21e
T.O. Mardi 13/C I Thess. 2.1sv
Je me permettrai aujourd'hui de ne retenir
qu'une phrase de notre lecture, à propos de l'élan missionnaire que St Paul
manifestait à l'égard de ses chers Thessaloniciens : "Alors que nous venions de souffrir et d'être insultés à Philippe,
comme vous le savez, nous avons trouvé en notre Dieu la hardiesse pour vous prêcher son Evangile en un dur combat
!"
La hardiesse - la "parrhésia" -,
mot que l'apôtre emploie souvent !
Ecrivant plus tard aux Galates (en 57, alors que
la lettre aux Thessalociens date de 50-51), St Paul précise que le but de la mission
du Christ, de son Incarnation et de la Rédemption était de conférer aux hommes la
dignité de "fils de Dieu" ! "Quand
vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils... afin de nous conférer
l'adoption filiale. Et la preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a
envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils qui crie : Abba, Père ! Aussi
n'es-tu plus esclave mais fils ; fils, et donc héritier de par Dieu" (Gal 4.4-7).
Dès
lors, l'objet de toute prédication évangélique est d'annoncer, de transmettre avec
hardiesse cet appel de Dieu : faire de tout un chacun un "fils de
Dieu" ! - Par leur incorporation au Christ... - par la
foi : "vous êtes tous fils de Dieu, par la foi, dans Christ Jésus" (Gal 3.26) -, ...les
chrétiens ont reçu en conséquence l'Esprit de Jésus, le Fils par nature ! C'est
l'Esprit de Jésus qui leur donne une mentalité filiale, la possibilité de vivre
conformément à leur nouvel état de fils de Dieu. Sans cet Esprit, ce serait
pure prétention invraisemblable. L'apôtre rappellera souvent : "Tous
ceux qu'anime l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu...., Vous avez reçu un esprit
de fils adoptifs qui nous fait nous écrier : Abba, Père ! L'Esprit en
personne se joint à notre esprit pour attester que nous sommes enfants de Dieu.
Enfants, et donc héritiers ; héritiers de Dieu, et cohéritiers du Christ,
puisque nous souffrons avec lui pour être aussi glorifiés avec lui" (Rm 8.14-17).
Aussi, selon St Paul, les chrétiens ont un double privilège :
D'une part, ils ont le droit, la
"hardiesse" d'appeler Dieu "Abba" - Père",
absolument comme tout fils s'adressant à son Père. Avons-nous cette profonde
hardiesse de dire à Dieu : "Père", comme nous l'a enseigné Notre
Seigneur lui-même ? Trop souvent, nous sommes encore dans la crainte et allons
répétant comme le fils prodigue : "je
ne mérite plus d'être appelé ton fils, traite-moi comme l'un de tes
mercenaires" (Lc 15-18). Et nous ne disons plus avec assez de
conviction : "Notre Père, qui es aux
cieux..." !
D'autre part, les chrétiens
sont les héritiers directs des biens de leur Père, à l'instar des enfants
légitimes. Par l'adoption - grâce à la foi - les chrétiens sont introduits dans
la "Famille de Dieu" ! Avons-nous vraiment conscience de cette
réalité ?
Tel
est l'enseignement de St Paul qu'il répétera avec hardiesse comme aux
Ephésiens : "De cet Evangile je suis devenu ministre par le don de la grâce que Dieu m'a confiée en y
déployant sa puissance : ... annoncer aux païens l'insondable
richesse du Christ..., mettre en pleine lumière la dispensation du
Mystère : ce dessein éternel que Dieu a conçu dans le Christ Jésus notre
Seigneur, et qui nous donne d'oser nous approcher (de Dieu) en toute
confiance par le chemin de la foi au Christ. Ainsi, je vous en prie, ne
vous laissez pas abattre par les épreuves que j'endure pour vous ; elles sont
votre gloire !" (Ephes.
3.10-12).
