Assomption 2013
15 Août !
Une fête que l'on célèbre un peu partout ! Une grande fête : on célèbre
“l’Assomption de Marie”. Mais, “l’Assomption de Marie”, c'est quoi au juste
?
Certains avouent que Marie était la grande
inconnue de leur foi. Nous-mêmes, nous convenons que, parfois, nous sommes
discrets, trop discrets, dans l'admiration que nous portons à celle que toutes
les générations proclament “bienheureuse”.
D'autres reprochent à l'Église d'en dire trop
: Marie montée au ciel ! Ils nous soupçonnent d'entretenir un rêve... Rêver au
ciel en oubliant la terre, le réel de tous les jours et les drames de
l'actualité. Mais si c'était un rêve, j'aurais honte de vous en parler ce
matin.
Prenons le temps de réfléchir au sens de cette
fête. La vie de Marie, y compris son Assomption, a inspiré d'innombrables
artistes. On trouve des tableaux dans presque toutes les églises. Eh bien ! Je
vous propose de prendre le temps de contempler deux tableaux. Ce sont
les deux textes que nous venons d'entendre :
- l’Apocalypse, un tableau un peu abstrait,
comme certaines peintures.
- l’évangile de Matthieu, un tableau figuratif.
Le premier, le texte de l'Apocalypse, est un
peu déroutant comme une peinture moderne difficile à déchiffrer par les
non-initiés. C’est vrai : le livre de l’Apocalypse est écrit en langage
“codé”. Et pour cause : c'étaient des pages qu'on se passait “sous le
manteau”, en un temps de persécution, pour se redonner confiance. Avec des
images saisissantes, l'Apôtre Jean décrit la violence des persécutions contre
les chrétiens :
“Le dragon se
tenait devant la femme qui allait enfanter afin de dévorer l'enfant dès sa
naissance”.
La femme dont il est question, ce n'est pas tout
d’abord Marie. Il s'agit de la Communauté des premiers chrétiens, de
l'Eglise naissante aux prises avec les persécutions, principalement celles des
empereurs romains. Cette Communauté qui enfante un monde nouveau voulu par le
Christ va-t-elle être balayée, dispersée par le dragon ? Non, dit l’Apôtre !
Et, avec des mots non moins saisissants, il annonce la victoire certaine du
Christ et de ceux qui lui font confiance :
“Voici
maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu et le pouvoir de
son Christ”.
En contemplant ce tableau, ne pensons pas seulement
au lointain passé, comme si le message ne convenait qu'aux premiers chrétiens.
Reconnaissons qu'il dépeint le drame de l'humanité de tous les temps, de notre
temps, et qu'il lance un message d'espérance dont nous avons bien besoin
nous aussi. Ils sont nombreux, en effet, aujourd'hui, ceux qui perdent confiance
et se demandent où est Dieu dans ce monde de violence, de haine et d'injustice.
Les paroles de St Jean ne sont pas de trop pour nous dire que le Christ, qui a
affronté l'injustice et la mort, nous promet que l'amour et la vie auront le
dernier mot.
Et, bien sûr, en ce jour du 15 Août, comme l'Église
nous y invite, comment ne pas reconnaître Marie également dans cette
femme que décrit St Jean ? C'est elle qui a enfanté le Sauveur et qui, la
première, l'a rejoint dans sa résurrection. C'est la foi de l'Église, quand
elle proclame l'Assomption de Marie ! Et Marie est près de nous pour nous
aider à croire d’abord et à préparer notre propre victoire avec son Fils.
Le second tableau est plutôt une peinture
figurative plus facile à déchiffrer. Elle dépeint une scène de la vie
quotidienne : la visite de Marie à sa cousine Élisabeth. Deux cousines qui se
rencontrent... ! Un épisode de la vie ordinaire. Et c’est bien ! En effet,
il ne faudrait pas mettre Marie à part, au “septième ciel”, et oublier que
cette jeune femme de Palestine, comme beaucoup de femmes aujourd’hui, faisait
chaque jour la cuisine, lavait le linge, ramassait les figues et les raisins,
et prenait le temps de parler aux voisines autour de la fontaine. Il n’y avait
pas de supermarchés en ce temps-là ! - Et comment oublier, trente ans plus
tard, l'autre image, atroce. La femme de 50 ans debout à côté de son fils
agonisant sur une croix !
Marie a vécu l'existence humaine partagée par
beaucoup de femmes, Mais, pourquoi dit-on que toutes les générations la diront
“bienheureuse” ? Qu'a-t-elle donc de si différent, cette femme ordinaire, cette
femme presque invisible qu'on pressent derrière les pages de nos évangiles ?
Elle a dit OUI à Dieu, toujours, et cela
suffit ! Sa cousine Élisabeth le lui dit : “Bienheureuse es-tu parce que tu as cru”. Et Marie ajoute : “Désormais tous les âges me diront
bienheureuse !”. Marie est bienheureuse d'avoir cru à la parole de Dieu, de
l'avoir mise en pratique dans une vie tout ordinaire.
Elle a atteint la “Gloire !” Dans la langue hébraïque,
le mot “gloire” veut dire : “ce qui fait du poids”. Sa vie tout ordinaire
a “fait le poids” aux yeux de Dieu parce qu'elle a dit OUI à Dieu dans les
petits détails de la vie quotidienne.
Bonne leçon pour nous qui avons tendance à croire
que notre vie est trop ordinaire pour être importante. Marie nous dit que
l'extraordinaire – cet extraordinaire de la femme de l’Apocalypse - est
possible dans l'ordinaire d'une vie toute simple.
Enfin, Marie nous apprend à prier. Elle a trouvé le
premier mot de la prière : OUI, ME VOICI. OUI !
Avons-nous quelque chose de plus important à dire à
Dieu chaque matin : Me voici, Seigneur… Inspire-moi à tout moment la parole
qu'il faut dire ou le geste qui convient.
Et le dernier mot de la prière : MAGNIFICAT !...
MERCI !
Ces deux mots suffisent à toute vraie prière :
OUI – MERCI, même si entre ces deux mots, on y met les instants de notre vie,
surtout ceux qui sont difficiles à déchiffrer, comme c’était difficile pour Marie
qui cependant retenait tout en son cœur et méditait en silence.
Et c’est peut-être là le principal que Marie nous
apprend aujourd’hui, elle qui n'a presque rien dit, sauf deux mots : oui et
Magnificat. Et aujourd’hui, nous la contemplons dans la gloire de son Fils
ressuscité !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire