mercredi 25 décembre 2013

Jésus, vrai Dieu et vrai homme !

25 Décembre - Nativité de Jésus - Jour

C'est la nuit la plus longue de l'année que l'Eglise a choisie pour célébrer la naissance de Celui qui est la LUMIERE, "Lumière, née de la Lumière", "vraie Lumière qui, venant dans le monde, illumine tout homme" (Jn 1/9). C'est au solstice d'hiver que la liturgie proclame son espérance dans le Christ, Soleil véritable et victorieux, "Lumière qui luit dans les ténèbres et que les ténèbres ne peuvent arrêter" (Jn 1/5).

... Au solstice d'hiver..., car toutes les religions - il est vrai - ont célébré, d'une manière ou d'une autre, cet espoir : le printemps reviendra à la fin de l'hiver ; demain, l'aube naissante dissipera la nuit.
Mais Noël n'est pas seulement une fête païenne liée au rythme de la nature. Elle commémore la naissance historique de Jésus au temps de l'Empereur Auguste, dans une bourgade du Proche-Orient. Elle "fait mémoire" de la venue de Jésus, "vrai Dieu né du vrai Dieu", qui, "pour nous, les hommes, et pour notre salut, a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait homme".

Oui, ce Jésus est "vrai Dieu et vrai homme !". N'est-ce pas la grandeur de notre foi et, en même temps, la "pierre d'achoppement", "scandale pour les Juifs, folie pour les païens", disait déjà St Paul.
Et, depuis lors, - et aujourd'hui plus que jamais -, la puissance des ténèbres s'acharne à édulcorer le réalisme d'un Dieu qui se fait homme.
Certains adorent en Jésus le Dieu trois fois saint qui s'est manifesté sous des apparences humaines ! Sous des apparences humaines ! Il n'est donc pas "vrai homme" !
D'autres vénèrent en Jésus cet homme si grand, si sublime et saint, qu'il mérite, à n'en point douter, d'être divinisé ; mais il n'est pas "vrai Dieu" !

Le dilemme est toujours le même depuis vingt siècles. La formulation peut varier, mais ces deux tendances toujours actuelles ne sont que les héritières lointaines des antiques hérésies des premiers siècles chrétiens qui niaient, d'une manière ou d'une autre, le réalisme que veut célébrer la fête de Noël : la fête d'un Dieu - Unique et trois fois saint - qui s'est fait véritablement homme !

Que beaucoup nient la divinité du Christ, aujourd'hui, c'est évident. Et certains vont jusqu'à rejeter Dieu lui-même, commettant l'inversion sacrilège par excellence que décrit la Bible depuis la Genèse jusqu'à l'Apocalypse, et qui consiste à ériger l'homme en Dieu : c'est l'homme - cet homme si bien illustré en Jésus-Christ - qui devient unique référence de toutes choses, de toute loi, de toute société.

Mais la tentation de ne pas considérer le Christ comme "vrai homme" est tout aussi réelle. Même si elle est plus subtile et moins consciente, elle trompe nombre de chrétiens qui se veulent certainement très religieux.
Le Christ qu'ils adorent et qu'ils prient, c'est comme ils disent : "le Bon Dieu". Et ils entendent par là Dieu lui-même qui, pour se faire proche de nous, prend l'apparence d'un homme. Mais cet homme, Jésus-Dieu, n'a pu être comme nous, fait de chair et de sang. "Quoi, disaient les anciens hérétiques, un Dieu si spirituel, si immatériel qui prendrait chair corruptible dans le sein de la femme, quel sacrilège !". Certes, ce Jésus a bien eu un corps, mais tellement immatériel, tellement parfait qu'il n'a été finalement que le vêtement historique de Dieu qui se veut visible à nous, par bonté.

Et certaines dévotions mal surveillées finissent toujours par s'évanouir dans cette hérésie qui rétablit sous des apparences chrétiennes les manifestations divines de l'Ancien Testament, à la différence que le "Dieu terrible" du Sinaï s'est fait, par bonté, le "petit Jésus". Tout le réalisme chrétien d'un Dieu qui s'est fait homme s'est alors évaporé.

