19e
Dimanche T.O. 13/C
La lecture de
l’évangile que nous venons d’entendre nous rappelle le grand devoir de la
vigilance, de l’attente du retour du Seigneur. C'est l’un des thèmes
fondamentaux des Evangiles et des écrits du Nouveau Testament.
Les Chrétiens
sont ceux qui attendent le Seigneur.
Il doit venir ! Il vient !
Il viendra pour chacun de nous le jour de notre mort ; ce sera la rencontre
définitive avec le Seigneur.
Il viendra aussi pour le monde, comme il l’a dit lui-même, comme le rappelle
souvent St Paul.
Il viendra dans sa gloire, comme il est venu dans l’humilité lors de son premier
avènement, écrivaient les Pères de l’Eglise.
Or, l’heure où
il viendra pour chacun de nous ou pour le monde entier est inconnue : “Le jour du Seigneur vient comme un voleur
dans la nuit”, explique St Paul (I Th 5/2). C’est cette inconnue qui doit commander notre vigilance !
1. Il faut être
prêt. - C’est le
sens des images employées par l’évangile : “Restez en tenue de service !”. - “Gardez vos lampes allumées !”. - “Soyez comme des gens qui attendent leur maître pour lui ouvrir dès
qu’il arrivera !”.
Etre
prêt ! Donc nous efforcer d’être toujours comme nous voudrions être au
moment où paraîtra le Seigneur pour nous. Cette pensée devrait nous aider à
tenir bon au milieu des tentations de toutes sortes, à faire la volonté de
Dieu, notre Père.
Cette volonté, nous la connaissons par l’Evangile dont nous entendons un passage
chaque dimanche, voire chaque jour, mais que nous devrions aimer à relire
souvent de façon personnelle. L’Evangile contient les paroles de la Vie
éternelle. Oui, aimons relire la Parole de Dieu ! Redisons-le : La "table du Pain" et la "table de la Parole" sont
absolument de même importance depuis que le Verbe s'est fait chair ! Nous
vénérons à juste titre le "Saint-Sacrement", et souvent nous
négligeons de lire avec compréhension la Parole de Dieu, de la proclamer avec
respect et grande attention. Le Concile Vatican II le dit expressément : "De même que l'Eglise reçoit un
accroissement de vie par la fréquentation assidue de mystère eucharistique,
ainsi peut-on espérer qu'un renouveau de vie spirituelle jaillira d'une
vénération croissante pour la Parole de Dieu qui demeure à jamais !" (Dei Verbum 26).
La volonté de
Dieu nous est manifestée encore, pour chacun de
nous, par les événements de notre vie qu’il faut toujours inscrire dans le
mystère pascal du Christ, ce mystère de mort et de vie ! Rien ne vient
au hasard. Le hasard n’existe par pour le chrétien. Le hasard, a-t-on dit,
c’est Dieu qui vient incognito. Tout est voulu ou permis par Dieu qui veut
notre bien en ce mystère pascal du Christ !
Oui, le
chrétien cherche, par sa vigilance, cette volonté de Dieu sous tous ses
aspects, y adhérant le plus possible. Oh ! Certes ! Chacun a ses
défaillances ; mais l’important, c’est de recommencer toujours, de
toujours orienter sa volonté vers le bien. La vigilance, c’est de ne jamais
renoncer à cette orientation, de la garder, de la reprendre dès qu’on l’a
perdue.
St Paul (Cf Rm 8.19 ; Phil. 1.20) a forgé un
néologisme pour stigmatiser cette attitude d’attente. Il utilise le
substantif “apokaradokia“ qui évoque la silhouette du guetteur : il
dresse la tête (kara) pour épier (dokein) et tâcher de découvrir au loin (apo)
celui qui doit arriver.
"Apokaradokia"
- C’est l’homme d’espérance qui observe attentivement et se tient prêt pour le
moment favorable.
2. Etre
Prêt ! Et pour cela il faut être détaché du monde présent même si nous
devons bien en user !
Nous ne sommes qu’en passant ici-bas. Les
deux premières lectures le soulignent fortement ! Dans ce monde si beau,
quand il n’est pas défiguré par le péché, nous sommes comme des voyageurs, des
pèlerins qui marchons vers un but bien précis, car “notre cité, à nous, dit encore St Paul, est dans les cieux”. Nous marchons vers cette cité, dit la lettre aux Hébreux “dont Dieu seul est
l’architecte et le fondateur“.
Toutes les
réalités de ce monde, tous les biens créés doivent être pour nous des
chemins vers Dieu.
Or, trop
souvent nous en faisons des demeures, nous nous y installons en propriétaires.
