mardi 27 août 2013

Hardiesse

21e T.O. Mardi 13/C                                                      I Thess. 2.1sv

Je me permettrai aujourd'hui de ne retenir qu'une phrase de notre lecture, à propos de l'élan missionnaire que St Paul manifestait à l'égard de ses chers Thessaloniciens : "Alors que nous venions de souffrir et d'être insultés à Philippe, comme vous le savez, nous avons trouvé en notre Dieu la hardiesse pour vous prêcher son Evangile en un dur combat !"

La hardiesse - la "parrhésia" -, mot que l'apôtre emploie souvent !

Ecrivant plus tard aux Galates (en 57, alors que la lettre aux Thessalociens date de 50-51), St Paul précise que le but de la mission du Christ, de son Incarnation et de la Rédemption était de conférer aux hommes la dignité de "fils de Dieu" ! "Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils... afin de nous conférer l'adoption filiale. Et la preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! Aussi n'es-tu plus esclave mais fils ; fils, et donc héritier de par Dieu" (Gal 4.4-7).

Dès lors, l'objet de toute prédication évangélique est d'annoncer, de transmettre avec hardiesse cet appel de Dieu : faire de tout un chacun un "fils de Dieu" !   -  Par leur incorporation au Christ... - par la foi : "vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus" (Gal 3.26) -, ...les chrétiens ont reçu en conséquence l'Esprit de Jésus, le Fils par nature ! C'est l'Esprit de Jésus qui leur donne une mentalité filiale, la possibilité de vivre conformément à leur nouvel état de fils de Dieu. Sans cet Esprit, ce serait pure prétention invraisemblable. L'apôtre rappellera souvent : "Tous ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu...., Vous avez reçu un esprit de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba, Père ! L'Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu. Enfants, et donc héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ, puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui" (Rm 8.14-17).

Aussi, selon St Paul, les chrétiens ont un double privilège :
D'une part, ils ont le droit, la "hardiesse" d'appeler Dieu "Abba" - Père", absolument comme tout fils s'adressant à son Père. Avons-nous cette profonde hardiesse de dire à Dieu : "Père", comme nous l'a enseigné Notre Seigneur lui-même ? Trop souvent, nous sommes encore dans la crainte et allons répétant comme le fils prodigue : "je ne mérite plus d'être appelé ton fils, traite-moi comme l'un de tes mercenaires" (Lc 15-18). Et nous ne disons plus avec assez de conviction : "Notre Père, qui es aux cieux..." !
D'autre part, les chrétiens sont les héritiers directs des biens de leur Père, à l'instar des enfants légitimes. Par l'adoption - grâce à la foi - les chrétiens sont introduits dans la "Famille de Dieu" ! Avons-nous vraiment conscience de cette réalité ?

Tel est l'enseignement de St Paul qu'il répétera avec hardiesse comme aux Ephésiens : "De cet Evangile je suis devenu ministre par le don de la grâce que Dieu m'a confiée en y déployant sa puissance : ... annoncer aux païens l'insondable richesse du Christ..., mettre en pleine lumière la dispensation du Mystère : ce dessein éternel que Dieu a conçu dans le Christ Jésus notre Seigneur, et qui nous donne d'oser nous approcher (de Dieu) en toute confiance par le chemin de la foi au Christ. Ainsi, je vous en prie, ne vous laissez pas abattre par les épreuves que j'endure pour vous ; elles sont votre gloire !" (Ephes. 3.10-12).

Avons-nous suffisamment conscience de cet appel de Dieu en cette année de la foi ? Avons-nous cette hardiesse de nous approcher de Dieu-Père en toute confiance, cette confiance fondée sur "le dessein éternel de Dieu en Jésus-Christ", dessein qui doit se déployer dans l'Eglise, dira St Paul, et donc, présentement, dans notre Eglise ! Et cela, malgré toutes sortes de difficultés !

Car cette hardiesse - cette "parrhésie" qui est la principale caractéristique de l'espérance chrétienne - exclut toute timidité ou crainte : "En possession d'une telle espérance, nous nous comportons avec beaucoup d'assurance",  dira l'apôtre (II Co. 3.12), ce qu'énoncera St Jean à sa façon : "Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons pleine assurance devant Dieu" (I Jn 3.21). Le croyant s'avance donc vers le Dieu très Saint, la tête haute, sans redouté d'être repoussé ou condamné : "En ceci consiste la perfection de l'amour en nous, dira St Jean : que nous ayons pleine assurance au jour du Jugement" (I Jn 4.17).

Oh, certes ! Le chrétien doit se défier de lui-même, mais il est si sûr de Dieu et de son accueil (Cf. Phil. 1.20 ; I Jn 2.28) que rien n'atténuera sa hardiesse qui est le secret de sa persévérance. Aussi, dira la lettre aux Hébreux, "ne perdez donc pas votre assurance ; elle a une grande et juste récompense" (Heb 10.35).

Le croyant aura même - c'est la seconde note de sa hardiesse - une joyeuse fierté, selon une expression de la lettre aux Hébreux (3.6), d'être appelé à une si haute destinée avec la certitude de la voir s'accomplir. Cette certitude le maintient dans la joie, "la joie de l'espérance" dira l'apôtre (Rm 12.12), malgré tant de sources possibles de tritesse ici-bas : "Vous aurez à endurer, avait dit Jésus ; mais ayez confiance, moi j'ai vaincu le monde" (Jn 16.33). Nos batailles sont gagnées d'avance, puisque le Christ a remporté la victoire, avant que nous ne fussions nés. Aussi bien, les chrétiens, "enhardis", affirment leur certitude, de sorte que, affirme encore la lettre aux Hébreux (13.6), "nous pouvons dire avec hardiesse : Le Seigneur est mon secours ; je ne craindrai pas. Que peut me faire un homme ?".

Dieu nous appelle donc à être enfants de Dieu, non plus des esclaves, sujets de la loi, mais des êtres libres sous l'influence de l'Esprit de Jésus. Or, pour un Grec (à qui s'adresse St Paul) franchise, asssurance, hardiesse caractérisent le citoyen par opposition à l'esclave. Il en est de même dans le Nouveau Testament. Il y a pour un chrétien une conscience de responsabilité, suggérée par exemple par St Luc : "De celui à qui on a confié beaucoup, on demandera davantage" (12.48)... ; à chacun de faire valoir les talents confiés... Et chacun - femme incluse - doit pouvoir agir et prendre la parole pour traduire ses convictions et édifier ses frères. La hardiesse chrétienne, soumise, bien sûr, aux impératifs de la foi et de la charité, est loin de l'omerta pratiquée parfois dans certains milieux écclésiaux et qui a été - on ne le sait que trop - "cette conspiration du silence" (Y. Queffélec), souvent très néfaste.

Quoi qu'il en soit des dérives, le chrétien, enhardi par la richesse du Christ, est, doit être missionnaire pour annoncer l'Evangile là où il se trouve, sans redouter les réactions hostiles ou l'indifférence. Cette "hardiesse" dont parle St Paul, est la source efficace de son témoignage et la condition de la diffusion de la foi en Jésus ! Aussi, il dira souvent : Soyez donc mes imitateurs pour annoncer l'Evangile de Dieu ! Avec hardiesse !

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