dimanche 11 août 2013

Vigilance !

19e Dimanche T.O. 13/C

La lecture de l’évangile que nous venons d’entendre nous rappelle le grand devoir de la vigilance, de l’attente du retour du Seigneur. C'est l’un des thèmes fondamentaux des Evangiles et des écrits du Nouveau Testament.

Les Chrétiens sont ceux qui attendent le Seigneur
Il doit venir ! Il vient !
Il viendra pour chacun de nous le jour de notre mort ; ce sera la rencontre définitive avec le Seigneur.
Il viendra aussi pour le monde, comme il l’a dit lui-même, comme le rappelle souvent St Paul.
Il viendra dans sa gloire, comme il est venu dans l’humilité lors de son premier avènement, écrivaient les Pères de l’Eglise.

Or, l’heure où il viendra pour chacun de nous ou pour le monde entier est inconnue : “Le jour du Seigneur vient comme un voleur dans la nuit”, explique St Paul  (I Th 5/2). C’est cette inconnue qui doit commander notre vigilance !

1. Il faut être prêt.  - C’est le sens des images employées par l’évangile : “Restez en tenue de service !”. - “Gardez vos lampes allumées !”. - “Soyez comme des gens qui attendent leur maître pour lui ouvrir dès qu’il arrivera !”.

Etre prêt ! Donc nous efforcer d’être toujours comme nous voudrions être au moment où paraîtra le Seigneur pour nous. Cette pensée devrait nous aider à tenir bon au milieu des tentations de toutes sortes, à faire la volonté de Dieu, notre Père.

Cette volonté, nous la connaissons par l’Evangile dont nous entendons un passage chaque dimanche, voire chaque jour, mais que nous devrions aimer à relire souvent de façon personnelle. L’Evangile contient les paroles de la Vie éternelle. Oui, aimons relire la Parole de Dieu ! Redisons-le : La "table du Pain" et la "table de la Parole" sont absolument de même importance depuis que le Verbe s'est fait chair ! Nous vénérons à juste titre le "Saint-Sacrement", et souvent nous négligeons de lire avec compréhension la Parole de Dieu, de la proclamer avec respect et grande attention. Le Concile Vatican II le dit expressément : "De même que l'Eglise reçoit un accroissement de vie par la fréquentation assidue de mystère eucharistique, ainsi peut-on espérer qu'un renouveau de vie spirituelle jaillira d'une vénération croissante pour la Parole de Dieu qui demeure à jamais !" (Dei Verbum 26).

La volonté de Dieu nous est manifestée encore, pour chacun de nous, par les événements de notre vie qu’il faut toujours inscrire dans le mystère pascal du Christ, ce mystère de mort et de vie ! Rien ne vient au hasard. Le hasard n’existe par pour le chrétien. Le hasard, a-t-on dit, c’est Dieu qui vient incognito. Tout est voulu ou permis par Dieu qui veut notre bien en ce mystère pascal du Christ !

Oui, le chrétien cherche, par sa vigilance, cette volonté de Dieu sous tous ses aspects, y adhérant le plus possible. Oh ! Certes ! Chacun a ses défaillances ; mais l’important, c’est de recommencer toujours, de toujours orienter sa volonté vers le bien. La vigilance, c’est de ne jamais renoncer à cette orientation, de la garder, de la reprendre dès qu’on l’a perdue. 
 
St Paul (Cf Rm 8.19 ; Phil. 1.20) a forgé un néologisme pour stigmatiser cette attitude d’attente. Il utilise le substantif “apokaradokia“ qui évoque la silhouette du guetteur : il dresse la tête (kara) pour épier (dokein) et tâcher de découvrir au loin (apo) celui qui doit arriver.
"Apokaradokia" - C’est l’homme d’espérance qui observe attentivement et se tient prêt pour le moment favorable.

2. Etre Prêt ! Et pour cela il faut être détaché du monde présent même si nous devons bien en user !
Nous ne sommes qu’en passant ici-bas. Les deux premières lectures le soulignent fortement ! Dans ce monde si beau, quand il n’est pas défiguré par le péché, nous sommes comme des voyageurs, des pèlerins qui marchons vers un but bien précis, car “notre cité, à nous, dit encore St Paul, est dans les cieux”. Nous marchons vers cette cité, dit la lettre aux Hébreux “dont Dieu seul est l’architecte et le fondateur“.