Pourtant, être chrétien, c’est être pèlerin, être toujours en route, ne jamais
s’installer sur quelque parking, fût-il sacré ! Nous n’avons pas
d’itinéraire bien fixé, pas de carte bien tracée : tous les chemins de vie
mènent vers la “cité d’en-haut !”.
"Marche devant ton Dieu ! Marche avec ton Dieu !". C'est un
leitmotiv constant dans la Bible !
Aussi, cette
marche, même sans itinéraire bien précis, n’est pas non plus une errance
absolue ; c’est surtout un chemin de foi. “Abraham partit, est-il dit, ne
sachant où il allait”. Au 4ème s., un Père de l’Eglise
commentait avec humour : “Signe
qu’il était dans la bonne direction” !
Oui, nous
sommes tous en marche !
Le peuple de
Dieu est un peuple qui marche !
Dieu lui-même,
après tout, est sans domicile fixe. C'est ce qu'il signifiait à David : on ne
peut enfermer Dieu, même dans un temple sacré ! Et ici-bas, en Jésus,Dieu n'avait pas
eu où reposer la tête. Pour nous les
hommes, il descendit du ciel ; il s’est fait homme, est mort, est descendu
aux enfers ; il monta au ciel ; il reviendra dans la
gloire… Quel exode ! Quelle marche !
Ainsi, notre
foi est une fidélité moins à un passé (souvent pétrifié), qu’à un avenir ;
chaque jour est un défi. Il faut sans cesse partir “de commencement en commencement par des commencements sans fin”,
disait St Grégoire de Nysse
3. Etre
prêt ! Etre toujours en mouvement !
Pour attendre la venue du
Seigneur avec un grand désir !
C’est
précisément pour cela qu’on doit être détaché : pour avoir le cœur plus
disponible, plus ouvert aux réalités qui ne passent pas, à celles de Dieu, à
Dieu. “Là où est votre trésor, là aussi
sera votre cœur”.
Le chrétien
doit réellement désirer la rencontre avec son Seigneur. C’est dans la logique
de sa foi.
Déjà il désire cette
rencontre durant son voyage terrestre !
- Abraham, au
chêne de Mambré, a accueilli “celui qui
passe” ; Or celui qui passait était trois - Dieu Trinité - !
- Le père de
l’enfant prodigue a veillé et a couru pour une réelle rencontre.
- Le bon samaritain
s’est arrêté.
- A Emmaüs, le
pain a été partagé, et ils reconnurent le Seigneur.
Oui, nos routes
ont leurs refuges ; nos déserts ont leurs oasis pour des rencontres,
déjà ! Et peut-être, d’ailleurs, que “nos
vrais voyages, ce sont les autres” (M de Certeau), puisque là où est l’amour, Dieu est là !
Plus encore,
car une ultime étape s’ouvre au pèlerin d’éternité.
St Augustin
l’évoque magnifiquement : “Je te
cherchais dehors, et je ne t’ai pas trouvé ; car tu étais en moi et moi je
n’étais pas chez moi”. Oui, notre
grande aventure, elle est en vous ; elle est en moi. Peut-être au cœur
d’un amour ; peut-être sur un lit de souffrance, dans le drame d’une
déchirure, d’une solitude ou d’un deuil.
Les grandes
routes sont aussi au dedans de nous !
Oui, notre
pèlerinage se fait ainsi dans la foi ! Non dans l’ignorance puisqu’il nous
est déjà donné de rencontrer Dieu en ce monde, près de nos frères et en
nous-mêmes ! Mais dans la foi ! La lettre aux Hébreux le dit très bien : “La foi est la manière de posséder déjà ce
qu’on espère et de connaître les réalités qu’on ne voit pas”. –
Connaissance dans l’obscurité, mais absolument certaine et qui doit être la
grande lumière de notre vie.
Ainsi le
chrétien vit dans l’attente plénière de la venue du Seigneur. Les premiers
chrétiens utilisaient une expression araméenne qui est passée dans notre
liturgie : “Marana tha” : “Notre
Seigneur, viens”. St Paul la cite à la fin de la première lettre aux
Corinthiens. Et toute la Bible se termine magnifiquement par ces mots de
l’Apocalypse : “Amen ! Viens,
Seigneur Jésus !”.
“Nous
proclamons ta mort, Seigneur Jésus. Nous célébrons ta résurrection, nous
attendons ta venue dans la gloire”.
Nous
attendons ! Et nous ne serons pas trompés dans notre attente. “Heureux les serviteurs que le Maître, à son
arrivée, trouvera en train de veiller !”. C’est la béatitude des
béatitudes. “Vraiment je vous le dit, il
prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à
son tour”. C’est un retournement inouï : le Maître se fera le
serviteur de ses serviteurs.
Y a-t-il dans tout l’évangile une
expression plus bouleversante de l’Amour dont le Seigneur nous aime ?
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