. Plus
que les anciens, j'ai l'intelligence ; car tous tes préceptes, je les garde
!"
(Ps
119.99-100).
Et
on peut encore évoquer Ste Thérèse de l'Enfant-Jésus, élevée à la dignité de
Docteur de l'Eglise, qui écrivait : "Au
ciel seulement nous verrons la vérité absolue en toutes choses. Sur la
terre, même dans la Sainte Ecriture, il y a le côté obscur et ténébreux... Je
m'afflige de voir les différences dans les traductions. Si j'avais été prêtre,
j'aurais appris l'hébreu et le grec, afin de pouvoir lire la Parole de Dieu
telle qu'il daigna l'exprimer dans le langage humain".
Certainement,
la Sainte de Lisieux s'affligerait plus encore de ces chrétiens qui achètent la
dernière édition à la mode de la Bible et se sont vite découragés... Certes,
aujourd'hui, on a la bonne idée de venir à leur secours par quelques cours
d'initiation de qualité..., leur évitant ainsi de pratiquer une certaine
lecture fondamentaliste, non chrétienne finalement, et qui amène à des
comportements et des discours souvent néfastes. Il faut, me semble-t-il,
passer de la naïveté due à l'ignorance à une nouvelle naïveté - celle d'un
"tout-petit" -, par delà l'information scientifique, et ouverte
sur la traditionnelle "lectio divina", la traditionnelle "lecture de la Bible".
Il
faut nous encourager mutuellement à la lecture de la Bible avec cet esprit
qui émane de la Constitution conciliaire de la liturgie, esprit qui est
souligné, par exemple, dans l'introduction à la "Liturgie des heures"
(bréviaire
des prêtres religieux, religieuses) : "Il
faut que se ravive chez tous "ce goût savoureux et vivant de la Sainte
Ecriture" (Constitut.
Sur la Liturgie) de sorte que la
Sainte Ecriture devienne réellement la source principale de toute prière
chrétienne. La prière des psaumes surtout, qui accompagne et proclame l'action
de Dieu dans l'histoire du salut, doit être aimée par le Peuple de Dieu d'un
amour nouveau.... ".
J'ai
parlé de la traditionnelle
"lectio divina", de la traditionnelle "lecture de la
Bible". Aussi, pour terminer je me permets de rappeler le cheminement de
cette lecture :
-
Il y a d'abord la "lecture" proprement dite, l'écoute de la
"Parole de Dieu" ; chercher non pas tellement le sens matériel du
texte, mais le sens littéral : avoir la politesse de chercher ce que l'auteur a
voulu dire. Et c'est là que les notes d'une "bonne Bible" (BdJ - TOB) peuvent nous y
aider grandement.
-
Il y a ensuite la méditation : faire comme Marie qui remuait en son cœur
toutes les paroles, tous les événements de son divin Fils. C'est si important
de faire comme Notre Dame ! C'est alors que dans une parole méditée résonnent toutes
les "harmoniques" des autres paroles de l'Ecriture... Et toutes se
résolvent, comme les rayons lumineux en le point focal d'une loupe, en la
"Parole de Dieu", "Verbe de Dieu" qui nous enseigne en
notre cœur.
-
Puis, il y a comme la "prière" incessante. Car l'intelligence
s'impatiente de ses limites. Elle frappe alors à la porte de Dieu pour que Dieu
lui-même la mène plus avant dans l'intelligence du "Verbe de Dieu" !
-
Enfin, il y a la "contemplation". C'est un don de Dieu qui ne
peut s'acquérir par nos propres forces. C'est le Christ, "Verbe de
Dieu" qui, lui-même, nous fait de plus en plus parvenir à cette
"connaissance de Dieu" dont parlait Isaïe.
Puisse
le Seigneur nous donner ce don divin qui dilate le cœur ! Le donner aux
"Tout-petits" !
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