Immaculée Conception 13 –
Si le
Cantique des cantiques - le livre le plus commenté par les Pères de
l'Eglise - est comme le centre de toute la Bible parce qu'il célèbre l'Alliance
de Dieu avec l'homme, l'Amour de Dieu pour l'homme, tout le psautier
chante cette Alliance, cet Amour divin.
Et dans le
psautier, le psaume 118ème - ce psaume que vous égrenez au
long des "petites heures" de l'Office, semaine après semaine - en est
comme le condensé, le résumé, nous indiquant le but de notre marche ici-bas :
l'union avec Dieu ! (1)
Aussi, il me
plait de penser que Marie, l'Immaculée, chantait ce psaume, elle aussi,
semaine après semaine comme vous le faites. Elle le chantait de sa voix,
certes, mais elle chantait, par la pureté de toute sa vie, cette
Alliance de Dieu avec l'homme célébrée par ce psaume, Alliance qui se
réalisait au jour de l'Annonciation (Cf. évangile). Sa vie ne fut que ce chant d'Alliance. Et encore aujourd'hui
elle s'exclame, glorieuse et toute joyeuse : "Que je chante pour mon ami le chant du bien-aimé pour sa vigne
!" (Is. 5.1).
"Canta et ambula !" - "Chante
et marche !", aimait à répéter
St Augustin. Oui, nous chantons et nous marchons.
Et Marie,
l'Immaculée, qui, dans son mystère de son Assomption, est arrivée, elle, au
terme de sa marche, de son pèlerinage terrestre, ne cesse de chanter ce psaume.
Et elle
nous voit, en union avec elle, le chanter ce psaume appelé
"alphabétique" - chaque strophe étant scandée par une lettre de
l'alphabet hébreu -. Elle nous voit le chanter ce psaume qui fait le tour de
notre langage pour mieux le consacrer à Dieu ; elle nous voit épeler l'alphabet
de notre vie comme une litanie à la louange de Dieu. Et si parfois, il y a
quelques fausses notes - chorales, fraternelles, morales ... -, elle nous
regarde toujours cependant avec amour, ne cessant de demander à son divin Fils
de "nous conduire, comme dit St
Benoît, tous ensemble ('pariter') à la
vie éternelle" (Règle ch.
72), en cette
vie d'amour que s'échangent éternellement les trois Personnes divines !
Tel est bien
l'objet de notre chant et celui de notre marche !
Aussi, en
présence de Marie, ne cessons pas de chanter et de marcher - "Canta et ambula !" -, malgré
les fatigues et la longueur du chemin, malgré les pièges de l'ennemi, malgré
les chagrins - comme ceux de la "Mère des douleurs" - de voir le
Christ, son Fils, si souvent bafoué depuis le Golgotha jusqu'à aujourd'hui. Et
cela chez nous, en nos familles, en notre pays... et parfois, malheureusement,
jusqu'en nous-mêmes !
Cependant,
chantons et marchons, car il
nous arrive également, comme dit ce psaume 118e, de goûter la
douceur de Dieu, de faire nos délices de sa Parole, de toujours vivre et
revivre par les marques de sa tendresse, d'expérimenter déjà en profondeur son
amour - car "l'amour de Dieu a été
répandu en nos cœurs" (Rm. 5.5) - cet amour
qui sera le lot de notre vie éternelle..., éternellement!
Marie,
l'Immaculée, "pleine de grâce" pouvait faire sien en toute réalité le
premier verset de ce psaume : "Bienheureux
ceux qui marchent immaculés" ! Nous, au contraire malheureusement,
nous avons la douloureuse conscience d'être pécheurs. Et nous allons répétant
comme David : "Moi, je suis né dans
la faute ; pécheur, ma mère m'a conçu" (Ps. 50ème). Mais, maternellement, Marie,
l'Immaculée, nous engage à continuer notre marche en chantant : "Purifie-moi, Seigneur avec l'hysope ;
et je serai pur (immaculé). Lave-moi et je serai blanc plus que la neige !" (id). Et alors, dans la foi, nous proclamons notre assurance avec ce
psaume 118ème : "Que mon
cœur devienne immaculé par la fidélité à pratiquer les commandements !"
(Fiat cor meum immaculatum in justificationibus tuis" - v/ 80 -), à
pratiquer le commandement par lequel le Christ nous justifie.. Oui, que l'humble fidélité à
pratiquer le commandement nouveau de l'amour qui nous met en "Alliance"
avec Dieu nous rende immaculés, nous "virginise", si je puis dire,
nous fasse plus blanc que neige !
Le tout
dernier verset du psaume semble nous ramener à la case-départ. Il énonce, en
effet, cette douce plainte face à notre faiblesse sans cesse renaissante
: "Je m'égare, brebis perdue ! Viens
chercher ton serviteur !" (v/176). Au terme
de son long chant - au terme de sa vie -, le psalmiste se rend compte qu'il n'a
pas avancé, pis encore, qu'il s'est égaré.
En fait, il
nous faut faire l'expérience douloureuse de notre radicale impossibilité à
marcher vers Dieu pour comprendre et enfin partir véritablement. Il nous faut
faire l'expérience du fils prodigue : l'humble confession de notre indigence
nous fait "marcher et chanter"
plus que tout vers le Dieu de miséricorde. Car alors il nous revêt de sa
splendeur et de sa lumière. C'est ce que nous enseigne St Paul dans la seconde
lecture : "Le Père de Notre Seigneur
Jésus Christ nous a élus en lui, avant la création du monde, pour être, dans
l'amour, saints et immaculés sous son regard !" (Eph. 1.4). C'est le regard d'amour du Père
qui nous donne un vêtement blanc comme la neige et fait rayonner notre propre
visage du même amour, comme le chante une antienne de ce jour : "Vestimentum tuum candidum quasi nix et
facies tua sicul sol !" - "Ton vêtement est blanc comme la neige et
ton visage a l'éclat du soleil". St Paul nous dirait que Dieu nous
donne la capacité de nous "habiller" du Christ (Cf. 2 Co. 5.4). Il aimait cette image ! Nous défaire de nos oripeaux de vieil homme pour nous "habiller" du Christ !
Voilà vers
quoi nous marchons "tous ensemble" - "pariter" - en chantant :
l'Eglise sera "transfigurée", comme le fut le Christ lui-même. Elle
sera "resplendissante, sans tâche ni
ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée" (Eph. 5.27). Oui, nous marchons ensemble, en
Eglise, avec la présence de Marie, Immaculée, signe immense d'espérance en
notre monde souvent perverti. Naguère, le pape Jean-Paul II priait ainsi : "Que celle qui, avec son Fils Jésus et
son époux Joseph, alla en pèlerinage vers le temple saint de Dieu, protège la
foule des pèlerins..." que nous sommes, en marche vers la Jérusalem
céleste.
Que Marie,
Immaculée, soit pour nous une mère compatissante pour toujours nous guider vers
son divin Fils !
(1) Ce
psaume était l'"elixir" de foi d'un moine de Solesmes, au cours des
longs mois de sa maladie, avant son décès.
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