Avons-nous suffisamment conscience de cet
appel de Dieu en cette année de la foi ? Avons-nous cette hardiesse de
nous approcher de Dieu-Père en toute confiance, cette confiance fondée sur "le dessein éternel de Dieu en
Jésus-Christ", dessein qui doit se déployer dans l'Eglise, dira St
Paul, et donc, présentement, dans notre Eglise ! Et cela, malgré toutes sortes
de difficultés !
Car cette hardiesse - cette
"parrhésie" qui est la principale caractéristique de l'espérance
chrétienne - exclut toute timidité ou crainte : "En possession d'une telle
espérance, nous nous comportons avec beaucoup d'assurance", dira l'apôtre (II
Co. 3.12), ce qu'énoncera St Jean à sa façon : "Bien-aimés, si notre cœur ne nous condamne pas, nous avons pleine
assurance devant Dieu" (I Jn 3.21).
Le croyant s'avance donc vers le Dieu très Saint, la tête haute, sans redouté
d'être repoussé ou condamné : "En
ceci consiste la perfection de l'amour en nous, dira St Jean : que nous ayons pleine assurance au
jour du Jugement" (I Jn 4.17).
Oh, certes ! Le chrétien doit se défier de
lui-même, mais il est si sûr de Dieu et de son accueil (Cf. Phil. 1.20 ; I
Jn 2.28)
que rien n'atténuera sa hardiesse qui est le secret de sa persévérance.
Aussi, dira la lettre aux Hébreux, "ne perdez donc pas votre assurance ; elle a une
grande et juste récompense" (Heb
10.35).
Le croyant aura même - c'est la seconde
note de sa hardiesse - une joyeuse fierté,
selon une expression de la lettre aux Hébreux (3.6), d'être appelé à une si haute
destinée avec la certitude de la voir s'accomplir. Cette certitude le maintient
dans la joie, "la joie de l'espérance" dira l'apôtre (Rm 12.12),
malgré tant de sources possibles de tritesse ici-bas : "Vous aurez à endurer, avait dit Jésus ; mais ayez confiance, moi j'ai vaincu le monde" (Jn
16.33). Nos batailles sont gagnées d'avance, puisque le Christ a
remporté la victoire, avant que nous ne fussions nés. Aussi bien, les
chrétiens, "enhardis", affirment leur certitude, de sorte que,
affirme encore la lettre aux Hébreux (13.6), "nous pouvons dire avec hardiesse
: Le Seigneur est mon secours ; je ne craindrai pas. Que peut me faire un homme
?".
Dieu nous appelle donc à
être enfants de Dieu, non plus des esclaves, sujets de la loi, mais des êtres
libres sous l'influence de l'Esprit de Jésus. Or, pour un Grec (à
qui s'adresse St Paul) franchise, asssurance, hardiesse caractérisent le
citoyen par opposition à l'esclave. Il en est de même dans le Nouveau
Testament. Il y a pour un chrétien une conscience de responsabilité, suggérée
par exemple par St Luc : "De celui à
qui on a confié beaucoup, on demandera davantage" (12.48)...
; à chacun de faire valoir les talents confiés... Et chacun - femme incluse -
doit pouvoir agir et prendre la parole pour traduire ses convictions et édifier
ses frères. La hardiesse chrétienne, soumise, bien sûr, aux impératifs
de la foi et de la charité, est loin de l'omerta pratiquée parfois dans
certains milieux écclésiaux et qui a été - on ne le sait que trop - "cette
conspiration du silence" (Y. Queffélec), souvent très néfaste.
Quoi
qu'il en soit des dérives, le chrétien, enhardi par la richesse du Christ,
est, doit être missionnaire pour annoncer l'Evangile là où il se trouve, sans
redouter les réactions hostiles ou l'indifférence. Cette "hardiesse"
dont parle St Paul, est la source efficace de son témoignage et la condition de
la diffusion de la foi en Jésus ! Aussi, il dira souvent : Soyez donc mes
imitateurs pour annoncer l'Evangile de Dieu ! Avec hardiesse !
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