28 Décembre - Saints Innocents.
Je n'ai pas eu le temps de faire une homélie en bonne
forme, ce qui ne serait pourtant que respect pour ceux qui me lisent...
Cependant je me permets de vous livrer quelques
réflexions, à bâtons rompus, qui vous permettront, je l'espère de mieux
comprendre l'évangile de ce jour.
1. Dans l'évangile il est question de Bethléem !
Bethléem, lieu de la naissance du Christ !
Bethléem, lieu du massacre des Saints Innocents !
[Bethléem, lieu où St Jérôme étudia la Bible... à notre
profit !]
Bethléem encore, lieu traditionnel de la tombe de Rachel.
Le livre de la Genèse en fait d'ailleurs mention précise (ch.
35ème) : Rachel meurt en donnant naissance à Benjamin. Et,
est-il dit, "elle fut enterrée sur
la route d'Ephrata, c'est-à-dire Bethléem". C'est clair !
2. Mais la citation de Jérémie que fait St Matthieu dans
l'évangile note, elle, différemment : "Une
voix, à Rama, s'est fait entendre. C'est Rachel qui pleure ses
enfants...".
Rama n'est pourtant pas Bethléem ! Rama est à neuf km au
nord de Jérusalem, tandis que Bethléem est au sud.
Et le premier livre de Samuel (ch.
10) fait une allusion à cet endroit différent de la tombe de
Rachel : Saül part à la recherche des ânesses de son père - un certain M. Kish
-. Recherche infructueuse. Alors il va trouver un "voyant" - c'est le
prophète Samuel - qui en profite (sur ordre de Dieu quand même !) pour, en
cachette, le sacrer premier roi en Israël ! Et le récit se termine par ces
paroles de Samuel adressées à Saül : "Après m'avoir quitté, tu
rencontreras deux hommes, près de la tombe de Rachel, à la frontière de
Benjamin...". C'est Rama
!
3. Alors, la
tombe de Rachel est à Bethléem ou à Rama ?
Il faut
cependant remarquer que, d'après les historiens, les Bédouins prenaient
l'habitude de vénérer leurs ancêtres non pas obligatoirement là où ils étaient
morts, mais là où c'était pour eux le plus facile de se rencontrer. Or, Rama
est à la frontière des tribus de Manassé, Ephraïm et Benjamin. C'est donc là
qu'on venait vénérer l'ancêtre, Rachel, y faire mémoire.
4. Et
Jérémie vient conforter cette version. Il fait une complainte à Rama : "A Rama une plainte amère se fait
entendre. C'est Rachel qui pleure ses fils... Car ils ne sont plus...".
Matthieu
arrête là sa citation. C'est dommage pour nous, mais non pour ceux à qui ils
s'adressaient (Juifs) qui connaissaient la Bible par cœur et qui pouvaient
eux-mêmes poursuivre : "Cesse ta
plainte, sèche tes yeux ! Car il est une compensation pour ta peine ; ils vont
revenir du pays ennemi. - oracle du Seigneur Dieu - ; ils vont revenir, tes
fils, sur leur territoire. Il y a donc espoir pour ton avenir" (Jér. 31/17).
"Il y a un espoir pour ton avenir !" Jérémie écrit à l'époque où le
fameux Nabuchodonosor, roi de Babylone, a pris Jérusalem. Et il y a un
gouvernement collaborateur - cela arrive, même dans la Bible ! - qui s'est
formé à Rama. Il y rassemble les prisonniers avant leur départ pour l'exil. Et
Jérémie, malgré les circonstances contradictoires, proclame au nom du Seigneur
: "Il y a un espoir pour ton avenir !. Tes fils reviendront !".
5. "Il y a un espoir pour ton
avenir !". Voilà ce
que veut souligner St Matthieu après le massacre par Hérode, à Bethléem. Oui,
malgré ce qui se passe (morts,
malheurs...etc.), il y a
un espoir pour votre avenir depuis qu'un enfant est né à Bethléem (le
Christ). Il y a un espoir pour tous.
C'est la
grande leçon que Matthieu veut transmettre : il y a un espoir pour tout homme
même dans les pires conditions !
Et nous
sommes comme Ephraïm, le descendant de Rachel qui se lamente, d'après Jérémie :
"Toi, Seigneur, tu es mon Dieu. Mais
honte et déshonneur sur moi ! Ma jeunesse a été un scandale. J'en supporte les
conséquences !". Et Dieu répond : "Ephraïm
est pour moi un fils chéri. En mon cœur quel émoi pour lui ! Je l'aime, j'en ai
pitié, grand pitié". Déjà dans l'Ancien Testament, l'amour de Dieu
pour Israël est l'amour d'un père qui a profondément pitié de l'enfant
prodigue.
6. Alors, la
tombe de Rachel à Bethléem ou à Rama ?
Peu importe pour Matthieu ! Il se moque (attitude fréquente dans la Bible) des précisions
topologiques, chronologiques ou autres pour lesquelles il montre une certaine
désinvolture.
Mais, s'il
le fait, c'est pour mieux faire ressortir la signification providentielle
que tel ou tel événement a pris, prend dans la méditation du peuple de Dieu !
Quand on va
à Jérusalem, il ne faut surtout pas "pinailler" sur le lieu de tel ou
tel événement de la vie du Christ. D'ailleurs, on peut toujours dire - à part
quelques lieux bien précis et peu nombreux - : si ce n'es pas ici, c'est à côté
!
Et alors, on
se met plus facilement à l'école de ce grand scribe qu'est St Matthieu qui,
dira-t-il, "tire de son trésor du neuf et de l'ancien" !
- de l'ancien
: à propos de la tombe de Rachel avec ce qu'elle comporte de méditation à Bethléem ou
à Rama peu importe !
- du neuf
: Depuis le Christ, "il y a un espoir pour ton avenir !". Il y a une
espérance qui nous anime.
Et St Paul
parlera d'une "persévérante
espérance en Notre Seigneur Jésus Christ !" (I Thess. 1)
Que
le Christ né à Bethléem nous donne cette persévérante espérance.
En
ce sens et en ces jours qui célèbrent la naissance du Fils de Dieu, je vous redis :
"Saint et joyeux Noël !".
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