Et la religion devient vite mièvrerie ou système intellectuel qui a mis Dieu à sa place raisonnable, dans les hauteurs du ciel - "Gloria in excelsis Deo" -, mais que l'on ne peut atteindre éventuellement qu'en observant une morale convenable, terre à terre ou purement ritualiste, sans cette relation profonde d'un Dieu avec l'homme, sans cette relation profonde de Dieu avec chacun d'entre nous, cette relation que l'on appelle la FOI !

Chrétiens héréditaires, chrétiens depuis le berceau,
- n'avons-nous pas confondu parfois culture et foi ? Nous aimions Bach et Mozart et l'art roman ; et l'Evangile ne devient qu'un beau livre à offrir en cadeau de Communion...
- n'avons-nous pas confondu loisirs et culte, chaque Sacrement, et la "Profession de foi" et l'Eucharistie elle-même ne devenant qu'un rite qui précède réunion de fête familiale ?...,
- n'avons-nous pas confondu évasion et prière, refusant le dialogue avec les hommes, voire parfois un affrontement viril et salutaire, pour nous réfugier dans un monologue morose et souvent terne en face de notre Dieu ?

Alors est arrivé ce qui devait arriver : l'impitoyable athéisme qui sévit à toute époque détruit d'un léger souffle révolutionnaire toutes ces fausses attitudes spirituelles. Nos abris, nos sécurités, nos assurances s'écroulent.

Et apeurés devant ce carnage d'idoles, - "Dieu est mort", crie-t-on partout - on accuse facilement, et par des paroles et même par des actes violents parfois, la Société païenne et l'Eglise elle-même, "Corps" du Christ. On la quitte sur la pointe des pieds ou même avec grand éclat !

Et pourtant, pourtant… il y a deux mille ans, le Fils de Dieu s'est fait fils d'homme pour faire des hommes les enfants de Dieu. Dès lors, la foi - cette relation vitale avec le Christ, Dieu fait homme - consiste bien à le reconnaître
en ce couple d'indigents qui cherche une chambre d'hôtel,
en ce bébé abandonné au seuil d'une étable,
en cette famille exilée loin de sa patrie.
Sinon, il y a hypocrisie : on veut bien exalter Dieu, dans les églises et que l'on parle de Lui dans les sacristies, mais on méprise l'homme, celui qui, parfois, frappe à notre porte, et qui a faim de pain, de justice, d'amour. Or cela devrait être impossible depuis que Dieu s'est fait homme ! Qui méprise l'homme méprise Dieu.

En ce siècle où l'on va partout proclamant la "mort de Dieu", nous célébrons avec ferveur la naissance de l'Homme-Dieu : "Et le Verbe s'est fait chair ; il a établi sa demeure parmi nous !". Tous les faux dieux finissent par disparaître au long des siècles. Et il restera toujours qu'il y a deux mille ans, le Fils de Dieu s'est fait fils d'homme, pour faire des enfants des hommes des enfants de Dieu. - Dès lors, c'est tous les jours Noël, c'est tous les jours que Dieu nous demande humblement de naître en nous-mêmes ; c'est tous les jours qu'il nous demande, comme à Marie, de le révéler dans le cœur de chaque homme.

Non, ce n'est pas vrai que la gloire de Dieu puisse aliéner la gloire de l'homme. La gloire de l'homme n'écarte pas Dieu. La gloire de homme et la gloire de Dieu trouvent, dans le Christ, - Dieu fait homme -, leur merveilleux échange et leur achèvement..

St Irénée avait bien raison : "La gloire de l'homme, c'est la vision de Dieu. La gloire de Dieu, c'est la vie de l'homme !".

Puisse toute notre vie permettre à Dieu de renaître en nous-mêmes ; et de prolonger aussi son incarnation dans le cœur de tout homme.

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