Toutes les réalités de ce monde, tous les biens créés doivent être pour nous des chemins vers Dieu.
Or, trop souvent nous en faisons des demeures, nous nous y installons en propriétaires. Pourtant, être chrétien, c’est être pèlerin, être toujours en route, ne jamais s’installer sur quelque parking, fût-il sacré ! Nous n’avons pas d’itinéraire bien fixé, pas de carte bien tracée : tous les chemins de vie mènent vers la “cité d’en-haut !”. "Marche devant ton Dieu ! Marche avec ton Dieu !". C'est un leitmotiv constant dans la Bible !
Aussi, cette marche, même sans itinéraire bien précis, n’est pas non plus une errance absolue ; c’est surtout un chemin de foi. “Abraham partit, est-il dit, ne sachant où il allait”. Au 4ème s., un Père de l’Eglise commentait avec humour : “Signe qu’il était dans la bonne direction” !

Oui, nous sommes tous en marche !
Le peuple de Dieu est un peuple qui marche !
Dieu lui-même, après tout, est sans domicile fixe. C'est ce qu'il signifiait à David : on ne peut enfermer Dieu, même dans un temple sacré ! Et ici-bas, en Jésus,Dieu n'avait pas eu où reposer la tête. Pour nous les hommes, il descendit du ciel ; il s’est fait homme, est mort, est descendu aux enfers ; il monta au ciel ; il reviendra dans la gloire… Quel exode ! Quelle marche ! 
Ainsi, notre foi est une fidélité moins à un passé (souvent pétrifié), qu’à un avenir ; chaque jour est un défi. Il faut sans cesse partir “de commencement en commencement par des commencements sans fin”, disait St Grégoire de Nysse


3. Etre prêt ! Etre toujours en mouvement ! 
Pour attendre la venue du Seigneur avec un grand désir !
C’est précisément pour cela qu’on doit être détaché : pour avoir le cœur plus disponible, plus ouvert aux réalités qui ne passent pas, à celles de Dieu, à Dieu. “Là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur”.
Le chrétien doit réellement désirer la rencontre avec son Seigneur. C’est dans la logique de sa foi.

Déjà il désire cette rencontre durant son voyage terrestre !  
- Abraham, au chêne de Mambré, a accueilli “celui qui passe” ; Or celui qui passait était trois - Dieu Trinité - !
- Le père de l’enfant prodigue a veillé et a couru pour une réelle rencontre.
- Le bon samaritain s’est arrêté.
- A Emmaüs, le pain a été partagé, et ils reconnurent le Seigneur.
Oui, nos routes ont leurs refuges ; nos déserts ont leurs oasis pour des rencontres, déjà ! Et peut-être, d’ailleurs, que “nos vrais voyages, ce sont les autres” (M de Certeau), puisque là où est l’amour, Dieu est là !

Plus encore, car une ultime étape s’ouvre au pèlerin d’éternité.
St Augustin l’évoque magnifiquement : “Je te cherchais dehors, et je ne t’ai pas trouvé ; car tu étais en moi et moi je n’étais pas chez moi”.  Oui, notre grande aventure, elle est en vous ; elle est en moi. Peut-être au cœur d’un amour ; peut-être sur un lit de souffrance, dans le drame d’une déchirure, d’une solitude ou d’un deuil.
Les grandes routes sont aussi au dedans de nous !

Oui, notre pèlerinage se fait ainsi dans la foi ! Non dans l’ignorance puisqu’il nous est déjà donné de rencontrer Dieu en ce monde, près de nos frères et en nous-mêmes ! Mais dans la foi ! La lettre aux Hébreux le dit très bien : “La foi est la manière de posséder déjà ce qu’on espère et de connaître les réalités qu’on ne voit pas”. – Connaissance dans l’obscurité, mais absolument certaine et qui doit être la grande lumière de notre vie.

Ainsi le chrétien vit dans l’attente plénière de la venue du Seigneur. Les premiers chrétiens utilisaient une expression araméenne qui est passée dans notre liturgie : “Marana tha” : “Notre Seigneur, viens”. St Paul la cite à la fin de la première lettre aux Corinthiens. Et toute la Bible se termine magnifiquement par ces mots de l’Apocalypse : “Amen ! Viens, Seigneur Jésus !”.

 “Nous proclamons ta mort, Seigneur Jésus. Nous célébrons ta résurrection, nous attendons ta venue dans la gloire”.

Nous attendons ! Et nous ne serons pas trompés dans notre attente. “Heureux les serviteurs que le Maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller !”. C’est la béatitude des béatitudes. “Vraiment je vous le dit, il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour”. C’est un retournement inouï : le Maître se fera le serviteur de ses serviteurs.

Y a-t-il dans tout l’évangile une expression plus bouleversante de l’Amour dont le Seigneur nous aime ?

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