lundi 9 décembre 2013

Marche et chante !

Immaculée Conception 13 –     

Si le Cantique des cantiques - le livre le plus commenté par les Pères de l'Eglise - est comme le centre de toute la Bible parce qu'il célèbre l'Alliance de Dieu avec l'homme, l'Amour de Dieu pour l'homme, tout le psautier chante cette Alliance, cet Amour divin.
Et dans le psautier, le psaume 118ème - ce psaume que vous égrenez au long des "petites heures" de l'Office, semaine après semaine - en est comme le condensé, le résumé, nous indiquant le but de notre marche ici-bas : l'union avec Dieu ! (1)

Aussi, il me plait de penser que Marie, l'Immaculée, chantait ce psaume, elle aussi, semaine après semaine comme vous le faites. Elle le chantait de sa voix, certes, mais elle chantait, par la pureté de toute sa vie, cette Alliance de Dieu avec l'homme célébrée par ce psaume, Alliance qui se réalisait au jour de l'Annonciation (Cf. évangile). Sa vie ne fut que ce chant d'Alliance. Et encore aujourd'hui elle s'exclame, glorieuse et toute joyeuse : "Que je chante pour mon ami le chant du bien-aimé pour sa vigne !" (Is. 5.1).

"Canta et ambula !" - "Chante et marche !", aimait à répéter St Augustin. Oui, nous chantons et nous marchons.
Et Marie, l'Immaculée, qui, dans son mystère de son Assomption, est arrivée, elle, au terme de sa marche, de son pèlerinage terrestre, ne cesse de chanter ce psaume.
Et elle nous voit, en union avec elle, le chanter ce psaume appelé "alphabétique" - chaque strophe étant scandée par une lettre de l'alphabet hébreu -. Elle nous voit le chanter ce psaume qui fait le tour de notre langage pour mieux le consacrer à Dieu ; elle nous voit épeler l'alphabet de notre vie comme une litanie à la louange de Dieu. Et si parfois, il y a quelques fausses notes - chorales, fraternelles, morales ... -, elle nous regarde toujours cependant avec amour, ne cessant de demander à son divin Fils de "nous conduire, comme dit St Benoît, tous ensemble ('pariter') à la vie éternelle" (Règle ch. 72), en cette vie d'amour que s'échangent éternellement les trois Personnes divines !
Tel est bien l'objet de notre chant et celui de notre marche !

Aussi, en présence de Marie, ne cessons pas de chanter et de marcher - "Canta et ambula !" -, malgré les fatigues et la longueur du chemin, malgré les pièges de l'ennemi, malgré les chagrins - comme ceux de la "Mère des douleurs" - de voir le Christ, son Fils, si souvent bafoué depuis le Golgotha jusqu'à aujourd'hui. Et cela chez nous, en nos familles, en notre pays... et parfois, malheureusement, jusqu'en nous-mêmes !

Cependant, chantons et marchons, car il nous arrive également, comme dit ce psaume 118e, de goûter la douceur de Dieu, de faire nos délices de sa Parole, de toujours vivre et revivre par les marques de sa tendresse, d'expérimenter déjà en profondeur son amour - car "l'amour de Dieu a été répandu en nos cœurs" (Rm. 5.5) - cet amour qui sera le lot de notre vie éternelle..., éternellement!

Marie, l'Immaculée, "pleine de grâce" pouvait faire sien en toute réalité le premier verset de ce psaume : "Bienheureux ceux qui marchent immaculés" ! Nous, au contraire malheureusement, nous avons la douloureuse conscience d'être pécheurs. Et nous allons répétant comme David : "Moi, je suis né dans la faute ; pécheur, ma mère m'a conçu" (Ps. 50ème). Mais, maternellement, Marie, l'Immaculée, nous engage à continuer notre marche en chantant : "Purifie-moi, Seigneur avec l'hysope ; et je serai pur (immaculé). Lave-moi et je serai blanc plus que la neige !" (id). Et alors, dans la foi, nous proclamons notre assurance avec ce psaume 118ème : "Que mon cœur devienne immaculé par la fidélité à pratiquer les commandements !" (Fiat cor meum immaculatum in justificationibus tuis" - v/ 80 -), à pratiquer le commandement par lequel le Christ nous justifie.. Oui, que l'humble fidélité à pratiquer le commandement nouveau de l'amour qui nous met en "Alliance" avec Dieu nous rende immaculés, nous "virginise", si je puis dire, nous fasse plus blanc que neige !

Le tout dernier verset du psaume semble nous ramener à la case-départ. Il énonce, en effet, cette douce plainte face à notre faiblesse sans cesse renaissante : "Je m'égare, brebis perdue ! Viens chercher ton serviteur !" (v/176). Au terme de son long chant - au terme de sa vie -, le psalmiste se rend compte qu'il n'a pas avancé, pis encore, qu'il s'est égaré.
En fait, il nous faut faire l'expérience douloureuse de notre radicale impossibilité à marcher vers Dieu pour comprendre et enfin partir véritablement. Il nous faut faire l'expérience du fils prodigue : l'humble confession de notre indigence nous fait "marcher et chanter" plus que tout vers le Dieu de miséricorde. Car alors il nous revêt de sa splendeur et de sa lumière. C'est ce que nous enseigne St Paul dans la seconde lecture : "Le Père de Notre Seigneur Jésus Christ nous a élus en lui, avant la création du monde, pour être, dans l'amour, saints et immaculés sous son regard !" (Eph. 1.4). C'est le regard d'amour du Père qui nous donne un vêtement blanc comme la neige et fait rayonner notre propre visage du même amour, comme le chante une antienne de ce jour : "Vestimentum tuum candidum quasi nix et facies tua sicul sol !" - "Ton vêtement est blanc comme la neige et ton visage a l'éclat du soleil". St Paul nous dirait que Dieu nous donne la capacité de nous "habiller" du Christ (Cf. 2 Co. 5.4). Il aimait cette image ! Nous défaire de nos oripeaux de vieil homme pour nous "habiller" du Christ !

Voilà vers quoi nous marchons "tous ensemble" - "pariter" - en chantant : l'Eglise sera "transfigurée", comme le fut le Christ lui-même. Elle sera "resplendissante, sans tâche ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée" (Eph. 5.27). Oui, nous marchons ensemble, en Eglise, avec la présence de Marie, Immaculée, signe immense d'espérance en notre monde souvent perverti. Naguère, le pape Jean-Paul II priait ainsi : "Que celle qui, avec son Fils Jésus et son époux Joseph, alla en pèlerinage vers le temple saint de Dieu, protège la foule des pèlerins..." que nous sommes, en marche vers la Jérusalem céleste.

Que Marie, Immaculée, soit pour nous une mère compatissante pour toujours nous guider vers son divin Fils !


(1) Ce psaume était l'"elixir" de foi d'un moine de Solesmes, au cours des longs mois de sa maladie, avant son décès.

Aucun commentaire: